Apple avait fait grand bruit en évoquant l’arrivée prochaine de puces gravées en 2 nm, destinées à booster la puissance et l’efficacité énergétique des futurs iPhone. Mais coup de théâtre : la marque à la pomme aurait finalement décidé de repousser ce saut technologique à 2026.

En toile de fond, il y a des difficultés de rendement chez TSMC, pourtant leader incontesté de la fonderie de semi-conducteurs. © Shutterstock
En toile de fond, il y a des difficultés de rendement chez TSMC, pourtant leader incontesté de la fonderie de semi-conducteurs. © Shutterstock

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe : exit la possibilité de voir des iPhone équipés de 2 nm dès 2025. Il faudra attendre au moins un an de plus pour que ces puces se retrouvent dans nos appareils. Bien qu’il domine le marché, TSMC rencontre des obstacles considérables pour produire en masse des puces 2 nm fiables. Malgré une technologie 3 nm très au point (plus de 90 % de rendement) et une production 2 nm atteignant tout de même 60 % de bons dies, l’entreprise taïwanaise juge qu’elle n’est pas encore prête pour la grande bascule.

Apple fait patienter ses fans, Qualcomm songe à changer de crèmerie

Pour Apple, impossible de prendre le risque de se retrouver avec des stocks de puces insuffisants ou des performances décevantes. L’enjeu est colossal : un nouvel iPhone se vend par dizaines de millions, et la moindre erreur peut coûter cher à l’image de marque de Cupertino. Résultat : le géant californien attend que TSMC consolide sa ligne de production 2 nm, quitte à repousser d’un an sa grande révolution.

Pendant que TSMC gère ses soucis de productivité, la concurrence fourbit ses armes. Qualcomm, l’un des plus gros clients de la fonderie taïwanaise, pourrait bien se tourner vers Samsung pour la prochaine génération de puces en 2 nm. L’idée n’est pas uniquement de faire pression sur TSMC pour obtenir de meilleurs tarifs (quoique...). Il s’agit aussi de s’assurer un approvisionnement fiable à long terme.

La plus grosse fonderie de Samsung à Pyeongtaek, Corée du Sud© Shutterstock
La plus grosse fonderie de Samsung à Pyeongtaek, Corée du Sud© Shutterstock

Pourquoi Samsung ? De prime abord, on pourrait penser que le fabricant coréen est le grand gagnant dans l’histoire. Après tout, récupérer un gros contrat signerait une victoire symbolique. Sauf que la réalité est plus contrastée. Samsung est encore à la traîne sur le 2 nm : les rendements des chaînes de production peineraient à franchir la barre des 20 %. Loin, très loin des performances de TSMC. Les déboires sont tels que la firme coréenne a même dû faire des excuses publiques pour justifier ses résultats.

Un leadership chancelant… ou pas ?

Paradoxalement, cette histoire de « pertes de terrain » pour TSMC intervient alors que toutes les projections indiquent que son hégémonie ne faiblira pas. Son taux d’occupation du marché augmente d’ailleurs : on parle de 59 % en 2023, pouvant grimper jusqu’à 66 % d’ici 2025. Autant dire que la concurrence n’est pas encore en position de menacer sérieusement la firme taïwanaise, même si quelques clients commencent à regarder ailleurs.

Le moindre retard sur la gravure en 2 nm peut repousser de toute une année la sortie de nouveaux produits emblématiques, qu’il s’agisse d’iPhone, de processeurs pour PC ou de puces dédiées au cloud et à l’intelligence artificielle. © Shutterstock

Il reste que ces soubresauts bousculent l’ensemble de l’industrie. Au final, Apple préfère miser sur la prudence, tout en continuant à s’appuyer sur des nœuds de gravure éprouvés, comme le 3 nm, pour ses prochains modèles. Qualcomm, de son côté, explore des voies alternatives, mais le pari Samsung pourrait s’avérer risqué si les rendements ne suivent pas rapidement. Quant à TSMC, malgré la pression et quelques retards, l’entreprise reste globalement en bonne posture pour poursuivre sa domination.

L’industrie des semi-conducteurs est un jeu à très haut risque où l’excellence technologique ne pardonne aucune faiblesse. Entre la pression des coûts, la complexité grandissante des processus et l’attente des consommateurs pour toujours plus de puissance et d’autonomie, il faudra encore faire preuve de patience pour voir la véritable révolution 2 nm prendre son envol… et ce n’est pas Apple qui nous dira le contraire.

Source : WCCFTECH