Le divorce avait pourtant été prononcé. Mais contre toute attente, il se pourrait bien que vos applis Android trouvent encore leur place sur HarmonyOS.
Huawei avait annoncé la fin de l’ère Android avec HarmonyOS Next, son système d’exploitation censé marquer une rupture nette. Mais dans les faits, cette indépendance ne sera que partielle. Grâce à un émulateur disponible dans l'AppGallery, les utilisateurs et utilisatrice d’HarmonyOS peuvent toujours accéder à leurs applications Android préférées. Une initiative populaire qui prouve que, malgré tous ses efforts, la stratégie de Huawei n’a pas encore totalement convaincu ses aficionados.
EasyBroad : le joker qui ramène Android sur HarmonyOS
L’annonce d’HarmonyOS Next avait de quoi dérouter celles et ceux habitués à un écosystème mobile bien ancré dans leurs habitudes. Sans noyau Android, ni les fameux services Google, comment continuer à utiliser des applications indispensables comme Gmail, YouTube, ou Instagram ? La solution ne vient pas directement de Huawei, mais d’un émulateur créé par des développeurs tiers, disponible sur l’AppGallery.
Baptisé « EasyAbroad », l’outil repose sur microG, un projet open-source qui émule les fonctions des services Google Play. Dans le détail, il permet de recréer un environnement Android directement sur les appareils tournant sous HarmonyOS Next. Les applications sont accessibles via une sorte de dossier dédié, et elles se lancent rapidement, comme l’ont confirmé plusieurs bêta-testeurs sur Reddit.
Une bonne surprise, certes, mais tout n’est pas parfait. Les applications restent confinées dans ce dossier et ne peuvent pas être déplacées sur l’écran d’accueil. Les notifications, quant à elles, peuvent arriver avec du retard, voire ne pas fonctionner du tout, tandis qu’il a été observé que Netflix était capé en qualité SD.
Malgré ces limites, on s’accordera sur le fait qu’EasyAbroad fait l’effort d’offrir une solution d’appoint, a priori simple et efficace, à destination de celles et ceux qui craignaient de renoncer à leurs habitudes. Si Huawei ne peut s’attribuer le mérite de cet outil, sa disponibilité sur l’AppGallery montre une certaine ouverture stratégique : l’entreprise accepte qu’un pont vers Android subsiste, même s’il est indirect. Une manière discrète d’accompagner la transition, tout en laissant la porte ouverte à un futur dans lequel l’écosystème Harmony serait réellement autonome.
HarmonyOS Next : une rupture contrainte, mais trop ambitieuse
Quand Huawei a dévoilé HarmonyOS Next, l’idée de base était pourtant claire : tourner la page Android. Construit sur le noyau Harmony, ce système repose intégralement sur des technologies maison, comme le langage de programmation Cangjie et le modèle d’intelligence artificielle Pangu. Concrètement, tout, dans ce système jusqu’à son interface, est pensé pour accueillir des applications natives développées spécifiquement pour HarmonyOS.
Un pari audacieux – et manifestement plus difficile à relever que prévu – qui s’inscrit dans un contexte de crise pour Huawei. Depuis son inscription sur l'Entity List des États-Unis en 2019, l’entreprise ne peut plus collaborer avec Google ni utiliser Android et les services Google Play. HarmonyOS Next devait donc être la réponse définitive à ces sanctions, une manière de s’affranchir des dépendances américaines tout en offrant une alternative viable pour ses fidèles.
Mais la réalité est plus complexe. Si HarmonyOS Next marque un tournant technologique, il est difficile de rompre complètement avec des habitudes solidement ancrées. Les utilisateurs et utilisatrices restent attachés à leurs applications Android. En acceptant EasyAbroad, Huawei pourrait ainsi indirectement montrer qu’elle est consciente de cette dépendance et qu’elle n’entend pas imposer une rupture brutale. Une approche hybride qui, bien qu’imparfaite, pourrait rassurer les plus réticents à l’idée de changer leurs habitudes, tout en préservant les ambitions d’indépendance de l’entreprise à long terme.
Source : PhoneArena
03 janvier 2025 à 11h50