Le procès d'un hacker anglais ayant piraté les serveurs de Zynga pour y subtiliser 400 milliards de jetons de Poker virtuel se tient actuellement à la Cour d'Exeter Crown. Une affaire qui a lancé le débat de la valeur des biens virtuels dans le monde réel.
Ashley Mitchell, un anglais de 29 ans, est accusé d'avoir piraté les serveurs du magnat du social gaming Zynga et d'avoir subtilisé 400 milliards de jetons virtuels Zynga Poker, qu'il a transféré sur son compte Facebook pour mieux les revendre ensuite au marché noir, sur des sites dédiés - et illégaux.
Une pratique qui a alerté Zynga, qui a entamé des procédures judiciaires à l'encontre du hacker indiscret : avant son arrestation, Ashley Mitchell avait déjà écoulé près d'un tiers des jetons virtuels volés, pour un total de 53 000 livres - environ 62 000 euros. « Mitchell vendait les jetons aux alentours de 430 livres le milliard » explique le procureur de la Cour d'Exeter Crown, qui estime de fait le larcin du pirate à 184 000 livres.
Mais selon Zynga, le préjudice est bien plus élevé, puisque la vente légale de ces 4000 milliards de jeton aurait rapporté à la firme pas moins de 12 millions de dollars. La Cour s'est donc penchée sur la question de la valeur de ce type de bien qui, du fait de son immatérialité, peut être produit à volonté et dont l'estimation peut apparaître comme compliquée.
Au final, le procureur Gareth Evans a estimé que Zynga n'avait pas été privé de marchandises dans la mesure où le vol était virtuel, mais a considéré que la firme a effectivement perdu de l'argent, en raison de la revente illégale de jetons volés. Il a également estimé qu'il n'y avait pas de différence entre la monnaie réelle et virtuelle, assimilant la génération de jetons virtuels avec la fabrication de vraie monnaie.
Selon l'avocat de Zynga Jas Purewal, cette affaire est en train de créer un précédent : « Cela montre que la réglementation et la protection des monnaies et biens virtuels, qui était jusque-là assez incertaine, est en pleine évolution » a-t-il expliqué à Develop. « La Cour a constaté que, même si la monnaie virtuelle n'est pas réelle et est infinie dans l'offre, elle peut tout de même bénéficier d'une protection juridique de la même manière que la monnaie du monde réel ».
Ashley Mitchell risque donc d'écoper d'une lourde peine de prison suite à cette affaire, d'autant que le hacker n'en est pas à son premier coup d'essai puisqu'il s'était déjà rendu coupable piratage du site du Torbay Council en 2008. Il avait alors entrepris d'y modifier des données personnelles le concernant.