Depuis le 5 octobre 2022, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) fait feu de tout bois dans sa lutte contre la consommation en ligne de contenus piratés.
Néanmoins, un an et demi après son lancement, le bilan de cette action est contrasté, comme le rapporte une enquête de Médiamétrie.
Plus de la moitié des sondés sont au courant des mesures de blocage
La consommation illégale de contenus piratés en ligne entraîne, parmi d'autres conséquences, un sérieux préjudice financier pour les détenteurs des droits. Une première historique, depuis le 5 octobre 2022, associe directement l'ARCOM aux détenteurs des droits en question pour faire bloquer au plus vite les plateformes diffusant sans autorisation les films, séries et autres fichiers divers, avec quelques résultats favorables à souligner. Par exemple, ce sont déjà 166 noms de domaine de sites pirates qui ont été identifiés par l'ARCOM et bloqués par les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) entre octobre 2022 et avril 2023, avec pas moins de 40 saisines sur cette période.
Si la consommation de contenus piratés n'a rien de nouveau, les restrictions sont en revanche de plus en plus nombreuses, et le moins que l'on puisse dire, c'est que bon nombre d'internautes en sont conscients. Selon une enquête de Médiamétrie comprenant plus de 2 000 participants, 53 % des sondés répondent être au courant de ces mesures de blocage. 38 % des internautes questionnés admettent avoir été confrontés à un blocage du site sur lequel ils consomment leur contenu audiovisuel ou cinématographique illégalement.
Pour autant, et c'est l'un des points noirs relevés par l'enquête de Médiamétrie, seulement 7 % décident, consécutivement à un blocage de leur site, de se tourner vers une solution légale pour accéder au contenu souhaité. Si 46 % d'entre eux déclarent avoir abandonné dans la foulée leur recherche du moment, 41 % admettent avoir cherché une autre solution pour accéder illégalement au contenu ciblé, et 6 % ont même tenté de contourner le blocage pour accéder à leur site habituel.
-29 % d'audience pour les sites bloqués entre janvier et mars 2023
On ne peut donc pas dire que l'ARCOM piétine, mais les effets bénéfiques de sa campagne sont encore limités. Si les sites de streaming, notamment sportifs, et leurs sites miroirs, sont assez efficacement fermés, les sites de téléchargement sont quant à eux bien plus complexes à saisir, car ils sont notamment entre les mains d'un public bien plus « technophile », et ils se démultiplient en de nombreux sites miroirs à grande vitesse.
Du côté des profils de consommateurs illicites au cours des 6 derniers mois (jusqu'en avril 2023, donc), on retrouve en grande majorité les 15-34 ans (68 %), bien loin devant les 50-64 ans (5 %). Au total, selon le sondage de Médiamétrie, 15 % des répondants admettent avoir illégalement consommé un contenu entre novembre 2022 et avril 2023.
Ce qui demeure frustrant pour l'ARCOM est que les internautes pratiquant la consommation de contenu de manière prohibée sont aussi les plus au fait des mesures de blocage, puisque 75 % d'entre eux admettent en avoir au moins connaissance. Dans la foulée de cette lutte conjointe avec les ayants droit, l'ARCOM ne s'arrête pas en si bon chemin et va lancer une campagne de sensibilisation multiplateforme qui doit démarrer à la mi-juin. Si les progrès sont là, la route est encore longue pour l'ARCOM comme les ayants droit.