Mis en ligne lors du Salon des Solutions Linux, le site Candidats.fr fait entrer les libertés numériques et le logiciel libre dans la campagne présidentielle 2007. Interrogé par NetEco, Frédéric Couchet, délégué général de l'Association pour la promotion et la recherche en informatique libre (APRIL), précise les objectifs de l'action.
AB - Pensez-vous qu'à travers une initiative comme Candidats.fr, les logiciels libres et les droits numériques puissent devenir des thématiques fortes de la campagne présidentielle 2007 ?
FC - Comme le rappelle Richard STALLMAN (ndlr: fondateur du projet GNU et de la Free Software Foundation), toutes les libertés dépendent de la liberté informatique. Celle-ci n'est pas plus importante que les autres libertés fondamentales, cependant, au fur et à mesure que les pratiques de la vie basculent sur l'ordinateur, nous en avons davantage besoin pour maintenir d'autres libertés. Par ailleurs, des choix cruciaux conditionnant, en partie, l'avenir du logiciel libre vont devoir être faits par les pouvoirs publics dans les années à venir. Dans ce contexte, l'APRIL souhaite qu'à travers Candidats.fr, prolongement de l'initiative EUCD.info, le logiciel libre et les droits numériques deviennent une des thématiques fortes de la campagne présidentielle française mais également des élections législatives 2007.
AB - Les principaux partis politiques étaient présents lors du keynote d'ouverture du Salon des Solutions Linux, le 30 janvier 2007. Tous ont signalé que leurs candidats, de Ségolène Royal (PS) à Nicolas Sarkozy (UMP), vont répondre au questionnaire accessible sur Candidats.fr. Qu'entendez-vous démontrer à travers cette opération ?
FC - Nous entendons, d'abord, mettre un outil à la disposition de la communauté française du logiciel libre pour faire prendre conscience aux responsables politiques du nombre d'utilisateurs français de ces logiciels et de l'importance que ces individus attachent à l'avenir du logiciel libre. C'est pourquoi nous invitons les citoyens à signer la déclaration d'utilisation demandant à ce que les droits des développeurs et des utilisateurs de logiciels libres soient pris en compte par le législateur, et que les pouvoirs publics encouragent l'utilisation, la production, et la diffusion de logiciels libres.
Le site Candidats.fr a également pour objectif de permettre à chacun d'avoir les élements de compréhension et de débat sur des problématiques parfois complexes et techniques, puis de faire son choix en conscience. C'est la raison pour laquelle le site propose des argumentaires, un questionnaire à destination des candidats et des propositions concrètes.
Le questionnaire vise à obtenir des candidats qu'ils définissent leur vision du logiciel libre, qu'ils prennent clairement position sur différentes propositions concrètes. Candidats.fr offre l'opportunité aux présidentiables de sortir de la simple posture de soutien au logiciel libre qui n'engage en rien.
AB - Les directions informatiques des entreprises et des administrations publiques privilégient désormais un modèle mixte : logiciels commerciaux et logiciels libres au code ouvert. Le monde des affaires et les communautés de développeurs du libre peuvent-ils s'entendre ?
FC - Il n'y a pas d'opposition entre logiciels libres et logiciels commerciaux. Le logiciel libre s'oppose au logiciel propriétaire. Un logiciel commercial peut être libre ou non libre en fonction de sa licence. Au début des logiciels libres, la plupart étaient des logiciels développés sans vocation commerciale. Mais aujourd'hui de très nombreux logiciels libres sont développés par des entreprises avec une vocation commerciale. Le monde des affaires et les communautés de développeurs du libre travaillent en synergie depuis plusieurs années.
Ce qui est nouveau, disons depuis 2006, c'est la prise de conscience des entreprises. Elles ont compris qu'il est fondamental de préserver un cosystème politique et jurdidique favorable au logiciel libre. C'est la raison pour laquelle de nombreuses entreprises ont rejoint récemment l'APRIL, confirmant ainsi l'importance de nos actions pour l'ensemble des acteurs du logiciel libre.
AB - Frédéric Couchet, merci.