Déjà durement frappée par la crise du Covid-19, la compagnie britannique a vécu une riche semaine, symbolisée par une rentrée d'argent qui va (un peu) faire respirer sa trésorerie.
Comme toutes les autres compagnies aériennes d'importance, easyJet a connu un premier semestre très difficile, pour ne pas dire effroyable, avec des appareils cloués au sol durant de nombreuses semaines, qui d'ailleurs reprendront enfin du service à compter de la semaine prochaine. En attendant, le transporteur a pu faire ses comptes, non sans que son attention soit sollicitée ailleurs.
Une trésorerie renforcée
Le 24 juin, easyJet a confirmé que son bilan semestriel serait forcément entaché de pertes, pertes qui mettent l'entreprise dans l'embarras et qui ont conduit à une restructuration des effectifs avec l'annonce, le mois dernier, de la suppression prochaine de 4 500 postes en vue de réduire la voilure. Au premier semestre fiscal, le transporteur a perdu 353 millions de livres (contre 272 millions l'année précédente)
Le lendemain, jeudi 25 juin, la compagnie à bas coûts a annoncé avoir réussi une levée de fonds de 419 millions de livres sterling (soit 462 millions d'euros) pour renforcer sa trésorerie. On évoque ici un peu moins de 15% du capital d'easyJet, qui a reçu dans l'opération le soutien de ses actionnaires. Le placement (l'augmentation de capital) a été rondement menée, avec une décote de 5%.
Avec cette levée de fonds, la compagnie bénéficiera d'environ 3 milliards de livres de liquidités, qui vont lui permettre d'aborder l'avenir plus sereinement, jusqu'à un retour à la normale que le PDG Johan Lundgren n'attend pas avec 2023.
Un parallèle avec la mafia provoque un tollé en Italie
Cette semaine, EasyJet a dû composer avec un bad buzz italien. Sur place, une campagne marketing visant à faire la promotion de la Calabre, région située à l'extrême sud de l'Italie, a fait grincer des dents. "Pour un aperçu authentique de la trépidante vie italienne, rien de mieux que la Calabre. Cette région souffre de l'absence de touristes du fait de son histoire, des activités mafieuses et des tremblements de terre, et du manque de villes iconiques comme Rome et Venise, capables d'attirer les fans d'Instagram."
Le message, qui se veut être séducteur, n'a pas vraiment fait sourire de l'autre côté des Alpes, et plus particulièrement dans la région, terre d'adoption de Pythagore et des vestiges grecs de la Magna Grecia. L'affaire a pris une telle ampleur que les autorités ont demandé à easyJet de présenter ses excuses. Et le sénateur du parti Italia Viva, Ernesto Magorno, de présenter la Calabre comme "une terre qui accueille et qui, avec tout le respect pour ceux qui écrivent le contraire, ne souffre pas de l'absence de touristes."
Face à la grogne, easyJet a bien présenté ses excuses, évoqué une maladresse dans le ton et procédé à la mise à jour du texte de présentation de la région, desservie depuis le 15 juin par la compagnie via l'aéroport de Lamezia Terme.
La vaste cyberattaque du début d'année, comme un boulet au pied d'easyJet
EasyJet fait également face à une action collective menée par le cabinet international PGMBM et qui rassemblerait 10 000 personnes. La plainte, déposée au mois de mai devant la Haute cour de Londres, fait suite à l'attaque informatique majeure subie par le transporteur seulement dévoilée au mois de mai, qui avait conduit à l'exposition des données personnelles de 9 millions de ses clients. 2 208 clients s'étaient fait dérober leurs données bancaires, y compris le numéro CVV que l'on retrouve au dos des cartes.
Les plaignants réclament une compensation "pour les inconvénients, la détresse, la gêne et la perte de contrôle" de leurs données, au titre de l'article 82 du Règlement général sur la protection des données (RGPD), dont la Commission européenne vient de vanter les mérites. Le cabinet d'avocats considère que chaque client a droit à un dédommagement à hauteur de 2 000 livres.
EasyJet risque gros dans cette affaire. La faille fut conséquente et la compagnie, qui avait fait fi des alertes adressées par le bureau du commissaire à l'information du Royaume-Uni en début d'année, avait alerté ses clients très tardivement, plus de 4 mois après l'attaque. En 2019, British Airways avait écoupé d'une amende de 183 millions de livres pour un vol de données financières qui avait touché plusieurs centaines de milliers de clients en 2018.
En attendant, le transporteur britannique se concentre sur la reprise de l'activité. Ses vols à destination de Paris, Barcelone et Milan devraient reprendre à compter de mercredi prochain.