Mark Zuckerberg a annoncé la fin du fact-checking sur Meta et s'attaque au modèle européen de régulation, tandis qu'Elon Musk est accusé d'ingérence dans la politique européenne. L'UE doit réagir, selon maître Constantin Pavléas.
Les relations entre les géants américains de la tech et l'Union européenne sont-elles plus tendues que jamais ? L'avocat spécialisé en droit des nouvelles technologies, Constantin Pavléas, tire la sonnette d'alarme, et il a toutes les raisons de le faire. Face aux récentes déclarations de Mark Zuckerberg contre le DSA et aux interventions d'Elon Musk dans la politique européenne, l'expert appelle à une réponse forte de l'UE pour défendre son modèle numérique.
Les géants de la tech, Musk et Zuckerberg en leaders, défient la régulation européenne
« Alors que Donald Trump n'a pas encore été investi comme 47e président des États-Unis (Ndlr : il le sera le 20 janvier prochain), les conséquences de son élection sont déjà perceptibles du côté des géants du numérique », analyse Constantin Pavléas. Pour l'avocat, il ne fait nul doute que l'annonce de Mark Zuckerberg de mettre fin au fact-checking sur Meta s'inscrit dans cette nouvelle dynamique pro-Trump.
Le fondateur de Meta accuse directement l'Union européenne d'institutionnaliser la censure via le tout nouveau Digital Services Act (DSA), le règlement qui impose de plus strictes obligations aux grandes plateformes.
Cette attaque, Corentin Pavléas la juge infondée. Il rappelle que le DSA ne fait qu'interdire dans l'espace virtuel ce qui l'est déjà dans l'espace réel, comme les insultes publiques ou les appels à la haine. D'ailleurs, le juriste juge aussi trop timide la réaction de la Commission européenne face aux accusations de censure venant de l'autre côté de l'Atlantique.
« Bruxelles devrait faire davantage preuve de pédagogie et défendre son modèle, équilibre entre une liberté d’expression garantie mais non absolue, limitée par d’autres droits et libertés fondamentales, comme l’intégrité physique et morale de tous mais aussi la garantie d’un débat démocratique sain épargné par la désinformation, la calomnie et l’insulte », explique-t-il.
L'urgence d'une réponse européenne
Plus inquiétante encore est la situation avec Elon Musk qui, via son réseau social X, interviendrait directement dans la politique de plusieurs États européens. Pour maître Pavléas, ces interventions « pourraient bientôt s'apparenter à de l'ingérence », d'autant plus que le patron de Tesla et SpaceX devrait prochainement rejoindre l'administration Trump.
Cette situation met plus que jamais en lumière la dépendance européenne aux plateformes étrangères. Selon l'avocat, si l'Europe s'est montrée méfiante envers TikTok, « toute naïveté doit également être levée vis-à-vis des GAFAM américains ». Une prise de conscience nécessaire pour préserver l'espace démocratique européen, coincé entre les blocs chinois et américain. La solution passerait donc par l'émergence de plateformes européennes alternatives.
« De manière pratique, l'Europe doit favoriser l'émergence de ses propres plateformes pour éviter des ingérences répétées et menaçantes pour son espace démocratique », conclut Constantin Pavléas, appelant à une action rapide et déterminée.
Autrement dit, on comprend bien que l'appel à la création de vrais réseaux sociaux européen est lancé. Un appel que de nombreux acteurs tech français et européens, experts et autres spécialistes relaient aussi depuis des années. N'est-il pas trop tard ? Il paraît qu'il n'est jamais trop tard…