Les enseignants sont-ils en passe d'utiliser l'IA au quotidien ? © Alexander Limbach / Shutterstock
Les enseignants sont-ils en passe d'utiliser l'IA au quotidien ? © Alexander Limbach / Shutterstock

Les élèves ne sont pas les seuls à pouvoir utiliser l'IA : leurs enseignants ont aussi droit à des outils qui leur sont destinés. Alors, bonne idée ou menace pour l'éducation ?

Les grands modèles de langage (LLM) ont fait une irruption soudaine et controversée dans les écoles, donnant du fil à retordre et quelques maux de tête aux équipes éducatives. Pourtant, si ChatGPT est rapidement devenu persona non grata dans les salles de classe, les élèves ne s'en sont jamais vraiment privés, et il n'y a sûrement pas besoin de lire beaucoup de devoirs pour s'en apercevoir.

L'IA est devenue une véritable « calculatrice des mots » qui peut également servir aux enseignants, pour le meilleur et pour le pire.

ChatGPT du CE2 à la Terminale

Le métier de professeur n'est pas toujours de tout repos, surtout lorsqu'il s'agit de corriger des copies. Cette tâche, en particulier, peut rapidement devenir mécanique avec de grandes quantités de données à traiter. Mais, devinez qui est particulièrement doué ce domaine ? L'intelligence artificielle.

Pour preuve, les programmes dopés à l'IA et destinés aux enseignants commencent à fleurir un peu partout. Crowdmark, Gradescope et EssayGrader sont tous conçus, comme leur nom l'indique, pour alléger le travail de correction des copies. L'un des plus complets, Writable, permet de générer des commentaires sur les travaux des élèves du CE2 à la Terminale, ainsi que de créer des exercices allant du QCM au sujet de dissertation, le tout accompagné des corrigés correspondants.

Un horizon encourageant ou à la limite de la dystopie ?

Si ce type d'outil a de quoi faire grincer des dents, l'éditeur de Writable se veut rassurant : les résultats du programme sont systématiquement vérifiés par l'enseignant, garantissant ainsi la présence d'un être humain dans le processus. Au final, le temps ainsi gagné peut laisser plus de place à l'interaction avec les élèves et à des activités plus ludiques. Beaucoup diront que les classes surchargées compliquent la profession, et un peu d'aide ne serait sûrement pas de refus.

Cependant, cette technologie pourrait avoir des effets néfastes sur le travail éducatif. Les LLM ont leurs défauts, et il ne serait pas surprenant que Writable trouve des erreurs là où il n'y en a pas, ou fournisse des informations erronées dans les devoirs. Les utilisateurs de Gemini peuvent en témoigner : les IA interprètent parfois les choses de manière inattendue, et la valeur ajoutée pour les enseignants et les étudiants pourrait rapidement devenir discutable.

Bien sûr, ChatGPT et ses congénères peuvent être entraînés sur des corpus très spécifiques et paramétrés en fonction des besoins. Mais, d'autres craintes concernent le rapport au poste de professeur lui-même : une évaluation par l'IA est-elle aussi pertinente et valorisante que le retour d'un être humain ? De plus, les enseignants ne risquent-ils pas de moins bien connaître leur matière, au risque de devenir des animateurs qui savent utiliser ChatGPT plutôt que des professionnels de l'éducation qui transmettent un savoir ?

La rédaction de Clubic se gardera bien de répondre à cette question, compte tenu de la complexité et de la sensibilité du sujet. Dans tous les cas, il semble pour l'instant difficile de bannir l'intelligence artificielle de nos écoles. Bien utilisée, elle pourrait peut-être devenir un outil pertinent pour les élèves et leurs professeurs, comme n'importe quelle autre technologie. Encore faudra-t-il former correctement le personnel enseignant, et surtout obtenir de réelles garanties quant à l'utilisation des données personnelles ou à la réelle valeur ajoutée des LLM qui, ne l'oublions pas, ont des coûts financiers et environnementaux significatifs.

  • Chat dans différentes langues, dont le français
  • Générer, traduire et obtenir un résumé de texte
  • Générer, optimiser et corriger du code
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Source : Ars Technica