L'offre de musique numérique légale sur Internet se développe de façon satisfaisante mais elle ne dispose pas encore des moyens qui lui permettraient de contrer efficacement le piratage des oeuvres musicales ou de compenser la baisse des ventes de musique physique. Telle est en substance la conclusion d'un rapport remis vendredi dernier par le Comité de suivi de la Charte Musique et Internet (CMSCMI) au ministère de la Culture. Basé sur différentes études d'organismes tels que l'Idate ou GFK, ce bilan d'étapes dresse un état des lieux du marché de la musique en ligne en France, trente mois après la signature de la Charte Musique et Internet. Les ministères de l'Industrie et de la Culture et diverses sociétés d'auteur ont adhéré à cette charte, cosignée par les principaux fournisseurs d'accès à Internet français.
La musique se consomme désormais sous forme numérique, un phénomène amplifié par les très bonnes ventes de baladeurs numériques (six millions d'unités en 2006, GFK) et la pénétration grandissante du haut débit. Alors que tous devraient désormais se tourner vers les offres légales de téléchargement en ligne, les ventes restent pénalisées par le téléchargement illégal, pratiqué par plus d'un internaute sur deux (Idate). Et pourtant, 10% des foyers français sont équipés d'un baladeur MP3 compatible avec un système de DRM (GFK, octobre 2006) tandis que l'offre légale de musique en ligne dépasse désormais 1,2 millions de titres. Du fait d'une ouverture à l'international, certains services sont même en mesure d'afficher un catalogue de plus de deux millions de titres sur les quelque quatre millions disponibles au niveau mondial (Ifpi, fin 2006).
Principal problème : les consommateurs français ne veulent pas payer pour la musique numérique. « Parmi les internautes français ne pratiquant pas le téléchargement payant, il apparaît que près de 40% d'entre eux sont fortement réticents à l'idée de payer des contenus téléchargés, et ce taux passe à plus de 60% chez les jeunes internautes de 20 ans et moins », indique le rapport, citant l'Idate, en précisant toutefois que 60% des internautes « pourraient se convertir ».
Comment les inciter ? Le prix semble être le principal obstacle à l'adhésion du grand public bien que, d'après les auteurs du rapport, des offres réellement attractives existent. Autrement dit, le problème ne viendrait donc pas du prix, mais d'un « manque d'information des internautes sur la tarification des services et une mauvaise visibilité de la politique tarifaire des opérateurs des services de téléchargement ». Les problèmes relatifs à l'interopérabilité ou aux mesures techniques de protection des oeuvres numériques (DRM) restent au coeur des débats sur la stagnation du marché, remarquent par ailleurs les auteurs du rapport. Après des déclarations fracassantes comme celles de Steve Jobs ou des prises de position tranchée, pour ou contre les DRM, le secteur aspirerait désormais à la future Autorité de régulation des mesures techniques, instaurée par la loi DADVSI.
Forts de ce constat, les membres du CSCMI souhaitent que soient étudiées les questions suivantes, afin de participer à l'effort de valorisation de la musique légale : régulation du trafic et responsabilité de l'abonné pour lutter contre le piratage, implication de l'Education nationale dans les actions de prévention, actions de promotion de l'offre légale et étude de nouveaux modes de paiement. Enfin, ils demandent que soient étudiées les modalités d'un soutien fiscal et social à la filière musicale « dans un contexte de crise extrême ».
Charte Musique et Internet : un bilan contrasté
Publié le 26 mars 2007 à 17h28
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