Entrée en vigueur le 1er août dernier, la loi européenne visant à encadrer le développement de l’intelligence artificielle n’a pas fait que des heureux. Parmi les mécontents, Mark Zuckerberg, qui a récemment confirmé que Meta AI ne sortirait pas en Europe.
D’abord le RGPD, ensuite le DMA, et maintenant l’AI Act. Persécutés de toutes parts, les géants du web ? C’est en tout cas ce que certains voudraient bien faire croire. Alors que la législation sur l’intelligence artificielle vient officiellement d’entrer dans sa première phase de déploiement, Mark Zuckerberg s’était déjà indigné tout haut du manque de réactivité des décideurs européens. Quelques semaines plus tard, il fustigeait la « structure règlementaire fragmentée [de la loi], dont la mise en œuvre est incohérente, entrave l’innovation et freine les promoteurs » dans les colonnes de The Economist. En bref, Z. tape du poing. Pour la peine, Meta ne sortira pas ses modèles d’IA texte-voix-image en Europe. Et tant pis pour celles et ceux dont les activités dépendent de ces technologies.
Qu'est-ce que l’AI Act ?
Alors, capricieux, Zuckerberg, ou colère légitime ? Pour bien saisir les enjeux de la décision de Meta, il faut revenir sur ce qu’est l’AI Act. En résumé, cette nouvelle règlementation européenne est à l’intelligence artificielle ce que le RGPD est aux données personnelles, et le DMA aux marchés numériques. Un texte élaboré par l’UE en vue de définir un cadre législatif pour le développement de l’IA. En régulant l’intelligence artificielle, l’Europe entend prévenir les risques et les dérives liés à la technologie, protéger les droits fondamentaux des utilisateurs et utilisatrices, mais aussi encourager l’innovation IA dans un secteur déjà vampirisé par les grandes entreprises du web.
Pour synthétiser, l’AI Act doit, dans les grandes lignes, classer les intelligences artificielles en cinq catégories, correspondant à cinq niveaux de risque : minimal, limité, IA à usage général, élevé et inacceptable.
Pour chacune de ces catégories, le niveau de régulation est proportionnellement sévère. À titre d’exemple, une IA à usage générale (ChatGPT, pour n’en citer qu’une) ne sera pas aussi strictement encadrée qu’une IA jugée à risque élevé (employée dans les services publics ou les infrastructures critiques). Une IA considérée comme « inacceptable » sera, quant à elle, tout bonnement interdite.
Le cadre légal défini par l’AI Act est bien évidemment assorti de sanctions en cas de non-respect de la règlementation. Et comme souvent avec l’UE, les amendes encourues sont loin d’être anecdotiques puisque dans ce cas précis, toute infraction pourra être punie d’une amende administrative pouvant aller jusqu’à 35 millions d’euros, ou 7% du chiffre d’affaires annuel mondial si le contrevenant est une entreprise. Autant dire que les habitués à jouer avec le feu, soit la majorité des géants du web, risquent très gros.
Pourquoi Meta ne lancera pas Meta AI en Europe ?
Mais pour Meta, dont la main mise sur les données personnelles des utilisateurs et utilisatrices de Facebook, Instagram ou encore WhatsApp représente une manne d’entraînement précieuse pour son modèle de langage LLaMA, un tel texte a bien du mal à passer.
Invoquant un cadre règlementaire « incertain » et « la nature imprévisible de l’environnement règlementaire européen », Zuckerberg a annoncé en juillet dernier que son modèle multimodal LLaMA 3 ne serait pas lancé en Europe, au même titre que Meta AI. Une décision qui pourrait entraîner des répercussions importantes sur les entreprises européennes qui n’auraient plus accès à ses modèles open source. Moins grave, mais tout de même contrariant, les internautes souhaitant s’amuser et s’éduquer à l’IA ne pourront pas non plus accéder à celle de Meta.
Comment accéder à Meta AI depuis l'UE ?
Comme tout service géorestreint, Meta.AI restera accessible à celles et ceux dont l’adresse IP et la géolocalisation seront compatibles avec la zone géographique de déploiement prévue par Meta. Pas de surprise, donc : le moyen le plus simple de télécharger l’IA de Meta sera de se tourner vers un VPN, dont une partie des serveurs sont localisés dans les pays compatibles avec le déploiement de LLaMA et Meta AI.
Pour en savoir plus sur les réseaux privés virtuels capables de vous aider à accéder à Meta AI en Europe, n'hésitez pas à consulter notre comparatif des meilleurs VPN, ainsi que nos avis sur CyberGhost, NordVPN, Proton VPN et Surfshark VPN.