© DoraDalton / iStock
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Alors que la Convention citoyenne pour le climat avait proposé d'interdire les liaisons aériennes de moins de 4 heures, le gouvernement a opté pour un compromis plus court pour des raisons tant économiques que pratiques.

Peu satisfaisante pour les associations environnementales, cette mesure est également décriée par le secteur aérien, qui considère que la SNCF obtient un monopole préjudiciable aux passagers.

Le TGV comme alternative

Décidée à la suite des travaux de la Convention citoyenne pour le climat, la loi Climat 2021 interdit les vols intérieurs de moins de 2 h 30, mais pas sans conditions. D'abord, il doit exister une alternative ferroviaire « entre les gares desservant les mêmes villes que les aéroports concernés ». Ensuite, les liaisons doivent être régulières, à raison de plusieurs fois par jour, permettant ainsi « plus de huit heures de présence sur place dans la journée, tout au long de l’année ».

L'actuel ministre des Transports, Clément Beaune, se félicite : « C'est un signal majeur et une première mondiale ». Avant d’ajouter : « Il s'agit là d'une étape essentielle et d'un symbole fort dans la politique de réduction des émissions des gaz à effet de serre ». D'ici là, il appartiendra au ministère français chargé de l'aviation civile d'évaluer les routes aériennes concernées, avant le début de chaque saison aéronautique.

Pour l'instant, seules trois liaisons sont concernées, entre les aéroports de Nantes, Lyon, Bordeaux et Paris-Orly. S'y ajouteront plus tard les liaisons entre Rennes, Lyon et Roissy-Charles-de-Gaulle, ainsi que celle entre Lyon et Marseille, les lignes ferroviaires correspondantes devant encore être améliorées pour se substituer à l'avion.

© Synthex / Adobe Stock
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Un caillou jeté dans la mare ?

En 2019, les lignes concernées représentaient 4 % des voyageurs aériens au sein de la métropole, soit 1,1 million de passagers. C'est très insuffisant, selon l'association Agir pour l'environnement, qui déplore dans un communiqué : « Loin de l’ambition affichée par la Convention citoyenne pour le climat qui avait proposé, il y a plus de 4 ans, une interdiction des liaisons aériennes en cas d’alternatives ferrées à moins de 4 h, le gouvernement a opté pour un renoncement doublé d’un parcours semé d’embuche ».

Selon Greenpeace, le potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre est considérable. L'organisation rappelle qu'un tiers des vols les plus utilisés dans l'Union européenne ont une alternative ferroviaire inférieure à six heures. La suppression de ces liaisons aériennes permettrait d'économiser 3,5 millions de tonnes de CO2, ce qui n'est pas négligeable au regard de l'urgence climatique.

Cependant, en optant pour ce « renoncement » supplémentaire, après son positionnement contre l'abaissement de la vitesse limite sur les autoroutes, le gouvernement français pourrait ici vouloir aider Air France en lui retirant un minimum de liaisons aériennes. En effet, la compagnie serait mal en point depuis la pandémie de COVID-19, en attendant un retour à la normale à l'horizon 2024 pour le secteur. De plus, cela limiterait un certain monopole de la SNCF et favoriserait la concurrence, obligeant les deux géants du transport français à baisser le prix des billets. Et ce ne sont pas les voyageurs qui s'en plaindront.