Google revient à la charge avec une offre encore plus élevée pour s’emparer de Wiz. Mais entre ambitions stratégiques, pression des régulateurs et incertitudes du marché, rien n'est encore acté.

Après avoir essuyé un premier refus l’été dernier, Google n’en démord pas et revient à la charge avec une offre revue à la hausse pour tenter de mettre la main sur Wiz. Mountain View serait prête à allonger 10 milliards de dollars supplémentaires dans cette acquisition, pour un montant total qui ferait de ce rachat le plus important de l’histoire d’Alphabet. Mais entre la concurrence sur le marché de la cybersécurité et l’examen des régulateurs, l’issue de l’opération reste incertaine.
Une offre record pour séduire Wiz
Google n’a jamais caché son intérêt pour Wiz, entreprise spécialisée dans la cybersécurité pour les infrastructures cloud. L’été dernier, les discussions s’étaient arrêtées sur une proposition à 23 milliards de dollars. Mais à l’époque, Wiz avait préféré repousser ces avances, citant officiellement des inquiétudes réglementaires, privilégiant officieusement son introduction en Bourse.
Qu’à cela ne tienne, Alphabet n’a pas dit son dernier mot et aurait finalement mis sur la table… plus de 30 milliards de dollars. Une somme colossale qui pourrait bien, cette fois-ci, convaincre l'entreprise de cybersécurité israélienne, dont la valorisation atteignait 12 milliards de dollars en mai 2024.
D’après le Wall Street Journal, les négociations seraient déjà bien avancées, bien qu’aucune des deux parties n’aient rien confirmé pour le moment. Si l’accord venait à être conclu, l’opération permettrait à Google de renforcer son offre en cybersécurité et de consolider la croissance de son infrastructure cloud, dont le chiffre d’affaires a dépassé les 43 milliards de dollars l’an dernier.

Un choix stratégique, entre réalités de marché et régulation de la concurrence
Evidemment, refuser un chèque à dix chiffres signé Google relève autant du calcul financier que de la stratégie à long terme. Si Wiz l’avait fait en 2024, c’est a priori parce qu’elle comptait sur sa croissance soutenue pour préserver son indépendance. Sauf que depuis, le contexte a évolué.
L’option de l’introduction en Bourse, qui paraissait solide l’an dernier, est aujourd’hui plus aléatoire. Et bien que certaines entreprises technologiques aient réussi leur entrée sur les marchés, d’autres ont dû revoir leurs ambitions face à des conditions moins prévisibles. Entre volatilité boursière et attentes fluctuantes des investisseurs, Wiz pourrait logiquement voir dans cette nouvelle proposition une alternative plus sûre qu’un pari sur la cote.
Côté Alphabet, l’enjeu dépasse largement celui de l’acquisition d’une entreprise en forte croissance. Google Cloud cherche à consolider sa position face à AWS et Microsoft Azure, et l’intégration de Wiz renforcerait à la fois son expertise en cybersécurité et son attractivité auprès des entreprises.
Reste un dernier obstacle à franchir : la régulation. Car si l’administration Trump est attendue sur un assouplissement des politiques antitrust menées sous l’ère Biden, un rachat de cette ampleur dans le domaine de la cybersécurité n’échappera certainement pas à l’attention des autorités. Sans parler des entreprises et des investisseurs, toujours prudents face aux tensions économiques et aux incertitudes liées aux nouvelles politiques commerciales américaines.
Bref, rien n’est encore joué.
Sources : The Wall Street Journal, Reuters
06 février 2025 à 09h04