L'intelligence artificielle va officiellement s'inviter dans les collèges et lycées français. La ministre de l'Éducation nationale, Élisabeth Borne, a annoncé plusieurs initiatives allant dans ce sens, dont l'enseignement de la technologie aux élèves.
C'est un fait. Plus personne ne peut passer au travers de l'IA générative, démocratisée par ChatGPT fin 2022.
« C'est une révolution déjà en marche qui bouleverse tout, y compris nos façons d'apprendre et d'enseigner. L'Éducation nationale s'en saisit », explique la ministre dans un entretien accordé à Ouest-France. « La quasi-totalité des lycéens et étudiants utilisent régulièrement l'IA », ajoute-t-elle.
Formations pour enseignants et élèves
Dans ce contexte, les collégiens et lycéens se verront enseigner l'intelligence artificielle dès la rentrée 2025 grâce à des formations en ligne, fait savoir Élisabeth Borne. Elle indique que des sessions seront « obligatoires » pour les élèves de quatrième et de seconde.
Si les professeurs ne sont environ que 20 % à exploiter l'IA, son intégration dans leur travail peut s'avérer transformatrice, à condition d'être bien encadrée. Ainsi, ils vont eux aussi bénéficier de formations, notamment pour apprendre à utiliser l'IA et superviser l'usage qu'en font les élèves.
La ministre dévoile par la même occasion qu'un appel d'offres de 20 millions d'euros sera lancé à l'été 2025, pour développer une IA « souveraine, ouverte et évolutive » destinée aux enseignants. L'objectif est d'avoir un outil opérationnel pour l'année scolaire 2026-2027. Il aidera, entre autres, à préparer les cours, évaluer et corriger les devoirs, précise la femme politique.
Poser un cadre clair et éthique
Dès le printemps, une charte d'utilisation éthique de l'IA à l'école sera publiée, après consultation avec des enseignants, parents, élèves et syndicats, a poursuivi la ministre. Elle explique en amont que les professeurs sont malgré tout « responsables du contenu » et que « l'on ne peut pas utiliser des données personnelles dans le cadre d'une IA grand public ». De même, des enseignants se disent particulièrement réfractaires à l'idée de confier la notation à l'IA, pour des questions éthiques évidentes. Le document devrait poser un cadre clair et définir les limites de l'utilisation de la technologie.
Un projet parallèle vise à créer une IA générative pour les gestionnaires des 1,2 million de personnels de l'Éducation nationale. « On a la chance d'avoir une excellente communauté de chercheurs » ainsi que « de très belles licornes comme Mistral. Donc je ne doute pas qu'on trouvera de bonnes solutions françaises », souligne Élisabeth Borne. La pépite tricolore vient d'ailleurs d'établir un partenariat avec l'association EdTech France. Objectif : fournir une IA européenne aux étudiants et enseignants.
À noter que ces différentes annonces se font en marge du sommet de l'IA à Paris, qui s'achèvera le 11 février.
30 décembre 2024 à 11h18
Sources : Ouest-France, Le Figaro