Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les entreprises de technologie financière et de cryptomonnaies multiplient les demandes de licence bancaire. Elles espèrent profiter d'une réglementation plus favorable à l'innovation.

Les entreprises crypto sont de plus en plus nombreuses à demander le statut bancaire © InfinitumProdux / Shutterstock
Les entreprises crypto sont de plus en plus nombreuses à demander le statut bancaire © InfinitumProdux / Shutterstock

L'investiture de Donald Trump en janvier 2025 a changé la donne pour les entreprises tech qui aspirent à devenir des banques. Après des années de procédures d'approbation lentes ou réticentes, ces sociétés voient aujourd'hui une opportunité rare de transformation. Cette évolution pourrait plutôt pas mal chambouler le secteur financier américain dans un premier temps, en permettant à des acteurs innovants d'offrir des services bancaires complets, tout en réduisant leurs coûts et en augmentant leur crédibilité auprès des clients.

Les demandes de chartes bancaires explosent depuis l'élection de Trump

Les discussions et préparations pour l'obtention de chartes bancaires profitent de vents favorables, comme nous l'apprend Reuters. Alexandra Steinberg Barrage, associée chez Troutman Pepper Locke, confirme par exemple travailler sur « plusieurs demandes actuellement », tout en notant que « les clients restent prudemment optimistes, en attendant que les choses se stabilisent » avec la nomination des nouveaux responsables des agences bancaires.

Ce regain d'intérêt contraste assez fortement avec la période précédente. Entre 2010 et 2023, seulement cinq nouvelles licences bancaires étaient approuvées en moyenne chaque année, contre 144 par an entre 2000 et 2007. On n'est pas sur le même rythme, effectivement. Cette chute spectaculaire s'explique notamment par les taux d'intérêt bas, qui réduisaient l'attrait du statut bancaire, outre les réglementations contraignantes.

L'obtention d'une licence bancaire présente des avantages stratégiques majeurs pour ces entreprises. Comme l'explique Carleton Goss, associé chez Hunton Andrews Kurth, cela permet de « réduire les coûts d'emprunt en s'appuyant sur les dépôts », un atout considérable pour leur développement, qui renforce en plus leur légitimité auprès des clients.

Les nouveaux régulateurs promettent une révolution dans l'approbation des licences bancaires

L'administration Trump semble vouloir impulser un changement réglementaire. Travis Hill, président par intérim de la FDIC, le régulateur bancaire américain, a annoncé que l'agence encouragerait davantage d'entreprises à demander des licences bancaires. Son idée ? Assurer un flux constant de nouveaux entrants dans le secteur. De même, Michelle Bowman, nommée par Trump comme vice-présidente à la supervision, a souligné la nécessité d'accélérer les approbations.

Nathan Stovall, directeur de recherche chez S&P Global Market Intelligence, confirme d'ailleurs cette tendance : « Nous n'avons pas vu autant de demandes de licences depuis la crise financière, mais nous en avons certainement vu davantage lors du premier mandat de Trump. » Pas de record à ce stade donc, mais les nouveaux régulateurs mettre l'accent sur l'innovation et la technologie, ce qui envoie des signaux positifs aux entreprises fintech.

Malgré cet environnement plus favorable, il existe encore quelques obstacles. Par exemple, un capital initial de 20 à 50 millions de dollars est généralement nécessaire pour créer une banque. Outre-Atlantique, les entreprises doivent également se conformer aux lois anti-blanchiment et au Bank Secrecy Act, et ce n'est pas une mince affaire.

Avec plus de 4 500 banques aux États-Unis et une consolidation attendue du secteur, cette évolution réglementaire pourrait à terme transformer profondément le paysage bancaire américain. Mais de l'intention aux actes, il y a plus qu'un pas à franchir.