“Le WIMAX va-t-il faire disparaître le WiFi ? “ une tribune de Fabrice Jonvel

Jérôme Bouteiller
Publié le 07 février 2008 à 15h33
Responsable Commercial chez Bluesafe, Fabrice Jonvel propose cette tribune libre au sujet de la technologie de transmissions de données sans-fil Wimax.

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Fabrice Jonvel
Récemment recommandée par le récent Rapport de la Commission pour la libération de la croissance française, plus connu sous l'appellation Rapport Attali, l'utilisation du WIMAX est en passe d'étendre les possibilités du nomadisme et de la mobilité, grâce à des débits et une qualité de services supérieurs au WiFi.

Retour sur le présent...
D'après les chiffres de l'association Wireless Link le marché des abonnements à des réseaux WiFi est estimé à plus d'un milliard d'euros en 2006 et la France compte plus de 37 000 hotspots WiFi selon le rapport réalisé pour l'ARCEP en 2006 par le Cabinet Sagatel. La France occupe d'ailleurs, toujours selon Wireless Link, la deuxième position mondiale derrière les Etats-Unis.

Ce développement est un véritable succès puisque l'on peut y ajouter les déploiements des réseaux WiFi professionnels (collectivités, entreprises, hôtels, gares, commerçants, etc.) et ceux des particuliers. Bref, aujourd'hui, il est possible de trouver du WiFi dans la quasi-totalité des zones urbaines. Le principal intérêt du WiFi est de s'affranchir de la connexion filaire et donc de proposer un accès à Internet ou tout autre réseau IP dans une situation de mobilité.

Cependant ce développement rencontre depuis quelques temps de nombreux obstacles qui posent ou vont poser des problèmes à plus ou moins brève échéance.

Interférences, problèmes de connexion : accroissement de la pollution radio
L'un des principaux problèmes que rencontre le développement du WiFi, la pollution radio, vient en fait de son succès. Comment définir cette pollution ? Petits rappels techniques sur le fonctionnement du WiFi. Pour qu'une borne WiFi communique avec les postes mobiles connectés dans les meilleures conditions, elle doit profiter d'un canal libre de toute interférence ou de toute autre transmission WiFi. Un canal est une petite plage de fréquence comprise entre 2.4 GHz et 2.484 GHz pour le WiFi type 802.11bg, le plus répandu, et 5.150 GHz et 5.725 GHz pour le WiFi type 802.11a, présent principalement en entreprise. Le nombre de plage est limité à 13 pour le 2.4 GHz et 19 pour le 5 GHz.

Même si la législation de l'ARCEP définit des puissances d'émissions maximales pour assurer le bon voisinage des propriétaires et utilisateurs de bornes WiFi, il est difficile de limiter leur propagation. C'est d'autant plus vrai lorsque la densité de bornes WiFi augmente pour une surface limitée. A partir d'un certain seuil de concentration, tous les canaux sont occupés voir interfèrent les uns sur les autres (en 2.4 GHz).

L'une des solutions utilisées par certains consiste à augmenter la puissance du signal de la borne WiFi, parfois au-delà des maximums légaux. Comme pour les nuisances sonores, cette escalade du volume débouche sur une belle cacophonie dans laquelle plus personne ne s'entend discuter. Aujourd'hui, un quartier résidentiel à forte densité d'habitants comporte de plus en plus une forte présence d'accès ADSL WiFi et dépasse ou dépassera le seuil de concentration d'équipements WiFi à partir duquel tous les canaux sont occupés : c'est la pollution radio.

Ce phénomène est également présent au sein des entreprises mais l'origine est très différente. La pollution radio en entreprise est la conséquence d'une mauvaise conception et/ou d'un mauvais agencement des bornes WiFi qui constituent le réseau multi-cellules WiFi de cette dernière.

La pollution radio est, en règle générale, le résultat d'un agencement chaotique des bornes WiFi. Elle peut être réglée en entreprise avec une bonne ingénierie. Mais comment régler ce problème chez soi ? Allez voir tous ses voisins pour mieux choisir ses canaux et ses puissances ? Appeler la police pour tapage nocturne ou diurne WiFi ? Autant de pistes improbables.

