Les tentatives de sabotage sur les câbles sous-marins sont désormais détectables grâce la fibre optique capable d'identifier les vibrations, les touchers ou la présence de navires à proximité des installations stratégiques.

Les câbles sous-marins, cible privilégiée des cyberpirates des océans - © Vismar UK / Shuttertstock
Les câbles sous-marins, cible privilégiée des cyberpirates des océans - © Vismar UK / Shuttertstock

Les câbles sous-marins à fibre optique le nerfs de la guerre de l'Internet mondial, si l'on en croit les derniers incidents survenus en mer Baltique. Ces événements ont déclenché une réponse de l'OTAN, qui a lancé la mission « Baltic Sentry » pour patrouiller la zone avec des avions, des navires de guerre et des drones. De son côté, avec son opération de dissuasion diplomatique, « cable diplomacy », l'UE cherche à se constituer des alliés internationaux pour protéger harmonieusement ces infrastructures essentielles à notre quotidien et notre défense.

Parallèlement, des entreprises développent des solutions innovantes pour surveiller leur intégrité. Ces technologies utilisent les propriétés physiques de la fibre optique pour détecter les perturbations et alerter les autorités en cas de menace potentielle.

Les perturbations physiques peuvent être détectées grâce aux propriétés optiques des câbles

Lorsque des impulsions lumineuses circulent dans une fibre optique, de minuscules échos se produisent le long du câble. Ces réflexions sont prpvoquées par plusieurs facteurs comme la température, les vibrations ou les perturbations physiques directes. Daniel Gerwig, directeur des ventes mondiales chez AP Sensing, explique ce principe : « L'énergie acoustique qui traverse la fibre perturbe notre signal. Nous pouvons mesurer cette perturbation ».

Des tests ont démontré la sensibilité de cette technologie. Un plongeur qui a simplement effleuré un câble sous-marin a été immédiatement détecté par le système. AP Sensing a également mené des expériences avec des navires, des drones et des plongeurs équipés de scooters marins pour déterminer la précision du système. Le système peut détecter des pas humains à proximité d'un câble enterré, comme l'a expliqué Clemens Pohl, directeur général : « On voit chaque pas ». Impressionnant.

Ces systèmes permettent même d'identifier la taille approximative d'un navire passant au-dessus d'un câble sous-marin, ainsi que sa position et parfois sa direction. Ces données peuvent être corrélées avec l'imagerie satellite ou les enregistrements du système d'identification automatique (AIS) que diffusent la plupart des navires.

La technologie présente néanmoins certaines limites. David Webb de l'Université Aston précise que la détection ne fonctionne pas sur de très grandes distances. Des dispositifs d'écoute des signaux, appelés interrogateurs, doivent être installés tous les 100 km environ le long d'un câble. AP Sensing confirme que sa technologie peut détecter des vibrations à des centaines de mètres, mais « généralement pas à plusieurs kilomètres ».

Grâce à la fibre optique, les tentatives de sabotage des câbles sous-marins vont pouvoir être détectées plus rapidement - © KateStudio / Shutterstock
Grâce à la fibre optique, les tentatives de sabotage des câbles sous-marins vont pouvoir être détectées plus rapidement - © KateStudio / Shutterstock

Des systèmes de surveillance préventive sont déployés pour protéger les infrastructures critiques

Pour Paul Heiden, directeur général d'Optics11, il est important de disposer d'un tel système d'alerte précoce : « Les gens ont vraiment besoin d'un avertissement précoce pour déterminer ce qu'ils doivent faire ». Son entreprise propose de déployer des câbles spécifiquement conçus pour la surveillance, placés à distance des infrastructures critiques.

Ces « câbles d'écoute » peuvent être installés à 100 km d'un port vital ou à proximité d'un gazoduc clé ou d'un câble de télécommunications. Ils fournissent aux opérateurs une vision du trafic maritime dans la zone et un préavis lorsqu'un navire s'approche d'un actif stratégique. Optics11 prévoit de tester bientôt un câble de surveillance installé quelque part sur le fond de la mer Baltique.

Et l'intérêt pour ces technologies augmente. Douglas Clague de Viavi Solutions, une société spécialisée dans les tests et mesures de réseaux, constate une hausse des demandes. Christian Priess, responsable chez Hexatronic, un fabricant suédois de câbles, prédit que la détection acoustique deviendra plus courante à l'avenir.

Les câbles existants peuvent également être équipés de cette technologie si une fibre « noire » inutilisée est disponible, ou si une fibre active dispose de canaux libres.

Thorsten Benner, du Global Public Policy Institute, salue la réponse militaire aux incidents de la mer Baltique : « C'est une bonne chose que l'OTAN et l'Union européenne se soient réveillées ». Mais il précise que l'efficacité des systèmes de détection sera conditionnée à la rapidité d'intervention des garde-côtes ou des patrouilles militaires.

Source : BBC