OpenSocial : Un réseau pour les réunir tous ?

Jérôme Bouteiller
Publié le 09 novembre 2007 à 13h38
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Roi des moteurs de recherche avec une part de marché estimée à plus de 86% selon une récente étude comScore, Google est par contre un acteur plutôt secondaire sur le dynamique segment des réseaux sociaux. Selon une étude publiée cet été par ce même comScore, le marché est en effet dominé par le trio MySpace (114 millions de visiteurs en juin 2007), FaceBook (52 millions de visiteurs uniques) et Hi5 (28 millions). Avec 24 millions de visiteurs uniques par mois, Orkut, le réseau social de Google et portant le nom de l'un de ses salariés (Orkut Buyukkokten), doit se contenter d'une cinquième place, derrière un pionnier comme Friendster (24,6 M) mais devant Bebo.com, qui rassemble plus de 18 millions d'internautes à l'échelle globale. Pire, Orkut n'est leader qu'au Brésil et s'est complètement fait éclipser par MySpace, Bebo ou Facebook sur les marchés occidentaux, ce dernier affichant d'ailleurs un taux de croissance explosif de 3% par.. semaine.

Facebook, un réseau social + une plate-forme logicielle

Même si le leader en audience reste MySpace, la véritable menace pour Google vient d'ailleurs de ce fameux Facebook créé par Marc Zuckerberg, un site qui a inauguré au printemps dernier F8, une plate-forme logicielle ouverte aux éditeurs tiers et ayant déjà attiré plus de 6000 applications. Une ouverture contre carrant clairement les ambitions de Google dans l'univers des logiciels en ligne (Saas : Software as a service) mais également dans la publicité puisque Facebook s'est récemment associé avec Microsoft avant de lancer sa propre solution de publicité comportementale baptisée Social Ads.

De Maka-Maka à Google OpenSocial

Conscient de la menace stratégique que représente Facebook tant dans la publicité que dans le développement logiciel, Google a ainsi imaginé une vaste contre offensive, longtemps baptisée "Maka-Maka", et reposant non seulement sur l'ouverture de son réseau social Orkut à des applications tiers mais également à l'exportation de ces mêmes applications sur d'autres réseaux sociaux. Mené par Jeff Huber,vice-président du département ingénieurs, en charge des applications Google, un projet finalement dévoilé le 2 novembre dernier sous le nom "OpenSocial".

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Dès le lancement, OpenSocial frappe fort avec plusieurs dizaines de partenaires. Outre des éditeurs comme Slide, iLike, Flixter ou RockYou jusqu'à présent plutôt actifs sur F8, OpenSocial réunit dès son lancement la plupart des concurrents de Facebook tels que Hi5, Hyves, Ning, Plaxo et même MySpace, un leader en audience acceptant docilement de s'aligner sur le puissant Google.

«Avec le lancement d'OpenSocial, c'est la première fois que plusieurs réseaux sociaux sont accessibles via une API commune. Pour les développeurs, cela présente le double avantage d'une simplification et d'une plus grande efficacité du développement et de la distribution. Le Web a tout à y gagner, et nous commençons tout juste à entrevoir les possibilités offertes par l'introduction d'informations sociales dans différents contextes. Bon nombre d'innovations verront le jour dès que les développeurs disposeront d'un moyen standard de propager l'exécution des applications de réseautage social à de nouveaux environnements. Nous espérons que, grâce à la contribution des internautes, OpenSocial deviendra un ensemble de technologies standard pour rendre le Web plus convivial.» explique Jeff Huber.

OpenSocial ne se limite d'ailleurs pas aux seuls réseaux sociaux grand public puisque l'alliance inclut également des réseaux professionnels comme LinkedIn, Xing ou Viadeo, ainsi que des éditeurs de progiciels : Oracle et SalesForce.com, connus pour leurs ambitions dans le Saas. «Nous voulons ainsi encourager les développeurs tiers à créer des applications professionnelles pour les marchés verticaux» explique Dan Sarfaty, Co-fondateur de Viadeo.

