Réglementation, modération, coûts… La nomination de Donald Trump à la présidence des États-Unis pourrait avoir de sérieuses conséquences pour le secteur technologique européen.
Lors de son premier mandat, le président élu a entamé une guerre commerciale contre la Chine, qui ne cesse de s'intensifier depuis. Cette fois, il semble décidé à aller encore plus loin avec un seul mot d'ordre : « America First » (l'Amérique en premier).
Des mesures drastiques sont à prévoir, le camp républicain ayant non seulement pris le contrôle du Sénat, mais également de la Chambre des représentants.
La réglementation européenne sera probablement ciblée
L'arrivée de Donald Trump au pouvoir présage tout d'abord des tensions avec les régulateurs de la Commission européenne. Digital Markets Act, Digital Services Act, AI Act… L'Union européenne a récemment voté de nombreuses lois pionnières visant à encadrer davantage les géants du secteur technologique, et particulièrement les membres des GAFAM.
Or, si le républicain s'est souvent montré très critique à l'égard des big tech, il est certain qu'il voudra protéger coûte que coûte le pouvoir et le monopole des entreprises américaines à l'étranger. Trump s'est montré catégorique en indiquant explicitement à Tim Cook, le patron d'Apple, qu'il ne laisserait pas l'UE « prendre l'avantage [des] entreprises [américaines] ». Son administration pourrait donc s'opposer aux mesures de l'Europe, et même la menacer de représailles.
Autre élément à prendre en compte : la présence d'Elon Musk au gouvernement. Le milliardaire, qui possède X.com et a déployé son intelligence artificielle Grok en Europe, voit d'un très mauvais œil les efforts européens pour renforcer la modération sur les grandes plateformes en ligne. L'ex-Twitter fait d'ailleurs l'objet d'une enquête menée par la Commission, et il n'est pas exclu que Trump mette son nez dans cette affaire.
Hausse des prix à prévoir
Le 47e président des États-Unis possède des plans tarifaires de grande envergure. Il a proposé d'imposer des droits de douane de 10 à 20 % sur l'ensemble des importations. Surtout, il a spécifiquement mentionné le fait de faire « payer un lourd tribut » commercial à l'Union européenne, qu'il a même qualifié de « mini-Chine ». Cela inclurait probablement les produits technologiques européens. Par ricochet, si l'UE décide de riposter à une telle mesure, cela impliquerait une importante hausse des très nombreux produits technologiques américains commercialisés en Europe.
La politique environnementale européenne risque elle aussi de pâtir de ce nouveau mandat de Donald Trump. Car son scepticisme à l'égard réchauffement climatique devrait de facto ralentir les progrès des initiatives en matière de technologies climatiques. La coopération entre les États-Unis et l'Union européenne dans ce domaine en serait largement menacée, poussant le Vieux Continent à tracer sa propre route.
Un électrochoc pour l'UE ?
Et c'est aussi une conséquence potentielle de l'élection de Donald Trump : l'accélération du programme de souveraineté numérique de l'UE et de son autonomie stratégique. Si de nombreux plans ont été échafaudés, à l'instar du Chips Act européen, le repli sur soi américain pourrait servir d'électrochoc aux décideurs européens.
Cela pourrait d'ailleurs inciter l'UE à investir davantage dans des technologies essentielles telles que l'IA et l'informatique quantique, et à favoriser le développement de jeunes pousses technologiques prometteuses.