Le WIMAX, solution idéale ?
Il n'est pas étonnant lorsque l'on met en avant l'ensemble des freins que rencontre actuellement le WiFi et qui risquent de s'amplifier dans les années à venir, que les opérateurs comme les constructeurs se tournent vers d'autres technologies et plus particulièrement vers le WIMAX. Historiquement, c'est en 2001 que l'IEEE publia la norme 802.16. Mais, trop conceptuelle, trop éloignée de la réalité des besoins et des réglementations, celle-ci ne donna jamais lieu au développement de véritables technologies.

L'engouement pour le Wi-Fi a relancé les réflexions sur le 802.16 et sous un angle beaucoup plus pragmatique. La première réflexion a tourné autour du nouvel amendement 802.16a appelé aussi WIMAX (Worldwide interoperability for Microwave Access).

Validé fin 2002, le WiMAX permet d'émettre et de recevoir des données dans les bandes de fréquences radio de 2 à 11 GHz. Cette technologie dans sa version 802.16a est avant tout destinée aux opérateurs voulant déployer des réseaux à faible coût. Le Wi-Fi est aux réseaux locaux ce que le WiMAX 802.16a est aux réseaux longue distance. Le WIMAX a pour objectif d'établir la liaison sur le “dernier Kilomètre“ ou d'être utilisé pour la réalisation de MAN radio (WMAN - wireless-metropolitan-area Network), plus connu aujourd'hui sous l'appellation BLR Boucle Locale Radio. Mais, poussés par de grands constructeurs, les débats de l'IEEE se sont progressivement orientés vers un WIMAX concurrent du Wi-Fi sous la norme 802.16e.

Depuis la fin 2005, cette dernière est finalisée. Elle est présentée comme une alternative plus performante que les normes Wi-Fi actuelles. Pas étonnant donc que son utilisation soit recommandée par le Rapport de Attali et que les équipementiers se penchent sur une évolution du WIMAX directement concurrente des technologies mobiles actuelles et plus particulièrement des réseaux téléphoniques cellulaires. Le véritable frein de ce nouveau WIMAX concurrent du WiFi est un cadre légal d'utilisation inexistant. Aucune plage de fréquence n'est pour l'instant allouée par le régulateur. Mais pour combien de temps ? En effet, sous l'impulsion politique du gouvernement, cette situation peut changer très rapidement.

WIMAX, vers la mobilité globale ?
Le WIMAX fait ses preuves pour couvrir de très large zone en extérieur. Il pourrait bientôt faire de même dans nos domiciles et nos entreprises. On peut donc très sérieusement envisager que le WIMAX pourrait marquer la fin de l'aventure du Wi-Fi mais également celle de la 3G. Des applications stratégiques telles que la Voix sur IP et le multimédia n'attendent que cela. Le WIMAX pourrait ainsi être le catalyseur d'une explosion des réseaux actuels sous toutes leurs formes.

Depuis 2002, le WiFi séduit par sa liberté de mise en œuvre et nous profitons de cette mobilité jusqu'à en devenir aussi dépendant que pour la téléphonie GSM. Comment faire pour continuer à en tirer le meilleur bénéfice dans les mois et les années à venir ? Va-t-on vers la fin de cette liberté de mise en œuvre, contraint par l'envie de profiter à nouveau de cette mobilité ? Sera-t-on prêt à payer un peu plus pour retrouver ce confort ? Possible. Mais payer pour quoi ? Peut-être une liaison WIMAX de nouvelle génération bien orchestrée par les opérateurs détenteurs des licences d'exploitation décernées par l'ARCEP. Notre Box ADSL WiFi va-t-elle se transformer en Box ADSL WIMAX ? C'est probable si l'ordre ne revient pas dans le monde du WiFi. Et pour l'entreprise qu'en est-il ? Les enjeux financiers sont considérables pour les fabricants d'équipements, les opérateurs et les SSII.
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