Dario Amodei estime que les contrôles ralentissent le développement de DeepSeek et renforcent l’avantage des États-Unis dans le domaine de l’IA.
La Chine a peut-être bien fait de faire ses achats de Noël en puces américaines. Car depuis que les États-Unis ont fermé le robinet à l'empire du Milieu, difficile pour l'un de concurrencer avec les autres en matière d'IA. C'est d'ailleurs pour cela que Dario Amodei, P.-D.G. d'Anthropic, papa de Claude, n'est pas inquiet du soudain succès de DeepSeek.
Il a récemment publié sur son blog que ces restrictions freinent les progrès des entreprises chinoises comme DeepSeek, tout en consolidant la position des États-Unis et de leurs alliés dans le secteur. Alors que DeepSeek a démontré des capacités proches de celles des modèles américains datant de plusieurs mois, Dario Amodei insiste sur le fait que ces avancées ne remettent pas en cause l’efficacité des contrôles à l’exportation. Il espère que ces mesures empêcheront la Chine d’acquérir une domination militaire grâce à l’IA.
Les performances de DeepSeek limitées par les contrôles
DeepSeek n'en finit plus de faire parler. Il faut dire qu'il y a de quoi, quand on sait que ses performances sont comparables à celles des modèles américains tels que ChatGPT d'il y a 7 à 10 mois. Pour autant, selon Dario Amodei, cette réussite doit être relativisée. Il explique que DeepSeek n’a pas atteint les niveaux actuels des modèles américains comme Claude 3.5 Sonnet d’Anthropic, formé il y a près d’un an. En cause, principalement les limitations imposées par les contrôles américains sur l’accès aux puces.
Il précise que DeepSeek utilise un mélange de puces H100, H800 et H20. Certaines ont été introduites avant leur interdiction ou obtenues grâce à la contrebande. Et leur nombre reste limité à environ 50 000 unités, bien en deçà des millions nécessaires pour sucer la roue des laboratoires américains. Ces restrictions ont contraint DeepSeek à innover dans la réduction des coûts et l’efficacité énergétique, mais sans égaler les capacités américaines actuelles.
Les enjeux stratégiques des contrôles à l’exportation
Pour Dario Amodei, les sanctions américaines jouent un rôle clé dans la préservation du leadership technologique et militaire des États-Unis face à la Chine. Il estime que ces mesures empêchent la Chine d’accéder aux millions de puces nécessaires pour former des modèles d’IA capables de rivaliser avec ceux développés aux États-Unis. Cette stratégie vise à éviter un « monde bipolaire » où les deux puissances disposeraient de capacités équivalentes en IA.
Le P.-D.G. met en garde contre le risque qu’un tel équilibre soit temporaire et penche en faveur de la Chine. Avec sa vaste base industrielle et son orientation stratégique vers les applications militaires de l’IA, la Chine pourrait consacrer davantage de ressources pour coiffer les USA au poteau.
Il note également que ces restrictions ne visent pas à priver la Chine ou d’autres pays autoritaires des bénéfices civils liés à l’IA, mais plutôt à limiter leur capacité à développer une supériorité militaire. Selon lui, si ces mesures sont renforcées et appliquées efficacement, elles pourraient garantir un avantage durable aux démocraties occidentales dans ce domaine stratégique. En clair, le monde de l'IA serait en paix.
Enfin, il appelle à combler rapidement les failles existantes dans le système de contrôle pour d’empêcher la Chine d’accéder illégalement aux technologies interdites. Il considère que ces ajustements sont essentiels pour limiter la capacité chinoise à acquérir massivement des puces et ainsi consolider la position dominante des États-Unis sur le long terme.
Mais la Chine n'est pas immobile, alors jusqu’où ces mesures pourront-elles freiner efficacement sa montée en puissance technologique et militaire ?
Sources : TechCrunch, Dario Amodei