Une étude publiée il y a quelques jours dans la revue Electromagnetic Biology and Medicine, basée sur l'analyse de dizaines d'articles scientifiques, alerte sur les dangers potentiels des téléphones portables pour la fertilité masculine.

Vous y réfléchirez peut-être à deux fois avant de mettre votre smartphone dans l'une des poches de votre pantalon © Butus / Shutterstock
Vous y réfléchirez peut-être à deux fois avant de mettre votre smartphone dans l'une des poches de votre pantalon © Butus / Shutterstock

C'est une nouvelle alerte sur les liens entre l'utilisation des smartphones au quotidien et les problèmes de fertilité chez les hommes. Les chercheurs turcs Heva Bektas et Suleyman Dasdag ont publié, le 19 mars, une étude dans laquelle ils s'interrogent sur l'habitude répandue de garder son smartphone dans la poche du pantalon et ses conséquences.

La pratique pourrait constituer un facteur de risque significatif et insoupçonné dans la baisse globale de fertilité masculine observée depuis plusieurs décennies. En France, l'association Alerte Phonegate, toujours très réactive sur le danger des ondes électromagnétiques de nos appareils, a relayé les conclusions de la recherche.

Stress oxydatif et ADN endommagé : les vrais risques cachés des smartphones

Les ondes radiofréquences émises par nos smartphones provoqueraient une élévation de la température testiculaire, autant expliquer les choses simplement. Ce réchauffement local peut, d'après l'étude, compromettre la qualité du sperme et l'intégrité de l'ADN, ce qui perturberait ainsi la spermatogenèse. L'effet thermique reste l'une des préoccupations majeures pour la santé reproductive masculine.

Et au-delà de l'aspect thermique, l'étude met en évidence des mécanismes biologiques plus subtils. L'exposition aux radiofréquences augmenterait la production d'espèces réactives de l'oxygène (ROS), créant un stress oxydatif potentiellement dommageable pour l'ADN des spermatozoïdes. Les membranes cellulaires subiraient également des modifications importantes.

Les chercheurs ont constaté des déséquilibres hormonaux significatifs chez les sujets exposés. Les altérations concernent aussi la morphologie testiculaire, avec des anomalies observées dans les tubes séminifères et les cellules épithéliales, accompagnées d'une diminution de la mobilité et de la vitalité des spermatozoïdes.

Aucun téléphone ne protège contre la surexposition aux ondes, selon Alerte Phonegate

Le docteur Marc Arazi, président d'Alerte Phonegate, s'inquiète des résultats de l'étude. « Aucun téléphone portable mis sur le marché en France, en Europe ou à l'international ne protège les utilisateurs d'une surexposition aiguë et chronique aux ondes RF », d'après lui. Voilà des propos qui soulignent peut-être l'urgence d'une révision des normes actuelles.

L'ONG française formule donc des recommandations simples mais efficaces. D'abord, elle appelle à limiter le contact du téléphone avec le corps, particulièrement au niveau des poches de pantalon. Les experts conseillent également d'éviter une exposition prolongée aux émissions des technologies sans fil.

Enfin, Pierre-Marie Théveniaud, biologiste membre d'Alerte Phonegate, précise que les effets ne se limitent pas aux aspects thermiques. Les mécanismes biologiques complexes se manifestent « à des niveaux d'exposition inférieurs aux limites réglementaires actuelles ». De quoi renforcer la nécessité d'une réglementation plus stricte qui intègrerait les effets non thermiques. Mais de nouvelles études devront plus précisément encore le démontrer.