Le passage au tout-fibre a débuté dans 162 communes françaises, avec l'arrêt du réseau cuivre d'Orange. Mais certains maires ruraux, en première ligne, dénoncent un accompagnement insuffisant et s'insurgent.

Orange met progressivement fin à son réseau cuivre, pour basculer sur la fibre optique © lone wolf7 / Shutterstock
Orange met progressivement fin à son réseau cuivre, pour basculer sur la fibre optique © lone wolf7 / Shutterstock

[Mise à jour du 17 février 2025 à 18h46]

Contactés par Orange ce lundi après-midi, nous avons appris, avec étonnement, que les relations entre la mairie de Glomel et l'opérateur historique sont en réalité plus que cordiales. La commune bretonne serait d'ailleurs très satisfaite de l'entreprise, ce qui entre en contradiction avec les informations communiquées par Le Point, que nous avons reprises. Clubic ne manquera pas de vous apporter davantage de précisions dans les prochains jours.

Orange a officiellement amorcé le 31 janvier 2025 l'arrêt de son réseau historique en cuivre, support du téléphone fixe et de l'ADSL. Une révolution qui commence dans 162 communes test, dont Glomel en Bretagne. Et si l'opérateur historique affirme avoir préparé cette transition, la réalité du terrain révèle une autre histoire. Des élus locaux se retrouvent contraints de gérer seuls l'accompagnement de leurs administrés vers la fibre optique.

Les élus ruraux forcés de faire du porte-à-porte pour la fibre et la fin du réseau cuivre

À Glomel, charmante commune de 1 400 habitants en bordure du canal de Nantes à Brest, la coupure technique est intervenue le 6 février, sans que la mairie n'en soit directement informée par Orange, comme nous l'apprend Le Point. C'est un journaliste qui a finalement renseigné Éléonore Kogler, l'élue en charge du numérique, sur la date effective de l'arrêt. Depuis des mois, elle se charge d'identifier, grâce à une liste fournie par l'opérateur, la dizaine de lignes non résiliées sur sa commune.

La mission s'avère particulièrement complexe dans les zones rurales, où les adresses sont parfois mal répertoriées. Les élus doivent frapper à toutes les portes d'un même lieu-dit pour retrouver les derniers abonnements cuivre : maisons secondaires inhabitées, abonnements oubliés mais toujours actifs, équipements de sécurité.

Un travail de fourmi indispensable, alors qu'environ 30% des Français éligibles n'ont toujours pas basculé vers la fibre. « Les gens sont méfiants au téléphone et pensent qu'il s'agit de démarchage abusif », témoigne Éléonore Kogler.

Voilà qui fait écho aux propos de Judith Ardon, maire de Nogaret et représentante de l'Association des maires ruraux de France : « Si Orange dispose bien de chefs de projets locaux, ce sont les élus qui interviennent auprès des personnes âgées et isolées, souvent dépassées par ces évolutions technologiques. »

La fibre optique creuse l'écart entre villes et campagnes

L'ampleur du défi inquiète de plus en plus les acteurs locaux. Après ces 162 communes test, le nombre de territoires concernés va s'accélérer : on parle de 829 communes en 2026, puis 2 145 en 2027. Plus préoccupant encore, 32 000 communes devront être déconnectées entre 2027 et 2030. Cette montée en puissance interroge sur le coût des raccordements en zone rurale, qui parfois atteignent 60 000 euros par kilomètre de câble enterré.

Le plan révèle également des failles structurelles. En zones denses, les grandes villes et leurs périphéries bénéficient du libre marché, où les opérateurs choisissent leurs zones de déploiement. A contrario, les zones rurales dépendent des Réseaux d'Initiative Publique (RIP), financés par l'acteur public pour garantir un raccordement universel. Un système à deux vitesses qui cristallise les tensions.

La situation est d'autant plus critique que depuis 2021, Orange n'a plus l'obligation légale d'apporter le téléphone à tous. Cette obligation historique, accompagnée de financements publics, a été remplacée par une simple obligation contractuelle pour les opérateurs fibre de mettre à disposition la technologie. Sans garantie de résultat, le risque d'une fracture numérique s'accentue, particulièrement dans les territoires ruraux.