La Cité des anges n'est pas le paradis des véhicules autonomes. À Los Angeles, un robotaxi Waymo a percuté un robot livreur Serve. Un cas inédit qui n'a rien à voir avec les règles du constat amiable et pose une colle au Code de la route californien.

Le chauffard en question, un robotaxi Waymo © Sundry Photography / Shutterstock
Le chauffard en question, un robotaxi Waymo © Sundry Photography / Shutterstock

Un virage à droite, un petit robot qui monte sur un trottoir, et voilà 6,5 km/h de tôle froissée entre deux machines autonomes. La scène s'est déroulée le 27 décembre 2024 dans les rues de Los Angeles et a impliqué un robotaxi Waymo, qui compte déjà 100 000 trajets autonomes, et un livreur autonome Serve, déjà connu pour traverser en dehors des clous.

Personne n'a rempli de constat. Aucun conducteur n'a échangé de numéro d'assurance. Ils n'ont même pas échangé des noms d'oiseau. Les deux véhicules sont restés figés pendant une minute avant de reprendre leur route, comme si rien ne s'était passé. Un scénario que les rédacteurs du Code de la route n'avaient pas vu venir.

Les robots réécrivent le Code de la route

Le Code de la route repose sur un principe simple : la responsabilité des conducteurs. Mais que se passe-t-il quand deux algorithmes se rencontrent au coin d'une rue ? Le système Waymo a classé le robot Serve comme un « objet inanimé ». On aura beau compulser le Code Rousseau en long, en large et en travers, aucune trace de la catégorisation technique des véhicules autonomes… Même limonade sur les formulaires de constat d'accident habituel.

Comme le rapporte TechCrunch, le superviseur à distance de Serve surveillait son robot, conformément aux procédures de l'entreprise. Cette présence humaine, même virtuelle, pourrait influencer la répartition des responsabilités. Mais rien n'est moins sûr quant à sa présence et surveillance au moment de la collision. Les torts partagés, notion centrale en matière d'accident de la route, prennent une nouvelle dimension quand les décisions sont prises par des lignes de code.

Au gauche, le robot livreur Serve, à droite, le robotaxi Waymo © Utilisateur Reddit
Au gauche, le robot livreur Serve, à droite, le robotaxi Waymo © Utilisateur Reddit

Le vide juridique de la route autonome, ou la nécessité d'une nouvelle réglementation

Les équipes de Waymo, Fleet Response et Rider Support, gèrent habituellement les accrochages avec des véhicules classiques. Cette fois, pas de conducteur énervé à calmer, pas de photos à prendre pour l'assurance. Les deux sociétés ont simplement échangé quelques données techniques.

L'absence de protocole standardisé pour les accidents entre robots autonomes crée un flou juridique. Qui paie les réparations ? Comment établir les responsabilités ? Les deux entreprises ont évité ces questions, préférant parler de « collaboration future ». En attendant, les robots continuent de sillonner les rues, sans véritable mode d'emploi en cas de collision. « La loi de Los Angeles » version robotique.

Même marginal, cet accrochage montre que la multiplication des véhicules autonomes risque de rendre nécessaire une mise à jour du Code de la route. Les concessionnaires auto devront peut-être bientôt proposer des stages de formation... aux robots.

Sources : TechCrunch, Reddit