Embêtée par de nouvelles restrictions sur les locations de courte durée à Paris, Airbnb monte au créneau. La plateforme dénonce lundi des mesures « draconiennes » qu'elle juge inefficaces et contre-productives pour le tourisme dans la capitale.
La tension monte d'un cran entre Airbnb et la mairie de Paris. Alors que le Conseil de Paris a décidé de nouvelles mesures restrictives sur les locations touristiques, la plateforme américaine contre-attaque en dégainant ce lundi 9 décembre un rapport d'Oxford Economics, qui pointe l'inefficacité des réglementations actuelles. Un pavé dans la mare qui relance le débat sur l'accès au logement dans la capitale.
Des mesures toujours plus contraignantes contre les locations de meublés touristiques
La mairie de Paris durcit encore sa position. À partir du 1er janvier 2025, la durée maximale de location d'une résidence principale passera de 120 à 90 jours par an. Plus strict encore, le montant des amendes pour transformation illégale d'usage sera doublé, pour atteindre 100 000 euros. La municipalité estime en effet que 25 000 meublés touristiques sont actuellement loués de manière illégale dans la capitale. Et pour elle, c'est trop !
Sauf que ces nouvelles restrictions s'ajoutent à un arsenal réglementaire déjà conséquent. Depuis huit ans, les propriétaires parisiens doivent proposer un à trois logements en location longue durée pour avoir le droit de louer un pied-à-terre sur Airbnb. Une politique que la plateforme qualifie d'interdiction déguisée, particulièrement préjudiciable pour les propriétaires.
Pour justifier ces mesures « draconiennes », la mairie de Paris invoque la crise du logement. Pourtant, selon le rapport d'Oxford Economics commandé par Airbnb, ces restrictions n'ont eu aucun effet positif sur le marché immobilier parisien. Au contraire, les prix auraient continué leur progression, avec une hausse de 21% pour les loyers et 15% pour l'immobilier en six ans.
06 novembre 2024 à 10h39
Un impact économique sous-estimé ?
Les chiffres avancés par Airbnb sont révélateurs. En 2023, la plateforme a enregistré 12,2 millions de nuitées à Paris, générant 3,6 millions d'euros de chiffre d'affaires pour les commerces locaux et soutenant plus de 33 000 emplois. Des retombées économiques non négligeables que la plateforme craint de voir diminuer avec les nouvelles restrictions.
Plus inquiétant encore, selon Airbnb, la politique du « tout hôtel » menée par la municipalité aurait entraîné une flambée des prix. L'ouverture de 4 000 nouvelles chambres d'hôtel depuis 2017 s'est accompagnée d'une hausse vertigineuse de 77% du prix des nuitées hôtelières, transformant Paris en destination réservée aux plus fortunés.
Alors que les meublés touristiques dédiés ne représentent que 0,03% du parc immobilier parisien, Airbnb pointe du doigt les 125 000 logements vacants de la capitale. Un chiffre qui relativise, selon la plateforme, l'impact réel des locations courte durée sur la crise du logement.
Pour sortir de l'impasse, Airbnb fait ses propositions
Visiblement irritée, Airbnb ne reste pas les bras croisés. La plateforme propose notamment de maintenir la limite de location à 120 jours par an pour les résidences principales, contre les 90 jours prévus. Elle souhaite également simplifier la sous-location occasionnelle avec l'accord des propriétaires.
Pour les résidences secondaires, Airbnb suggère d'abandonner le système de compensation actuel au profit de quotas ciblés. Une solution qui permettrait, selon le géant américain, de mieux répartir les locations touristiques dans Paris et d'éviter la concentration dans certains quartiers déjà saturés.
Parmi les autres pistes évoquées, Airbnb propose des incitations fiscales pour la location longue durée, comme une baisse de la taxe foncière, ainsi que l'introduction de « baux mixtes » permettant de conjuguer logement étudiant et location touristique saisonnière. Des propositions qui attendent désormais une réponse de la municipalité.
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