Les limites d'OpenSocial

Coup de maitre sur le plan stratégique, OpenSocial n'en reste pas moins critiqué. "Nouveau service ? Non pas tout à fait. En fait il s'agit d'un ensemble de connecteurs (API) qui servent à lier ensemble différents réseaux sociaux mais aussi différentes applications en ligne" relativise Fred Cavazza, un consultant spécialisé dans le Web 2. Sur son blog, le journaliste Francis Pisani a également regroupé plusieurs critiques comme celle de Jack Schofield, blogueur pour TheGardian, n'estimant que OpenSocial ne saura réunir que des widgets ou encore celle de Shelley Powers, développeuse, rappelant qu'OpenSocial est certes ouvert mais que cette API reste sous le contrôle de... Google.

Même si l'alliance avec MySpace semble donner l'avantage à Google, OpenSocial n'inclut toutefois pas les deux acteurs globaux que sont Microsoft et . Chez Microsoft, dont le partenariat stratégique avec Facebook se limite pour le moment uniquement au terrain publicitaire, on laisse entendre que d'autres discussions pourraient porter sur le terrain technologique même si, pour le moment, rien ne s'est encore concrétisé. Le groupe poursuit en outre sa propre stratégie dans les services communautaires, transformant ainsi ses blogs Spaces et surtout sa solution Messenger en véritable réseau social regroupant à l'échelle globale plus de 250 millions d'utilisateurs.

Même réserve chez Yahoo, qui semble également privilégier ses propres outils communautaires ainsi qu'un partenariat avec le troisième acteur du marché. "Nous avons aussi plusieurs applications innovantes dans les réseaux sociaux, par exemple Flickr, notre service de partage de photos, ou Questions et Réponses qui remporte un grand succès. Mais nous voulons socialiser plus encore. Pour notre part, nous avons préféré un partenariat avec Bebo." expliquait ainsi la semaine dernière Jerry YANG, PDG de Yahoo dans un entretien pour LeFigaro.

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Un clivage technologique et stratégique entre grandes plates formes qui conforte d'ailleurs le français Netvibes dans son idée de widget universel. "Le lancement d'OpenSocial a beaucoup fait parler de lui ces derniers jours. En tant que partenaires de lancement, nous reconnaissons qu'il s'agit là d'une excellente initiative, bien que cela ne réponde pas à la question principale : quid du conteneur d'applications ? Les développeurs devront-il coder plusieurs versions de leur applications en utilisant différents conteneurs en fonction de la plateforme ?" s'interroge Tariq KRIM, PDG de Netvibes, une société qui devrait ainsi prochainement dévoiler "Ginger", une solution permettant de porter un même Widget sur l'ensemble des plates-formes du marché : iGoogle, Yahoo, Windows Vista, Dashboard mais également OpenSocial de Google et F8 de Facebook.

Derrière les standards technologiques, la publicité ciblée

OpenSocial ? Facebook F8 ? microsoft-windows-live ? Yahoo/Bebo voire NetVibes ? Cette rivalité entre grandes plates-formes pour attirer les développeurs peut se comprendre car le gagnant pourra sans doute régner dans l'univers des applications en ligne, de la même manière que Microsoft règne sur celui du logiciel depuis près de 20 ans. Mais à la différence de Windows ou d'Office, dont les licences rapportent plus de 40 milliards de dollars par an à Microsoft, les promoteurs des réseaux sociaux ciblent le marché publicitaire en ligne, un budget représentant déjà plus de 50 milliards de dollars cette année, et qui devrait encore se développer à mesure que l'ensemble du marché de la communication (1000 milliards de dollars) basculera dans le numérique.

"OpenSocial, c'est la guerre pour le grand réseau de publicité sociale, évidemment" rappelle Marc Andreesen, actuel PDG de Ning, membre d'OpenSocial, et qui connait bien le sujet puisque sa première société Netscape, avait longtemps dominé l'univers des navigateurs web et des portails, avant d'être rattrapée par Microsoft et rachetée par AOL... Reste à savoir si le rapprochement entre Microsoft et Facebook permettra à l'histoire de se répéter...
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