Les astéroïdes potentiellement les plus inquiétants sont ceux qui n'ont pas encore été détectés, la faute à leur orbite « trop proche du Soleil » depuis la Terre. Une mission de l'Agence spatiale européenne veut aider à mieux les découvrir et les cataloguer. Et peut-être se donner le temps de dévier un danger.
Elle devrait agir de concert avec sa cousine américaine, NEO Surveyor.
Il reste encore un peu de danger
Il y a quelques jours, le 15 février, c'était l'anniversaire des 10 ans de la météorite de Chelyabinsk. Ce petit astéroïde, compris entre 15 et 20 mètres de diamètre, n'avait pas été détecté et était entré dans l'atmosphère au-dessus de la Russie en 2013, générant une forte onde de choc et terminant sa course dans un lac gelé. La population alentour avait été touchée. Bris de verre, choc sonique, l'énergie dégagée était équivalente à celle d'une bombe nucléaire de 500 kilotonnes (soit environ 30 fois celle d'Hiroshima). L'événement avait alors généré autour du monde un effort important pour détecter un maximum d'astéroïdes géocroiseurs, soit ceux qui sont susceptibles, au fil du temps, de croiser l'orbite du système Terre-Lune.
Aujourd'hui, les agences estiment avoir catalogué plus de 80 % de tous les petits corps de plus de 300 mètres de diamètre. Mais moins de 20 % des plus petits, dont la population est estimée à 30 000 pour les astéroïdes de plus de 100 mètres de diamètre, et entre 40 et 50 millions pour ceux qui ne mesurent que quelques mètres, ont été repérés.
Les agences veillent au grain
Néanmoins, la détection s'améliore sans cesse. Ce 13 février, une petite météorite d'un mètre de diamètre environ est tombée en Normandie. Elle a été observée avec étonnement par un public nombreux, car elle avait été détectée quelques heures avant l'impact par un scientifique (Krisztián Sárneczky) d'un observatoire hongrois. Les moyens au sol, mais aussi les observatoires spatiaux sont mobilisés pour détecter, cataloguer et calculer les trajectoires.
Jusqu'ici, aucun astéroïde détecté (à part de tout petits corps captés quelques heures avant collision) n'a été amené à croiser notre route de trop près. Mais l'un des risques se cache dans la population d'astéroïdes qui est en permanence (ou en tout cas une grande partie de leur orbite) « côté Soleil », et donc invisible pour nos observations. L'agence spatiale européenne est ainsi en train de concevoir une mission spatiale spécifique pour contrer cet effet : NEOMIR.
Faramir, Boromir et NEOMIR
NEOMIR utilisera une optique à champ large, avec un télescope de 50 cm de diamètre environ et des capteurs infrarouges, et sera spécialisé dans la détection des astéroïdes. Mais surtout, il sera placé au point de Lagrange Terre-Soleil L1, 1,5 million de kilomètres plus proche du Soleil que la Terre. De quoi, avec les protections appropriées, observer les astéroïdes géocroiseurs avec un angle inédit !
L'agence européenne prévoit un véhicule qui sera capable de détecter un grand nombre d'astéroïdes, essentiellement de plus de 20 mètres de diamètre. Décollant autour de 2030, NEOMIR sera autonome, mais le traitement des données sera effectué de façon à travailler de concert avec les autres agences, et en particulier la NASA qui exploitera d'ici là sa propre mission NEO Surveyor.
Pour rappel, la NASA et l'ESA ont également enclenché, avec la mission DART et Hera, de premiers essais de défense planétaire, au cas où…
Source : ESA