Bruno Le Maire

Le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance a confirmé, lundi soir à la télévision, que l'État ne laissera pas la compagnie nationale s'enfoncer dans la crise.

Bruno Le Maire était l'invité principal de BFMTV, lundi soir, pour répondre aux inquiétudes des particuliers et professionnels au sujet de la crise que traversent les Français lors d'une émission spéciale, Quoi qu'il en coûte, nom donné en référence à la politique gouvernementale, qui entend sauver l'économie peu importe ce que cela lui coûtera. Durant le programme, le ministre a notamment été questionné par le président-directeur général de l'Association internationale du transport aérien (IATA), Alexandre de Juniac, sur la crise qui frappe le secteur aérien, l'un des plus durement touchés par la pandémie de Covid-19.

« Nous continuerons de soutenir notre compagnie nationale. C'est une question de souveraineté nationale », assure Bruno Le Maire

Rappelant que le secteur de l'aéronautique est l'un des plus dynamiques et des plus avancés en France sur le plan technologique, Bruno Le Maire en a profité pour réitérer le soutien du gouvernement envers Air France, qui a annoncé en juillet dernier la suppression d'environ 8 000 postes, notamment dans sa filiale Hop.

Le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance est même allé plus loin en affirmant être prêt, ainsi que l'État, à renforcer le soutien apporté à la compagnie nationale.

« S'il y a besoin, à moment donné, d'un soutien financier supplémentaire à Air France, nous apporterons un soutien financier supplémentaire à Air France. Nous continuerons de soutenir notre compagnie nationale. C'est une question de souveraineté nationale, d'avoir notre propre compagnie aérienne », a précisé, très calmement, le pensionnaire de Bercy, soulignant au passage que plusieurs dizaines de milliers d'emplois étaient à la clé sur le secteur.

La suppression des vols internes remplaçables par le ferroviaire confirmée

L'État a déjà volé une première fois au secours d'Air France, en octroyant à la compagnie un prêt direct de 3 milliards d'euros et une garantie sur les prêts bancaires à hauteur de 4 milliards d'euros, pour un total de 7 milliards d'euros comme soutien financier. Un montant « qui ne sera pas suffisant », prévient d'ores et déjà le ministre. Et ce « parce que le transport aérien n'a pas repris ».

À force d'assister à la plongée du secteur et aux difficultés de la compagnie, certains en viennent à se demander si une renationalisation d'Air France ne serait pas préférable. « On n'en est pas là. Je ne pense pas que ce soit forcément la meilleure option pour le groupe », a répondu Bruno Le Maire.

En échange de ce prêt de 7 milliards d'euros (en attendant plus), Air France doit satisfaire à certaines obligations, parmi lesquelles la redirection de sa politique vers un transport aérien vert, et la contribution au développement de l'avion à hydrogène, pour lequel l'État va investir plusieurs milliards d'euros. Alexandre de Juniac, ancien patron d'Air France-KLM, qui salue les divers plans de soutien, craint malgré tout que les contraintes qui découlent de ce plan d'aides soient trop lourdes pour les acteurs du secteur. Le P.-D.G. de l'IATA pense notamment à la suppression de certaines dessertes en France. Mais Bruno Le Maire reste sur sa position. « Il n'est pas cohérent d'avoir dépensé tant d'argent public pour mettre Bordeaux à deux heures de Paris par une ligne à très grande vitesse tout en gardant une ligne intérieure assurée par le transport aérien. Nous supprimerons toutes les lignes intérieures aériennes dès lors qu'il existe une alternative par le train de moins de deux heures trente », a affirmé le ministre, tout en réfutant l'idée de taxes supplémentaires envers le secteur.

Qu'en pense-t-on chez Clubic ?

L'État ne laissera clairement pas tomber Air France. La compagnie, déjà à terre après une première vague destructrice, ne parviendra donc pas à se relever, même avec une aide (sous forme de prêt, rappelons qu'il ne s'agit pas d'un cadeau) pourtant très conséquente de 7 milliards d'euros. C'est dire la difficulté dans laquelle la compagnie fleuron française se trouve. Et la suppression rapide annoncées des vols internes courts pouvant être palliés par le ferroviaire ne devrait pas arranger les affaires du groupe Air France-KLM, qui se dirige peut-être bien, à terme, vers une nationalisation.