Le magnat très imaginatif des télécoms, Patrick Drahi, tente un énième coup de poker financier avec SFR, en plaçant ses créanciers dans une situation des plus délicates, au risque de transformer l'opérateur en simple réseau mobile virtuel.
Le contexte de négociations entre Patrick Drahi et ses créanciers fâchés est plus que tendu, puisque le milliardaire propriétaire de SFR est englué dans une dette de 24 milliards d'euros. Alors, le fondateur d'Altice multiplie les manœuvres stratégiques. Sa dernière trouvaille, selon BFMTV : faire de SFR un opérateur virtuel. Voilà qui pourrait rebattre complètement les cartes de la restructuration de SFR.
Les relations très tendues entre Patrick Drahi, qui multiplie les manœuvres audacieuses, et ses créanciers
Patrick Drahi a déjà « brillé » récemment en confiant XPFibre, sa filiale détenant le réseau optique de SFR, à la banque Natixis via un système de fiducie. Cette opération complexe valorise l'actif à 4,5 milliards d'euros, contre 3,5 milliards initialement investis en 2018.
Et en parallèle, le milliardaire a exfiltré plusieurs actifs stratégiques, comme les data centers, médias et participation dans XPFibre, vers des filiales probablement basées au Luxembourg, terre fiscalement avantageuse. On n'oublie pas non plus la cession des parts détenues dans La Poste Mobile, récupérées par Bouygues Telecom, pour environ 500 millions d'euros.
La manœuvre est spectaculaire : en soustrayant ses meilleurs actifs du périmètre initial, Patrick Drahi fragilise le rapport de force avec ses créanciers. Ces derniers, qui réclamaient initialement 34% du capital, se retrouvent désormais face à un propriétaire qui ne leur propose plus que 18% du capital en échange de l'abandon d'un tiers de leurs créances. Mais Patrick Drahi a de la suite dans les idées, on vous explique.
Et si SFR devenait un opérateur virtuel de type NRJ Mobile, Prixtel ou La Poste Mobile ?
Les négociations avec les créanciers sont actuellement au point mort. Un proche du dossier résume d'ailleurs : « On ne va pas accepter qu'il (Patrick Drahi) vide SFR de son plus bel actif et qu'il devienne un simple opérateur de réseau mobile virtuel ! » La menace semble pourtant sérieuse : en soustrayant progressivement ses infrastructures, Patrick Drahi pourrait effectivement réduire SFR à un simple diffuseur de services, comme le sont La Poste Mobile, Auchan Mobile, Prixtel, NRJ Mobile et d'autres.
À ce stade, on se dit que le processus serait plus que fastidieux. Car SFR devrait alors se « débarrasser » de ses fréquences, de ses antennes, de son réseau mobile.
Le groupe Altice négocie âprement de son côté, en proposant un taux d'intérêt de 6,5% pour refinancer sa dette, soit un point de moins que ce que proposent les créanciers. L'enjeu financier est en tout cas considérable. Il est estimé à environ 150 millions d'euros par an, alors que les marges de SFR ont déjà reculé de 75 millions au second trimestre.
Les créanciers prêts à lâcher du lest, mais qu'un tout petit peu
En ce qui concerne les créanciers, qui lorgnent une participation autour de 25% du capital, ces derniers veulent surtout profiter des futures remontées de trésorerie, notamment la potentielle vente du réseau fibre. Patrick Drahi, lui, continue de jongler avec ses actifs, multipliant les coups tactiques pour conserver le maximum de contrôle.
Mais alors, quelle est la prochaine étape ? L'analyse des résultats du troisième trimestre, publiés récemment, pourrait relancer les discussions et révéler la stratégie définitive du milliardaire Patrick Drahi. Pour l'heure, le suspense reste entier dans ce bras de fer financier qui tient en haleine tout le secteur des télécommunications.
Source : BFMTV