Le tribunal correctionnel de Paris a condamné une femme vivant aux États-Unis, accusée de cyberharcèlement et d'avoir usurpé l'identité d'une personne qui avait publié en ligne une critique négative sur son livre.
Une écrivaine française vivant aux États-Unis, que nous appellerons Madame XOXO, a été condamnée il y a quelques mois par le tribunal correctionnel de Paris à un an de prison ferme, après avoir été reconnue coupable de harcèlement moral et d'usurpation d'identité en ligne. Sa cible ? Une professeure de philosophie, que nous surnommerons Madame FILO, qui a eu le malheur d'écrire une critique négative sur le bouquin de Madame XOXO, critique postée sur un site internet dédié à la culture chinoise, qu'elle animait en parallèle d'un atelier de langue chinoise.
Le retrait d'une phrase et le droit de réponse proposé n'ont rien changé
Avant de prendre sa retraite en 2011, Madame FILO, alors professeure de philosophie dans un lycée vosgien, animait son site internet. Le 13 juin 2013, elle publie, sur le forum du site, un commentaire sous forme de critique littéraire après avoir lu l'ouvrage de Madame XOXO, qu'elle qualifie de « fort mauvais ».Durant plusieurs mois et jusqu'en octobre 2014, Madame FILO reçoit sur sa messagerie électronique de nombreux messages de Madame XOXO, lui reprochant le contenu de l'avis et la menaçant de porter plainte. Madame FILO lui indique alors procéder à l'édition de l'avis, pour y retirer la phrase la plus sévère, et lui propose à côté de cela un droit de réponse sur son site. Un geste a priori honorable.
Sauf que ce geste n'a en rien calmé les ardeurs de l'auteure française expatriée outre-Atlantique. Madame XOXO lui a envoyé près de 500 e-mails à la suite de cela, en tenant des propos de plus en plus violents, insultant Madame FILO de « merde de professeur antisémite », de « sale merde antiaméricaine » ou de « femme perverse et moche » ainsi que de « sale nazie », ne se cachant même plus de pratiquer ce que l'on appelle le cyberbullying, autrement dit, le harcèlement virtuel.
Une usurpation d'identité qui est allée loin
Le hic, c'est que Madame XOXO a été bien plus loin que le cyberharcèlement, puisqu'elle a envoyé plusieurs courriers électroniques et lettres au lycée où la professeur enseignait pour tenter de salir son image, lui prêtant faussement d'avoir tenu des propos antisémites, en usurpant son identité.Toujours sous une fausse identité, elle est allée jusqu'à publier des messages haineux sur des sites littéraires comme actualitte.com ou figaroclassified.fr (aujourd'hui classifieds.lefigaro.fr), en se servant du nom de Madame FILO, messages qu'elle venait ensuite commenter et dénoncer elle-même sous le pseudo « Etats Unis », pour nourrir sa dangereuse vindicte.
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C'est le webmaster de figaroclassified.fr qui a permis à Madame FILO de se défendre, en obtenant les données d'identification du pseudonyme Etats Unis, dont l'adresse IP renvoyait à la ville de Mundelein, dans l'Illinois aux USA, ville d'où étaient partis tous les courriers ayant nourri le harcèlement moral.
Prison ferme et plusieurs milliers d'euros à verser à la victime
Alors qu'AOL et Facebook ont refusé de communiquer les données en leur possession concernant Madame XOXO, les investigations menées sur commission rogatoire par la brigade de répression de la délinquance sur la personne (BRDP) ont permis de définitivement identifier Madame XOXO, qui a brillé par son absence à l'audience du tribunal correctionnel de Paris du 27 juin 2019.Pour avoir usurpé l'identité de Madame FILO et utilisé des données permettant de l'identifier, en vue de troubler sa tranquillité ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération, sur des faits commis entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2014 ; et pour avoir harcelé une personne avec des propos répétés ayant pour objet ou effet une dégradation des conditions de vie altérant la santé (Madame FILO a indiqué avoir été en dépression), sur une durée de plus de deux ans, Madame XOXO a donc été condamnée par la justice française à un an de prison ferme. Elle a également été contrainte de verser 8 000 euros à Madame FILO en réparation du préjudice moral subi ainsi que 2 500 euros selon d'autres dispositions du code de procédure pénale.