Mondial Relay abandonne progressivement ses points relais chez les commerçants au profit des casiers automatiques. Ce changement impactera à terme des millions d'acheteurs en ligne.

Mondial Relay a pris une décision radicale, qui met en première ligne ses lockers © Henry Saint John / Shutterstock.com
Mondial Relay a pris une décision radicale, qui met en première ligne ses lockers © Henry Saint John / Shutterstock.com

La fin d'une époque se profile pour les adeptes du e-commerce et des plateformes comme Vinted ou Leboncoin. Depuis 1997, Mondial Relay avait tissé un réseau de 11 000 points relais chez des commerçants partenaires à travers la France. Aujourd'hui, l'entreprise opère un virage stratégique majeur en résiliant brutalement de nombreux contrats avec ces commerçants, pour accélérer le déploiement de ses casiers automatiques, les fameux lockers que les clients d'Amazon adorent.

Mondial Relay délaisse les commerces pour les lockers automatiques

Le secteur de la livraison est-il, sans mauvais jeu de mots, à un « carrefour » ? Mondial Relay, désormais leader français des casiers automatiques avec 7 000 unités déjà déployées, prévoit d'intensifier ce maillage en 2025. Les lockers, accessibles 24h/24 et 7j/7, sont du point de vue de Mondial Relay plus confrormes aux nouvelles habitudes de consommation, marquées par la recherche de flexibilité et d'autonomie.

Pour de nombreux commerçants, cette nouvelle est tombée comme un couperet. À Angers par exemple, un café du centre-ville a reçu par courrier recommandé la résiliation de son contrat. Le commerce doit donc tirer un trait sur un revenu mensuel de 400 euros.

D'autres ont vu leur activité de relais drastiquement réduite après l'installation d'un casier à proximité, passant parfois de 150 à seulement 30 colis hebdomadaires.

Une automatisation des points relais qui menace le lien social local

L'entreprise justifie cette décision par une nécessaire « rationalisation et optimisation » de son réseau pour « renforcer sa compétitivité ». Une réponse à l'évolution des usages qui témoigne de la mutation accélérée du secteur de la livraison, où l'automatisation prend progressivement le pas sur les interactions humaines.

Les casiers offrent aux clients une flexibilité indéniable, très appréciée par les personnes aux horaires atypiques. « C'est plus pratique, mais moins humain », reconnaît Elisabeth, 30 ans. Et pour les commerces de proximité, l'impact est double. Car au-delà de la perte financière directe, c'est tout un flux de clientèle potentielle qui disparaît.

Les points relais peuvent générer des visites régulières qui se traduisent souvent par des achats annexes. Et tout cela peut créer un écosystème vertueux entre commerce physique et numérique. Alors si les lockers facilitent indéniablement la récupération des colis, ils participent aussi à la déshumanisation des services et à l'érosion du tissu commercial local. Il sera bien compliqué de trouver l'équilibre entre commodité technologique et lien social.