Dédaigné du grand public, accueilli fraîchement par la presse spécialisée et ignoré poliment par la plupart des fans d'Apple, le Studio Display n'a trouvé son public qu'auprès d'une poignée d'utilisateurs, dont je fais partie depuis quelques mois. Cet achat me vaut d'être chambré par mes amis, parfois à raison, surtout lorsque je m'échine à jouer sur PC avec lui. Un contexte d'utilisation baroque pour cet écran d'apparat.

Jouer sur le Studio Display avec un PC Windows ? J'ai voulu essayer... © Nathan Le Gohlisse pour Clubic
Jouer sur le Studio Display avec un PC Windows ? J'ai voulu essayer... © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Pourquoi ai-je acheté un Studio Display ? Parce que je travaille sur macOS, que mon bureau est installé au beau milieu de mon salon et que cet écran est beau. Ça peut paraître futile, ça l'est sûrement un peu, mais cela a de l'importance à mes yeux. Doté d'un budget confortable à la suite de la revente de mon ancien matériel, je voulais remplacer mon écran UWQHD de 34 pouces, à la finesse d'affichage trop chiche, par un moniteur qui rendrait mieux justice à mon MacBook et son écran Retina.

Bref, le Studio Display m'a assez vite tendu les bras, en dépit de ses quelques gros défauts et d'un prix totalement déraisonnable. Sa définition 5K en 27 pouces m'avait déjà tapé dans l'œil, ses belles couleurs et son élégant châssis en aluminium ont fait le reste. J'ai donc craqué, mais en sachant très bien que ce choix risquait fort de me confronter à une avalanche de tracas lorsque je voudrais jouer sur PC avec lui.

Parce que oui, et nous allons en venir au sujet, je teste de nombreux PC portables gaming pour Clubic… et je les utilise parfois pour tuer le temps lorsqu'il fait gris. Y compris avec mon Studio Display.

5K, prise en charge de la webcam et des haut-parleurs... Windows 11 gère étonnamment bien le Studio Display © Nathan Le Gohlisse pour Clubic
5K, prise en charge de la webcam et des haut-parleurs... Windows 11 gère étonnamment bien le Studio Display © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Une catastrophe annoncée, vraiment ?

Mes premières heures de jeu sur le Studio Display se sont étonnamment bien passées, car Windows 11 supporte en réalité mieux le moniteur à la pomme que je ne l'aurais cru au départ.

Quelques contraintes et bémols sont toutefois d'actualité :

  • Le PC doit disposer d'un port USB-C 3.2 (gérant l'affichage en DisplayPort), ou d'un port USB4 Type-C, Thunderbolt 3 ou Thunderbolt 4 pour permettre l'affichage sur le Studio Display ;
  • Le contrôle de la luminosité de l'écran ou de ses profils de couleurs est impossible nativement sur Windows. Les réglages adoptés pour la dernière fois sur macOS sont donc conservés à l'identique lors du passage sur l'OS de Microsoft. TrueTone et le réglage automatique de la luminosité sont également (et sans surprise) inactifs sous Windows ;
  • Les 6 haut-parleurs du Studio Display et sa webcam intégrée sont pris en charge par Windows, mais sans les technologies Spatial Audio et Center Stage, réservées à macOS ;
  • Le dock USB-C intégré à l'arrière de l'écran fonctionne lui aussi sous Windows, mais peut s'avérer capricieux sur les appareils « non Thunderbolt ».

Ces quelques informations énumérées, il me faut aussi vous dire que j'avais sous la main un PC portable suffisamment costaud pour exploiter en jeu la définition 5K native de l'écran d'Apple : un ASUS ROG Strix Scar 17 X3D. Lancé en 2023, l'engin combine un processeur AMD Ryzen 9 7945HX3D à 32 Go de DDR5 et à une puissante RTX 4090 mobile (175 watts de TGP).

La finesse d'affichage offerte par la définition 5K est l'un des gros points forts de ce moniteur de 27 pouces © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Avec ce PC, Horizon: Forbidden West était propulsé en 5K/Ultra à 60 FPS constants, grâce à un soupçon de supersampling. Dans les premiers temps, l'expérience de jeu était donc succulente… jusqu'à ce que le titre refuse purement et simplement de se lancer sur mon écran. Pour une raison qui, 6 mois plus tard, m'échappe encore.

