Trop d’options, pas assez de connexions. Tinder a promis des rencontres, elle a surtout fabriqué de l'ennui. Face à une génération qui décroche, l’application tente un nouveau pari : laisser l’IA jouer les entremetteuses.
![Une IA entremetteuse pour matcher un crush ? C'est le pari de Tinder © DenPhotos / Shutterstock](http://pic.clubic.com/5665367e2276670/1200x801/smart/tinder.jpg)
Trop de swipes, trop de discussions sans réponse, trop d’attentes déçues. Tinder fatigue. Après plus de dix ans à dominer le marché du dating, l’application voit ses utilisateurs décrocher et ses revenus stagner. L’effet match ne fait plus rêver. Pour relancer la machine, Tinder joue son va-tout et mise à nouveau sur l’intelligence artificielle. Promesse de recommandations plus précises, pari sur une expérience plus engageante… Un dernier coup de poker pour tenter de rallumer l’étincelle.
L'IA, nouveau Cupidon du dating ?
En mal d’amour depuis quelques mois, Tinder cherche à raviver la flamme. Pour endiguer la lassitude des utilisateurs et utilisatrices, l’application a annoncé utiliserait prochainement sur l’intelligence artificielle afin de proposer des matchs plus pertinents et plus engageants.
Dans les faits, l’algorithme devrait analyser les préférences des inscrits et des inscrites pour leur suggérer des profils qui correspondent mieux à leurs attentes. Un moyen de casser la routine du swipe, sans pour autant l’éliminer. Car Tinder ne touche pas à son ADN. Cette IA viendra en complément, pas en remplacement. Match Group, maison-mère de Tinder, espère ainsi relancer l’intérêt pour la plateforme et reconquérir celles et ceux qui ont fini par décrocher.
Pour l’instant, peu de détails sur la mise en place technique. Impossible de savoir si les suggestions seront basées sur l’historique des matchs, sur les interactions ou sur d’autres critères plus obscurs. Ce qui est sûr, c’est que Match Group voit cette innovation comme un levier pour stopper l’hémorragie. « Nous voulons que cette fonction améliore la qualité des matchs et, par ricochet, l’image de Tinder, ce qui devrait nous aider à stimuler la croissance des utilisateurs », a ainsi précisé Gary Swidler, directeur financier du groupe.
Pour Spencer Rascoff, PDG de Match Group fraîchement nommé, le pari est même forcément gagnant : « cette explosion de l’IA va permettre à Match Group de connaître un tournant stratégique similaire à celui qu’a entraîné le passage du desktop au mobile il y a une dizaine d’années, lorsque le mobile a dépassé l’ordinateur dans notre secteur et d’autres industries ».
![Ça va mal pour Tinder. Ghostée, larguée, l'appli mise sur l'IA pour reconquérir les cœurs © oasisamuel / Shutterstock](http://pic.clubic.com/663a364a2276672/1200x801/smart/tinder-desinstaller.jpg)
Tinder victime du coup de la panne
Car si Tinder mise autant sur l’IA, ce n’est pas seulement pour innover, mais surtout pour enrayer l’essoufflement. En cinq ans, l’application a perdu plus d’un tiers de son audience et peine à stabiliser son nombre d’abonnés payants. En octobre dernier, son nombre d’utilisateurs actifs mensuels affichait une baisse de 10 % sur un an. Depuis le début de l’année, la tendance se poursuit, avec encore 9 % de pertes enregistrées en janvier.
Sans surprise, les résultats financiers suivent la même trajectoire. Au dernier trimestre, Tinder a généré 476 millions de dollars de CA direct, un chiffre inférieur aux objectifs fixés entre 480 et 485 millions de dollars. Match Group tente de rassurer en mettant en avant la croissance de Hinge, dont le chiffre d’affaires a bondi de 27 % sur la même période, mais le constat est là : Tinder ne séduit plus autant qu’avant.
Les raisons de ce désamour sont nombreuses. Ce qui était autrefois perçu comme un jeu amusant est devenu une corvée. Swiper, envoyer des messages laissés sans réponse, enchaîner les discussions sans suite… Beaucoup décrivent une expérience chronophage, énergivore et déshumanisante, plus proche d’une tâche administrative que d’une partie de plaisir.
Le déséquilibre hommes/femmes n’arrange rien non plus. Avec 84 % d’utilisateurs masculins, les femmes se lassent de devoir trier des dizaines de conversations sans intérêt, et les hommes peinent à obtenir des réponses, quand ce ne sont pas tout simplement des matchs. Un cercle vicieux qui alimente la fatigue et le désintérêt pour ces plateformes.
In fine, de plus en plus de jeunes préfèrent se tourner vers des alternatives plus authentiques. Slow dating, événements entre célibataires, UCPA… La tendance revient aux rencontres en physique, loin de l’illusion du choix infini entretenue par les algorithmes.
Face à cette mutation, Tinder veut croire que l’IA pourra enrayer l'ennui et redonner du sens aux connexions. Une tentative qui pourrait redéfinir le dating en ligne… ou acter la fin d’un modèle à bout de souffle.
Sources : TechCrunch, The Motley Fool, Challenges
24 janvier 2025 à 17h09