Le virage à 180° des outils de BI (business intelligence) financiers vers des outils de pilotage opérationnels : très souvent utilisés comme des solutions d'analyse et de reporting financier à destination du top management des entreprises, les outils de BI connaissent aujourd'hui une évolution croissante et se démocratisent au sein de l'entreprise. En effet, bien que fondamentale, l'approche financière de la BI ne représente qu'un maillon de la chaîne. Elle n'offre qu'une vision de la performance économique, sans analyser ni mesurer les succès opérationnels ni les points d'amélioration expliquant cette performance globale (vecteurs à surveiller attentivement pour améliorer la productivité dans son ensemble).
Conscients de ce constat, le top Management et les DSI (directions des systèmes d'information) recherchent aujourd'hui à étendre à toute l'entreprise des solutions dites « de pilotage opérationnel » adressées à des utilisateurs spécifiques. A ce stade, il convient de bien analyser les composantes organisationnelles des entreprises pour proposer des indicateurs de performance en phase avec leur activité (production, logistique, administrative...) Cette accélération de la migration des solutions de BI s'explique également par la mouvance constante des entreprises (rachat, ouverture de nouvelles filiales, etc.), la logique de 'time-to-market' toujours plus rapide, mais également par la diversification croissante du métier des entreprises qui veulent mieux se différencier.
C'est alors que les nouveaux systèmes décisionnels « métiers » prennent tout leur sens. En effet, véritables « packages », ils offrent en une application unique : technologie de pointe intuitive et logique propre à chaque activité (indicateurs métiers, visibilité ciblée en fonction des utilisateurs et des responsabilités). Loin de la vision exclusivement financière des systèmes de BI traditionnels, leur objectif est de permettre au middle management et aux opérationnels de piloter leur activité au plus juste et en totale synergie avec les autres composantes de l'entreprise, pour prendre les bonnes décisions au bon moment. On constate, par exemple, l'émergence d'offres dédiées aux DSI des entreprises soucieuses de piloter la performance de leurs SLA (accords sur la qualité de service), ou à destination des professionnels de santé.
En descendant dans l'entreprise, les solutions décisionnelles se positionnent de ce fait comme les nouveaux outils de la gouvernance opérationnelle. Elles doivent être réellement intuitives pour être acceptées (un travail sur l'ergonomie est très important) et, pour qu'elles soient totalement pertinentes, il convient de faire évoluer les mentalités chez les différents fournisseurs du marché. En effet, qui dit « métier » dit « expertise, savoir-faire ». Or, la caractéristique première d'un éditeur est, par définition, de développer des solutions technologiques.
Il paraît donc incontournable de créer des ponts entre les éditeurs et les experts opérationnels (cabinets, consultants, etc.) qui, avec les équipes techniques des fournisseurs, contribueront à packager des offres alignées sur les métiers des entreprises. Sans ces tandems de raison, les offres proposées se réduiraient à de simples packs marketing.
Fort de ce constat, on comprend parfaitement les nouvelles attentes des entreprises et leur souhait d'accéder à des outils transversaux leur permettant d'avoir une vue d'ensemble des performances, mais également de sensibiliser les opérationnels sur les performances par 'business unit', et parfois même par individu. Les fournisseurs de solutions de BI devront donc nécessairement gérer cette mutation et proposer des plates-formes unifiées, combinant données stratégiques et opérationnelles. Gageons que cette évolution devrait rapidement créer de nouveaux positionnements sur le marché et l'émergence de spécialistes et référents de l'approche métier !
Matthieu Chabeaud, directeur associé, Prelytis.
