D'après une enquête de l'ONG Privacy International, rapportée par Le Monde, des applications destinées au suivi du cycle menstruel auraient communiqué à Facebook des informations sensibles au sujet de leurs utilisatrices.
Parmi ces informations, on trouverait notamment la date du dernier rapport sexuel et le type de contraception utilisé.
Des applications passées au crible
Si plusieurs applications de suivi des cycles menstruels ont été identifiées comme manquant au respect de la vie privée et à la confidentialité des données, le rapport de l'ONG précise néanmoins que toutes ne sont pas concernées. Les applications de ce type les plus utilisées (parmi lesquelles les Period Tracker de Leap Fitness Group, de Flo Health Inc., de Simple Design Ltd. et de GP International LLC) se sont révélées conformes aux tests de Privacy International.Dans son communiqué, Privacy International explique avoir réalisé « une analyse dynamique des applications à l'aide de son environnement d'interception des données (disponible sur le site) pour savoir quelles données ont été envoyées à Facebook ». Le communiqué ajoute : « Nous sommes heureux de voir qu'aucune de ces applications ne l'a fait, notamment Clue Period Tracker (Biowink), qui a changé ses pratiques depuis notre première vérification ».
Néanmoins, l'organisme pointe plusieurs applications accusées d'avoir régulièrement envoyé à Facebook des données intimes. Maya, programmée par la compagnie indienne Plackal Tech, MIA Fem, conçue par la société Mobapp Development Limited, basée à Chypre, mais aussi Ovulation Calculator (Pinkbird), My Period Tracker (Linchpin Health) ou encore Mi Calendario (Grupo Familia), sont de la partie.
Des millions de personnes concernées
Les applications concernées dénombrent toutes une large audience. Maya, par exemple, compte cinq millions d'utilisatrices dans le monde.Selon un représentant de Privacy International : « la grande portée des applications sur lesquelles notre recherche s'est penchée pourrait signifier que la vie privée de millions d'utilisatrices à travers le monde est partagée avec Facebook, et avec d'autres sites tiers. Et cela sans que ces personnes n'aient exprimé un consentement sans ambiguïté, notamment dans le cas particulier d'informations sensibles ou personnelles, telles que celles relatives à la santé ou à la vie sexuelle ».
Ces applications servant au suivi des cycles et dans certains cas, à celui des pics de fertilité, les informations recueillies et transmises à Facebook, notamment par Maya, sont en effet qualifiées d'« ultra-confidentielles » par Le Monde, et pour cause : elles concernant les humeurs, le type de contraception ou encore la date du dernier rapport sexuel et le fait qu'il ait été protégé ou non.
Le Monde rapporte en outre que Plackal Tech, à l'origine de Maya, a menacé Privacy International et Buzzfeed de poursuites, avant de retirer le lien vers Facebook de son application. Le réseau social, quant à lui, a affirmé que « ses conditions d'utilisation interdisent aux développeurs de transmettre des informations de santé sensibles, et nous les sanctionnons lorsque nous découvrons un tel cas. Les publicités ciblées basées sur les centres d'intérêt des utilisateurs ne s'appuient pas sur leur activité sur d'autres sites ou applications ».
Source : Privacy International, Le Monde