Soucieuse des nombreuses plaintes reçues sur la qualité des raccordements fibre optique, la DGCCRF a lancé une enquête nationale sur les pratiques des opérateurs et leurs sous-traitants.

Les soucis de raccordement à la fibre optique ne manquent pas, malgré un taux de locaux raccordables très élevé © Flegere / Shutterstock
Les soucis de raccordement à la fibre optique ne manquent pas, malgré un taux de locaux raccordables très élevé © Flegere / Shutterstock

La France brille par la rapidité de son déploiement de la fibre optique, c'est indéniable. Mais même avec 90% des locaux raccordables au 30 juin 2024, la qualité n'est pas toujours au rendez-vous. Déconnexions intempestives, raccordements défectueux, installations bâclées... La Direction générale de la concurrence et de la Répression des fraudes a mis le pied dans le dossier en lançant une vaste enquête.

Démarrée en 2023, elle indique vendredi qu'elle se poursuit en 2025 pour comprendre l'origine de ces dysfonctionnements qui empoisonnent le quotidien des abonnés.

Un déploiement de la fibre optique à deux vitesses

Le réseau cuivre vivant ses dernières heures, la transition vers la fibre optique est devenue un impératif pour la France. Notre pays se positionne parmi les champions européens en termes de couverture territoriale, mais la performance masque cependant une réalité plus contrastée sur le terrain.

Les remontées des utilisateurs auprès de la DGCCRF sont pour le moins éloquentes. De nombreux cas de débranchements inopinés lors de nouveaux raccordements, d'échecs répétés d'installation, ou encore de dégradations d'équipements pendant les interventions ont été signalés. Et ce sont autant de dysfonctionnements qui révèlent un fossé croissant entre les ambitions du déploiement et la réalité du service.

La distinction entre la fameuse qualification de « raccordable » à la fibre et de « raccordé » prend d'ailleurs tout son sens. Car si 90% des locaux peuvent théoriquement accéder à la fibre, la qualité effective des installations soulève de sérieuses questions sur les conditions de mise en œuvre du réseau très haut débit.

La Répression des fraudes passe à l'action

La DGCCRF a lancé une enquête d'ampleur nationale en 2025, en se concentrant sur les relations commerciales entre opérateurs et sous-traitants. Si la Répression des fraudes ne cite personne en particulier, les acteurs sont nombreux à intervenir sur la chaîne. Il y a les opérateurs (Orange, SFR, Free, Bouygues Telecom), les sous-traitants (Sogetrel, Sade, Vinci, Circet) et les opérateurs d'infrastructures (Covage, TDF, Axione, Altitude Infrastructures).

Deux pratiques prohibées sont particulièrement ciblées par les services du ministère de l'Économie. La DGCCRF fait état de l'avantage sans contrepartie et du déséquilibre significatif dans les contrats, suspectés d'être à l'origine de la dégradation du service.

Les premiers résultats de l'enquête sont certains, puisque quatre entreprises ont déjà été mises en demeure de régulariser leurs pratiques de facturation. Ces constats préliminaires ont convaincu sans mal les autorités de poursuivre leurs investigations en 2025, avec une attention particulière sur les conditions de sous-traitance.

L'objectif est clair désormais : les autorités veulent assainir les pratiques commerciales du secteur, pour garantir aux consommateurs un service de qualité.