La vente potentielle de SFR relance les spéculations sur une concentration du marché français des télécoms. Tandis qu’Altice vient de restructurer une partie de sa dette, Patrick Drahi pourrait désormais envisager une cession partielle ou totale de son opérateur.

Le retour à trois opérateurs est peut-être plus proche que l'on ne le croit. Ce scénario, régulièrement évoqué depuis plusieurs années, semble cette fois plus concret, avec un marché national divisé entre quatre grands opérateurs mobiles et un contexte de faible rentabilité. Après plus d'une décennie, Patrick Drahi réfléchirait en effet, selon les informations de nos confrères du Figaro, à vendre sa pépite SFR au plus offrant. Cette annonce, si elle se concrétisait, représenterait un séisme dans le marché des télécoms en France, et rebattrait les cartes entre les trois opérateurs majeurs restants.
Une vente de SFR sur la table qui attise les convoitises
Le redressement de la dette d’Altice fin février donne à son fondateur Patrick Drahi une plus grande latitude pour envisager des opérations stratégiques. Au cœur des discussions : l’avenir de SFR, deuxième opérateur télécom en France. S’il n’existe à ce jour aucune communication officielle, plusieurs acteurs du secteur, en France comme à l’étranger, surveillent de près les intentions du groupe.
Parmi les options sur la table, une vente directe de SFR semble difficile à mener, compte tenu de la taille de l’opérateur (environ 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires), et ce, malgré des résultats décevants ces dernières années, avec la perte d'un million et demi d'abonnés ces deux dernières années.
D’autres scénarios envisagent une cession par blocs, un processus déjà amorcé avec la mise en vente de certaines filiales comme les data centers ou XpFibre, ou encore la cession du pôle médias, incluant BFMTV et RMC, à l'armateur CMA-CGM. La répartition des actifs pourrait aussi faire l’objet d’un accord entre opérateurs français, à condition de surmonter les contraintes concurrentielles imposées par l’Autorité de la concurrence et la Commission européenne.
Orange, Bouygues Telecom et Iliad (Free) suivraient le dossier de près, et ont pris contact avec différentes banques d'affaires, mais d’autres acteurs, notamment internationaux, pourraient également entrer dans la danse, à l’image du saoudien STC ou de l’émirati Etisalat, qui ont récemment manifesté leur intérêt pour des investissements en Europe.

Un timing délicat, avec en ligne de mire l'élection présidentielle de 2027
La perspective d’une consolidation à trois opérateurs divise encore au sein des instances européennes. Si la Commission reste globalement opposée aux fusions horizontales, la récente validation du rapprochement Vodafone–Three au Royaume-Uni suggère un assouplissement. Côté français, un rachat de SFR aurait des conséquences industrielles et sociales non négligeables.
Pour autant, Patrick Drahi ne compterait pas céder à la pression. Il viserait une valorisation de 25 milliards d’euros, un montant jugé élevé par les concurrents, au regard des performances actuelles du groupe. Ce positionnement traduit sa volonté de ne pas vendre à perte, quitte à attendre que les conditions deviennent plus favorables.
Le calendrier politique pourrait aussi peser dans les décisions à venir. À deux ans de la présidentielle de 2027, le gouvernement pourrait chercher à éviter une opération aux effets potentiellement sensibles sur l’emploi et l’aménagement numérique du territoire. Dans ce contexte, tout rapprochement devra conjuguer logique industrielle, viabilité économique et acceptabilité politique. Rien ne dit que ces conditions seront réunies à court terme.
Source : Le Figaro
31 mars 2025 à 17h07