Huawei a récemment franchi un pas de géant pour ses ambitions dans le secteur mobile. En amont de la sortie de son nouveau fleuron, le Mate 70, la marque a déployé une version test d'HarmonyOS Next, son premier système d'exploitation qui ne repose pas sur Android. Un pari immense, aux enjeux considérables.
Les sanctions imposées à Huawei depuis 2019 par Donald Trump, puis Joe Biden, ont considérablement affecté l'activité du constructeur, particulièrement dans le secteur des smartphones. Mais il ne s'est pas laissé abattre, bien au contraire, et a décidé de jouer sur ses forces en se concentrant avant tout sur le vaste marché chinois, qui compte près de 1 milliard d'utilisateurs.
En décembre, Huawei lançait le Mate 70. Témoin parfait de sa nouvelle stratégie, l'appareil est 100 % chinois, selon la firme. L'occasion pour elle de tester son tout nouvel OS, qui doit venir concurrencer les géants Android et iOS.
Des airs d'iOS
Pour l'heure, HarmonyOS Next n'est disponible que pour les détenteurs d'un smartphone Mate 70 en Chine et, d'après les premiers retours, dispose d'une interface qui se rapproche grandement de ce qui est proposé par Apple, avec une navigation intuitive qui ne dépayse pas les anciens détenteurs d'iPhone. De même, l'OS utilise la reconnaissance faciale en 3D comme méthode principale de sécurité biométrique, à l'instar du FaceID.
Ce système d'exploitation est essentiel dans la stratégie de Huawei pour redevenir l'un des leaders du smartphone. Mais pas seulement. En cas de réussite, HarmonyOS Next pourra alimenter toute une vague de technologies maison de la société.
Sa vision s'étend en effet aux logiciels embarqués dans les voitures, aux trackers de santé ainsi qu'aux appareils domestiques intelligents et aux enceintes connectées. Dans un contexte de guerre commerciale qui s'intensifie, la Chine compte sur l'OS pour prouver son autosuffisance en matière de technologies.
Quelques applications manquantes, pour l'instant
Le système d'exploitation fonctionne de manière fluide avec les plus importantes applications chinoises, à l'image de WeChat ou Weibo, le Twitter local. En revanche, certaines plateformes phares manquent encore à l'appel, comme Zoom, certains chatbots d'IA ou des jeux populaires à l'instar de Genshin Impact.
Consciente de l'importance des applications tierces, Huawei propose des alternatives compatibles avec Android pour celles qui manquent, tandis qu'un dossier EasyAbroad est fourni pour les logiciels comme Google Maps et X.com lors des voyages à l'étranger. Le fabricant prend le temps d'analyser les premiers tours et perfectionne son système.
Actuellement, on ignore si et quand HarmonyOS Next sera déployé dans d'autres régions du monde, et notamment en Europe, où les smartphones Huawei sont actuellement équipés de EMUI, une surcouche fondée sur Android. Mais le moment semble opportun pour le géant chinois, avec les frais de douane annoncés par Donald Trump qui pourraient drastiquement affecter le paysage technologique.
Source : Bloomberg