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Huawei s'apprête à lancer HarmonyOS Next, un système d'exploitation qui ne sera plus compatible avec les applications Android. Cette décision marque une rupture décisive avec l'écosystème Android, alors que le géant chinois cherche à établir sa propre identité logicielle et écosystème depuis l’interdiction par les États-Unis d’embarquer les services Google.

Historiquement, HarmonyOS était compatible avec les applications Android, grâce à ses fondations sur le projet Android Open Source Project (AOSP). Avec l'arrivée d'HarmonyOS Next, cette compatibilité prendra fin. Huawei a annoncé que le nouveau système d'exploitation ne supportera pas les fichiers APK (Android Package), optant plutôt pour son propre format HAP (HarmonyOS Application Package).

Une rupture qui a un fort impact sur les utilisateurs et les développeurs

© Huawei
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Pour les utilisateurs, ce changement signifie que de nombreuses applications Android populaires pourraient ne pas être immédiatement disponibles sur les appareils Huawei lorsque HarmonyOS Next sera déployé. Cela pourrait entraîner une période de transition où les utilisateurs pourraient faire face à une sélection limitée d'applications dans l'AppGallery de Huawei. Les entreprises ayant développé des applications Android devront désormais investir des ressources supplémentaires pour créer des applications natives pour HarmonyOS Next, ce qui pourrait impacter leur capacité à rapidement toucher la base d'utilisateurs de Huawei.

Le géant chinois ne se contente pas de rompre avec Android, il investit massivement dans son nouvel écosystème. L'entreprise a lancé des initiatives pour former plus de 100 000 développeurs chaque mois et vise à encourager l'innovation au sein de sa plateforme en partenariat avec des entreprises et des institutions académiques.

Huawei veut faire du Apple : maitrise matérielle et logiciel

La version finale d’'HarmonyOS Next est attendue d'ici la fin d’année, après une bêta pour les développeurs. Comme Apple, la stratégie de Huawei semble axée sur la création d'un système intégré combinant matériel, logiciel et services cloud, visant à offrir une expérience utilisateur fluide et surtout indépendante d'Android. Avec les nouvelles sanctions subies par Huawei, une maîtrise totale du logiciel ne sera pas de trop pour pouvoir tirer un maximum des performances matériel à disposition du constructeur.

En effet, l’entreprise ne peut plus importer les équipements nécessaires à la gravure de puces, les fameuses machines à lithographie EUV (extrême ultraviolet). Elle doit donc se contenter sur les dernières générations de ses produits d’un processus de gravure en 7 nm, quand le fondeur taïwanais TSMC en est déjà au 3 nm.

Une machine ASML pour lithographie EUV © Trumpf

Alors que Huawei s'engage sur cette nouvelle voie, la réaction du marché mondial reste à voir. La transition loin d'Android pourrait poser des défis, en particulier dans les régions où Android domine. En attendant, sans les services ou applications Google, cette migration vers HarmonyOS Next pourrait définitivement enterrer les smartphones Huawei en Europe.