Des chercheurs de l'université de Berkeley en Californie ont développé une neuroprothèse innovante qui permet de convertir les pensées en paroles en temps réel. De quoi ouvrir de nouvelles perspectives pour la communication assistée des personnes qui ont perdu la voix.

Les interfaces cerveau ordinateur continuent de faire des progrès. ©ktsdesign / Shutterstock
Les interfaces cerveau ordinateur continuent de faire des progrès. ©ktsdesign / Shutterstock

Le domaine des interfaces cerveau ordinateur connaît des percées notables, et cela ne concerne pas que Neuralink. Récemment, Elon Musk a en effet annoncé que l'implant Blindsight, dont l'objectif est de redonner la vue aux personnes atteintes de cécité, serait prochainement testé sur un être humain. Mais aujourd'hui, c'est un dispositif visant à traiter l'anarthrie, un trouble du langage se caractérisant par une difficulté à articuler, qui est mis en avant.

Une patiente incapable de s'exprimer depuis 2005

Il a été testé sur une patiente dans la quarantaine dénommée Ann. En 2005, elle a été victime d'un accident vasculaire cérébral pontique, c'est-à-dire qui affecte le plus gros composant du tronc cérébral. Un événement qui l'a laissée incapable de se mouvoir ou de communiquer verbalement au-delà de quelques sons… jusqu'à il y a peu.

Ainsi, la prothèse fonctionne grâce à un implant placé dans le cerveau, qui capte l'activité neuronale associée à la parole. Celle-ci est ensuite transmise en temps réel à une unité audio synthétisée, qui convertit les pensées en paroles audibles. Le dispositif utilise un enregistrement de la voix de la patiente avant son accident pour produire un son plus naturel.

Dans une vidéo, Ann lit une phrase qui apparaît sur un écran, puis la répète. Si la parole est encore lente et hésitante, les auteurs de l'étude assurent que des améliorations viendront rapidement.

Rendre les échanges fluides et spontanés

Ce qui est réellement novateur, c'est la méthode de « streaming » employée par les chercheurs. Concrètement, cela permet de traiter de courtes fenêtres d'activité neuronale, ce qui évite les délais prolongés.

« La communication orale naturelle est instantanée. Les retards de parole de plus de quelques secondes peuvent perturber le flux naturel de la conversation. Il est donc difficile pour les personnes paralysées de participer à un dialogue constructif, ce qui peut entraîner un sentiment d'isolement et de frustration », expliquent les scientifiques Kaylo Littlejohn et Cheol Jun Cho de l'université de Californie à Berkeley, qui ont participé à l'étude parue dans la revue Nature.

De même, cette neuroprothèse ne nécessite pas que le patient tente de formuler une phrase entière avant de la convertir en paroles, permettant une manière de communiquer plus spontanée. « Le fait de pouvoir s'exprimer à volonté et de manière fluide grâce à une communication en temps réel et à faible latence fait partie intégrante de notre sentiment d'identité et d'appartenance, qui est gravement diminué chez les personnes atteintes d'anarthrie », poursuivent les chercheurs. Ils estiment que leur technologie constitue une « étape majeure » vers des dispositifs capables de restaurer la parole.

Sources : Nature, 404 Media