Début janvier, la Tesla Roadster d'Elon Musk lancée dans l'espace en 2018 a été confondue avec un astéroïde par un astronome amateur. Si l'affaire fait sourire, elle pose la question du suivi des objets en orbite lointaine.
Le 2 janvier dernier, le Minor Planet Center (MPC) de Harvard annonçait la découverte d'un nouvel astéroïde, baptisé 2018 CN41, passant à moins de 240 000 kilomètres de la Terre. Une alerte alors prise au sérieux.
Sauf que moins de 17 heures plus tard, les astronomes ont dû se raviser : l'objet céleste n'était autre que la fameuse Tesla Roadster d'Elon Musk, propulsée dans l'espace en 2018 lors du vol inaugural de la fusée Falcon Heavy de SpaceX. Oups !
La Tesla Roadster confondue avec un astéroïde : une confusion révélatrice
C'est une méprise qui est assez révélatrice. Le cas de la Tesla Roadster autour de la Terre met en lumière le manque de transparence concernant les trajectoires des objets en orbite lointaine. Car contrairement aux satellites en orbite basse, suivis par l'US Space Force, l'espace profond reste une zone peu régulée, rappelle Astronomy.
Certaines scientifiques pensent que le problème pourrait carrément compromettre la détection d'astéroïdes potentiellement dangereux pour la Terre. Le Dr Jonathan McDowell, du Center for Astrophysics, évoque le risque de gaspiller des ressources d'observation ou, pire encore, de fausser les analyses statistiques sur les menaces d'impact.
Et le problème risque de s'amplifier avec la multiplication des missions vers la Lune et au-delà. Entre 2020 et 2022, au moins quatre engins spatiaux ont été temporairement répertoriés comme astéroïdes, avant d'être retirés des registres du MPC. Vous l'avez compris, ce n'est donc pas une première.
La science citoyenne au cœur de la découverte
L'histoire met aussi en avant le rôle crucial des astronomes amateurs. C'est un citoyen scientifique turc, identifié comme « G », qui a repéré l'objet en analysant les archives publiques du MPC, grâce à un logiciel qu'il a développé.
Même s'il est déçu de ne pas avoir découvert un véritable astéroïde, G continue ses observations avec des projets comme COIAS. Ce programme permet aux amateurs d'explorer les données du télescope Subaru à Hawaï, pour détecter de nouveaux corps célestes.
G a d'ailleurs déjà co-découvert deux astéroïdes nommés officiellement 697402 Ao et 718492 Quro. Il garde espoir de faire des découvertes plus spectaculaires, et plaisante un peu, en disant qu'il « se contentera désormais de tout ce qui n'est pas une voiture ».
Les scientifiques appellent à une meilleure régulation de l'espace lointant
Le MPC et le Jet Propulsion Laboratory de la NASA collaborent pour améliorer la détection des objets artificiels en orbite lointaine. L'objectif est de les filtrer plus efficacement de la base de données observationnelle.
Pour aller plus loin, l'American Astronomical Society a appelé en septembre dernier les opérateurs spatiaux américains à publier et mettre à jour les trajectoires de leurs objets en espace lointain. Une demande qui fait écho à celle du MPC, c'était il y a 17 ans.
Ce que l'on retient, c'est que cette volonté de transparence devient cruciale, alors que de nouvelles entreprises comme AstroForge prévoient des missions vers les astéroïdes. La start-up refuse de révéler sa cible d'exploration minière, ce que les astronomes déplorent aujourd'hui.