Qualcomm vient de s’offrir les talents d’un ingénieur clé chez Intel, et ce recrutement fait déjà trembler le marché. Derrière ce geste audacieux, la firme californienne semble vouloir solidifier son offensive sur le terrain des processeurs pour centres de données.
Dans le monde des semi-conducteurs, personne n’aurait parié sur un tel transfert il y a quelques années. Intel, alors archidominant, voyait Qualcomm comme l’éternel « champion du mobile ». Mais depuis que l’architecte en chef des puces Xeon a rejoint les rangs de Qualcomm, toutes les spéculations sont permises. En effet, cette nomination pourrait redessiner rapidement la compétition sur le marché des serveurs et de l’intelligence artificielle.
Une nouvelle ambition pour Qualcomm
Qualcomm est d’abord connue pour ses processeurs à destination des smartphones, où ses puces « Snapdragon » ont gagné en popularité. L’entreprise s’est depuis étendue aux PC portables, notamment avec des modèles fonctionnant sur architecture Arm. Son précédent essai dans l’univers des serveurs, avec la gamme Centriq, n’avait pas duré : faute d’adoption massive, le projet avait été mis en sommeil et des licenciements avaient suivi. Cependant, l’acquisition de la start-up Nuvia pour plus d’un milliard de dollars a relancé les espoirs de Qualcomm dans le domaine. On sent aujourd’hui qu’elle prend son temps pour préparer un sérieux retour avec une gamme de processeurs plus performants et plus économes en énergie.
La récente arrivée de l’architecte Xeon au sein de sa division serveurs envoie un message fort : Qualcomm n’hésite plus à miser sur l’expertise x86 pour peaufiner ses designs Arm. Cette stratégie hybride, mélangeant savoir-faire historique sur l’architecture Arm et compétence pointue en conception de puces x86, pourrait répondre aux besoins spécifiques des centres de données. Il faut rappeler que malgré la prédominance d’Intel, le monde des serveurs commence à s’ouvrir à l’Arm, notamment avec l’essor de l’IA, qui exige des processeurs optimisés pour le calcul parallèle.
Enfin, Qualcomm ne cache pas sa volonté de toucher des marchés plus larges que la simple téléphonie, y compris l’IA à différentes échelles. L’entreprise dispose déjà d’accélérateurs d’intelligence artificielle dans le cloud, soutenus par quelques géants de la tech. En attirant un architecte chevronné, elle valide son ambition d’offrir des solutions plus complètes, tant en termes de CPU que d’accélération IA.
Bras de fer avec Intel et AMD
De son côté, Intel a récemment connu des revers, avec des annonces de restructuration et une concurrence de plus en plus féroce dans le domaine de l’intelligence artificielle. AMD multiplie également les percées, notamment avec ses processeurs Epyc et ses GPU pensés pour le calcul intensif. Au milieu de cet affrontement titanesque, Qualcomm espère se positionner comme une alternative crédible, offrant des puces moins énergivores et potentiellement plus adaptées à certains flux de travail IA.
Le nouvel architecte venu de chez Intel est familier des défis de performance et de fiabilité qui caractérisent l’univers des serveurs. Il pourrait aider Qualcomm à concevoir des processeurs capables de rivaliser avec les meilleurs produits du marché, dont les fameux Xeon d’Intel et les EPYC d’AMD. La capacité à intégrer des fonctionnalités avancées, comme la confidentialité des données ou la gestion précise de la consommation, sera cruciale pour séduire les entreprises.
Enfin, l’IA étant un moteur de croissance majeur, Qualcomm pourrait capitaliser sur son expertise mobile pour importer des technologies efficaces en termes de consommation électrique dans les datacenters. Cette jonction entre l’expérience acquise dans le mobile et la connaissance des centres de données, acquise tout récemment, pourrait bouleverser un marché qui se remet à peine des derniers bouleversements causés par le boom de l’IA.
L’offensive de Qualcomm dans le domaine des serveurs ne tient donc pas du simple coup de communication : tout indique que la société entend pousser ses pions pour concurrencer frontalement Intel et AMD. Reste à voir si cette nouvelle stratégie, mixant expertises x86 et Arm, permettra à Qualcomm de grignoter des parts sur un marché aussi exigeant. Quoi qu’il en soit, la perspective de processeurs plus économes en énergie, capables de soutenir la hausse exponentielle des besoins en IA, laisse penser que la bataille autour des puces de serveurs ne fait que commencer.
Source : Tech Radar