L'Assurance Maladie a intensifié sa lutte contre les fraudes numériques avec des technologies avancées, comme l'ordonnance numérique et son QR code, et des enquêteurs spécialisés. 628 millions d'euros de préjudices en 2024, ce fut beaucoup trop.

L'Assurance Maladie déploie de gros moyens pour lutter contre la fraude © Alexandre Boero / Clubic
L'Assurance Maladie déploie de gros moyens pour lutter contre la fraude © Alexandre Boero / Clubic

Les fraudes numériques sont une véritable plaie pour l'Assurance Maladie, qui a renforcé son dispositif technologique de lutte, avec des résultats impressionnants. En 2024, des fraudes ont été détectées et stoppées pour un montant total de 628 millions d'euros, montant en forte hausse (+35%) par rapport à 2023. Cette mobilisation sans précédent intègre désormais des outils innovants et des équipes spécialisées en cybersécurité pour protéger le système de santé français.

L'Assurance Maladie a déployé un bouclier technologique qui a déjà stoppé des milliers de fausses ordonnances

La multiplication des escroqueries, sur les réseaux sociaux et l'usurpation d'identité, a poussé l'Assurance Maladie à créer six pôles interrégionaux d'enquêteurs judiciaires (PIEJ). Ces pôles sont composés de 60 agents tous spécialisés, dont près de la moitié issus des forces de police ou de gendarmerie. Ces unités disposent de prérogatives de police judiciaire et de pouvoirs de cyberenquête, qui les aident à infiltrer et démanteler les réseaux criminels opérant en ligne.

Mais les fraudeurs sont de plus en plus organisés. Ils exploitent désormais les failles numériques pour recruter des complices sur les réseaux sociaux ou les messageries dites sécurisées, pour créer des sociétés fictives de soins ou vendre des documents falsifiés (ordonnances, arrêts maladie). Ces nouvelles méthodes ont provoqué une explosion des fraudes aux indemnités journalières, qui ont atteint 42 millions d'euros en 2024, contre 17 millions en 2023.

Comme l'indique l'Assurance Maladie dans son dossier de presse sur la lutte contre les fraudes, publié le 20 mars 2025, sa principale innovation l'an dernier fut le lancement d'Asafo-Pharma, un téléservice sécurisé qui permet aux pharmaciens de signaler les fausses ordonnances.

Depuis son déploiement en août dernier, l'outil a déjà permis de collecter 7 300 signalements, dont les trois quarts se sont avérés frauduleux. Et les évolutions apportées en janvier 2025 permettent désormais la vérification automatisée par envoi direct au médecin prescripteur.

Une multiplication des solutions technologiques pour anticiper et prévenir les fraudes

Pour contrer la falsification des arrêts de travail, l'Assurance Maladie imposera, dès juillet 2025, l'utilisation de Cerfa sécurisés dotés d'hologrammes, de bandes réactives à la photocopie et de QR codes. Ces mesures de sécurité viennent compléter la promotion de l'arrêt de travail dématérialisé (e-AAT), qui représente déjà 79% des transmissions et qui est le vecteur le plus sécurisé contre l'usurpation d'identité.

Le développement de l'ordonnance numérique offre aussi une solution prometteuse contre les faux documents. Fin février 2025, l'Assurance Maladie nous indique que 37 000 médecins avaient déjà créé au moins une ordonnance numérique, 12 070 pharmacies en avaient traité, pour un total de 56 millions d'ordonnances sécurisées. Précision utile, ce système permet au pharmacien de vérifier, à l'aide d'un QR code, la cohérence entre la prescription enregistrée et l'ordonnance présentée.

L'Assurance Maladie implique également les assurés dans cette lutte. Depuis l'été 2024, le compte ameli permet de signaler les actes suspects. Dès le second semestre 2025, chaque assuré recevra une alerte pour tout remboursement effectué pour son compte, ce qui facilitera la détection des prises en charge frauduleuses d'actes ou de soins non réalisés.