Les annonces du type « Pour les serveurs FR, vend 1000 Gold Horde ou Alliance » devraient bientôt ne plus avoir droit de séjour sur le site de vente aux enchères eBay. Si les jeux en ligne massivement multijoueur tels que World Of WarCraft se révèlent une manne financière pour leurs éditeurs, ils sont également à l'origine d'une véritable économie parallèle, qui ne va pas sans entraîner un certain nombre de dérives.
Après avoir consciencieusement hanté les terres virtuelles de leurs univers persistants préférés pendant des jours et des jours, de nombreux joueurs ont compris qu'ils pouvaient tirer parti de l'expérience acquise, et commercialiser le fruit de leurs centaines d'heures de jeu. C'est ainsi qu'il n'est pas rare de trouver sur eBay des personnages, des objets magiques, des armes ou des pièces d'or, proposés à la vente par des joueurs qui souhaitent faire fructifier le fruit de leurs efforts.
Le marché se révèle si lucratif que certains en ont fait un véritable métier. La découverte en Chine, voilà quelques mois, de « fermes » de joueurs employés à gagner des pièces d'or et faire progresser des personnages au sein de World Of WarCraft, dans le seul but de les commercialiser sur eBay, avait stigmatisé le phénomène. Bien réel, celui-ci générerait entre 250 et 280 millions de dollars par an selon les experts. En théorie, la vente d'objets virtuels (RMT, ou Real Money Trade), est interdite par les éditeurs de jeux même si en pratique, elle semble tolérée tant qu'elle reste relativement discrète.
Bien que ce genre de commerce profite aux activités d'eBay, principal relais de cet échange de marchandises virtuelles contre des sommes d'argent bien réelles, la plateforme semble donc décidée à y mettre fin. Raison invoquée : le risque de fraude est trop important, car il est bien plus difficile de prouver qu'un bien virtuel a bien été livré que lorsqu'il s'agit d'une marchandise réelle. D'après certains spécialistes, il pourrait plutôt s'agir pour eBay de se prémunir de la vindicte des éditeurs, le jour où ces derniers décideront de s'attaquer pour de bon à ce système. Afin de le réguler, et d'en récolter les éventuelles retombées financières, certains éditeurs ont choisi d'orchestrer eux-mêmes le trafic des biens virtuels issus de leurs jeux.
En attendant que de réelles mesures soient prises par eBay, de nombreuses annonces émanant de Chine proposent toujours d'acheter quelques centaines de pièces d'or virtuelles pour quelques dizaines de bons dollars sonnants et trébuchants.