Faute d’avoir pu continuer l'aventure sur le Studio Display (en dépit de plusieurs réinstallations du jeu, d'une mise à jour des pilotes graphiques, des pilotes d'Apple, et même d'une réinitialisation complète de Windows 11 par acquit de conscience), j'ai décidé de m'encanailler sur un autre titre : Uncharted 4.

Ancienne exclusivité PlayStation là aussi, le titre se comportait excellemment bien en 5K/Ultra. La finesse d'affichage offerte par le Studio Display, autant que la justesse colorimétrique du moniteur, magnifiait le chef-d'œuvre de Naughty Dog, qui fêtera l'année prochaine ses 10 ans. J'ai néanmoins souffert avec lui d'un autre problème lié, cette fois, aux haut-parleurs intégrés à mon Studio Display.

Indiana Jones et le Cercle Ancien souffre d'un tearing important avec le Studio Display © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Un problème de pilotes audio conduisait en effet ces derniers (pourtant excellents en temps normal) à crépiter très fort, et surtout de manière inopinée en pleine partie. Un souci que je ne rencontre évidemment jamais sur macOS, mais qui m'a vite pourri la vie sous Windows. Du moins jusqu'à ce que je découvre Brigadier.

Cet outil disponible sur GitHub, permet d'installer sur Windows des pilotes extraits de macOS pour peaufiner ce qui peut l'être. Cette installation a réglé une bonne partie des problèmes audio de mon Studio Display… sans toutefois remédier à toutes les complications induites par l'utilisation du système de Microsoft sur un écran qui ne lui est clairement pas destiné.

« Tu ne vas quand même pas jouer sur un Studio Display ?! » Ben si…

Cette autre mésaventure ne m'avait toutefois pas préparé aux tribulations qui je rencontrerais par la suite sur certains titres plus récents, comme Indiana Jones et le Cercle Ancien.

Animé sans trop de problèmes par la RTX 4090 mobile que j'avais en ma disposition (à condition d'oublier le trop gourmand path tracing), le soft de MachineGames souffrait d'un tearing aigu, aussi agréable à l'œil qu'une bonne vieille conjonctivite.

Très variable d'un jeu à l'autre, la présence de ces déchirements de l'image est globalement difficile à atténuer sur le Studio Display. De par sa limitation à 60 Hz, l'écran est particulièrement vulnérable à cette problématique, a fortiori sur les jeux lancés ces dernières années. Et pour cause, les développeurs ont semble-t-il tendance à y négliger la synchronisation verticale, ne serait-ce que du fait de la démocratisation des technologies de VRR, disponibles désormais (presque) systématiquement sur les moniteurs PC. Un atout dont le Studio Display est évidemment dépourvu.

Les jeux compétitifs sont impraticables sur le Studio Display... © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Pour limiter au maximum l'occurrence de tearing sur Indiana Jones, il m'a donc fallu procéder à tâtons, jusqu'à trouver les options les moins susceptibles de générer ces fâcheux déchirements d'image.

En premier lieu, j'ai commencé par désactiver la planification GPU à accélération matérielle depuis les réglages graphiques de Windows 11. Sur certains jeux, cette option semble induire beaucoup de tearing, tandis que sur d'autres, son activation ou désactivation n'a au contraire aucun effet. Toujours sur Indiana Jones et le Cercle Ancien, je me suis également rendu compte que le tearing était beaucoup moins présent en définition 4K qu'en 5K, et que le passage en DLSS « Qualité », plutôt qu'en mode « Auto », avait également un effet bénéfique.

Avec les bonnes options graphiques (et surtout après une grosse phase de découverte strictement empirique des meilleurs réglages à adopter), les dernières aventures d'Indy étaient affichées dans toute leur splendeur sur mon Studio Display.

... mais les titres au rythme plus calme sont globalement bien gérés, comme ici avec Frostpunk 2 © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Reste que les meilleurs réglages graphiques et une préparation minutieuse ne peuvent rien face à la latence de l'écran d'Apple. Avec près de 18 millisecondes de temps de réponse au compteur, ce moniteur est tout simplement calamiteux en la matière. Jouer avec lui à des jeux compétitifs est donc à proscrire.

Et sur ce point, je le crains, il n'y a hélas rien à faire… à part peut-être le deuil des parties endiablées que je ne connaîtrai jamais sur Counter-Strike avec mon Studio Display : un formidable allié en productivité, mais qui n'a jamais été pensé pour le gaming. J'ai donc détourné cet écran, bien malgré lui, pour m'adonner aux nombreux plaisirs vidéoludiques prodigués par Windows.

N'y aurait-il pas là comme une délicieuse effronterie ?

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