YouTube a atteint un milliard d'auditeurs mensuels de podcasts, en dépassant largement Spotify (100 millions) et Apple. Mais la plateforme vidéo impose aux créateurs de contenu audio de s'adapter à son format vidéo et à son système publicitaire.

Cela peut paraître contrintuitif, car YouTube n'est pas une plateforme dédiée aux podcasts, mais elle s'est imposée comme la destination privilégiée des auditeurs d'émissions audio en ligne. Un milliard de personnes écoutent désormais des podcasts chaque mois sur cette plateforme, selon les chiffres officiels communiqués par l'entreprise.
Cette statistique impressionnante dépasse largement les performances de Spotify, qui revendiquait 100 millions d'auditeurs réguliers de podcasts en 2023, et d'Apple, son concurrent historique. Mais du côté des créateurs de podcast, on grince un peu des dents.
YouTube bouleverse le monde des podcasts
C'est en tous les cas ce qu'annonce fièrement la plateforme. Un huitième de la population mondiale utilise désormais YouTube pour écouter des podcasts. Les utilisateurs consultent déjà régulièrement YouTube pour d'autres contenus, ce qui les amène naturellement à la découverte de podcasts. La plateforme propose également une expérience visuelle qui peut enrichir l'écoute, un aspect que les plateformes audio traditionnelles ne peuvent pas offrir.
Plus de 400 millions d'heures de podcasts ont été regardées uniquement sur les téléviseurs l'année dernière. Les auditeurs apprécient la possibilité de voir les intervenants, leurs expressions et parfois même des éléments visuels complémentaires qui enrichissent le contenu.
YouTube a réussi à capitaliser sur sa base d'utilisateurs existante pour dominer le monde des podcasts. La plateforme offre une expérience intégrée où les utilisateurs peuvent passer facilement d'un type de contenu à un autre. Cette fluidité a permis à YouTube de s'imposer naturellement comme une destination pour les podcasts, sans avoir à créer une application dédiée.
La puissance de l'algorithme de recommandation de YouTube joue également un rôle clé dans ce succès. Les nouveaux podcasts peuvent être découverts par les utilisateurs grâce aux suggestions personnalisées, ce qui aide les créateurs à développer leur audience. Les plateformes traditionnelles de podcasts ne disposent pas nécessairement d'outils de découverte aussi sophistiqués.

Les podcasteurs contraints de s'adapter aux exigences de YouTube
Bien sûr, les créateurs de podcasts peuvent voir en YouTube une manne supplémentaire d'auditeurs. Ceux qui utilisent la plateforme gratuite ne peuvent pas éteindre l'écran de leur téléphone pour écouter, à moins de s'abonner à YouTube Premium, qui teste par ailleurs son nouvel abonnement Premium Lite. Une contrainte technique qui pousse les podcasteurs à produire du contenu vidéo de qualité, plutôt que de simplement afficher une image statique pendant toute la durée de l'émission.
Forcément, la production vidéo engendre des coûts supplémentaires significatifs, comme l'a constaté par exemple Carla Lalli Music, créatrice de contenu culinaire. Elle confie à The Verge avoir dépensé 3 500 dollars pour réaliser une seule vidéo destinée à YouTube, soit plus de 3 300 euros. Un contenu certes plus élaboré qu'une simple captation de podcast, mais qui explique les attentes élevées de la plateforme en matière de qualité vidéo. Les créateurs ne peuvent pas simplement allumer leur webcam et espérer obtenir des résultats satisfaisants.
YouTube impose également ses propres règles techniques et commerciales. Contrairement aux autres plateformes de podcasts qui fonctionnent avec des flux RSS, YouTube exige que chaque podcast soit converti en vidéo native. Les créateurs doivent aussi se conformer aux règles publicitaires spécifiques de la plateforme. Ils ne peuvent pas diffuser des publicités selon les méthodes habituelles du podcast, ni accéder aux mêmes données d'analyse qu'ils utilisent normalement pour démontrer leur audience aux annonceurs potentiels. En clair, ils deviennent finalement plus Youtubeurs que podcasteurs.
Malgré ces contraintes, nombre d'entre eux considèrent que la présence sur YouTube est indispensable. L'audience massive disponible sur la plateforme compense largement les efforts et investissements supplémentaires nécessaires. Le jeu en vaudrait donc largement la chandelle.