Les réseaux sociaux ont une nouvelle fois été pris le doigt dans le pot de confiture, complices malgré eux de l'arnaque au refund. Cette dernière repose sur le remboursement d'articles commandés qui peut générer jusqu'à 2 000 euros de revenus par semaine aux escrocs.
Si vous êtes adepte des achats en ligne, alors vous avez probablement dû avoir recours au remboursement d'un de vos articles, peu importe la raison. La plupart des boutiques sur la Toile vous proposent, contre le retour de votre article et quelques conditions, de vous restituer la somme versée. Une technique tout ce qu'il y a de plus légale, appelée « refund », pour « remboursement » en anglais.
Mais quelques malins ont détourné la pratique pour la rendre totalement illégale et se servent pour cela des réseaux sociaux. Sur Telegram et TikTok, cette nouvelle génération d'escrocs s'organise en bandes qui proposent leurs services. Cette professionnalisation du refund inquiète les plateformes de vente en ligne, qui multiplient les mesures de protection.
Les refunders transforment l'arnaque en business model rentable
Alors, comment ça marche, cette arnaque au refund ? Le fraudeur commande un produit, attend sa livraison, puis déclare ne jamais l'avoir reçu. Certains poussent l'audace jusqu'à renvoyer des articles contrefaits ou endommagés pour obtenir un remboursement. La marchandise est ensuite revendue, l'escroc vient de doubler sa mise, et la boutique, de perdre l'article et l'argent.
Cette technique s'est structurée grâce aux réseaux sociaux. Des « prestataires » proposent désormais leurs services sur Telegram ou TikTok, moyennant une commission. Ces experts de l'arnaque gèrent l'intégralité du processus : création de faux comptes, usurpation d'identité, et manipulation des systèmes de remboursement. Leurs clients n'ont plus qu'à attendre le virement sur leur compte.
Les gains générés par cette activité illégale attirent de plus en plus de jeunes. Selon nos confrères de BFMTV, les refunders opportunistes côtoient maintenant des réseaux organisés capables d'encaisser entre 500 et 2 000 euros par semaine.
La contre-attaque des plateformes de e-commerce pour lutter contre le refund illégal
Pour répondre à cette fraude, les plateformes comme Amazon investissent sans compter dans des technologies de pointe. Les algorithmes d'intelligence artificielle analysent les retours suspects, repèrent les motifs récurrents et identifient les adresses IP des fraudeurs. Ces outils permettent parfois de bloquer définitivement un utilisateur soupçonné de fraude en traçant son empreinte numérique. Elles s'offrent également les services d'organisations internationales comme Interpol et Europol pour démanteler les réseaux organisés.
Sur le plan juridique, les risques encourus par les fraudeurs devraient, en principe, en calmer plus d'un. En France, cette pratique est qualifiée d’escroquerie (article 313-1 du Code pénal), passible de 5 ans d'emprisonnement et de 375 000 euros d'amende. Des infractions dites connexes, comme le recel (article 321-1), peuvent alourdir les sanctions. En cas de complicité, par exemple pour ceux qui promeuvent activement le refund sur les réseaux sociaux, des poursuites sont également possibles. Enfin, les boutiques peuvent s'ajouter au processus et engager des procédures civiles pour réclamer des dommages et intérêts.
Pourtant, le refund reste attractif pour de nombreux individus, notamment des jeunes sensibilisés par les réseaux sociaux. Peut-être n'ont-ils pas encore compris que « bien mal acquis ne profite jamais ».
Source : BFMTV