Vega C sur sa zone de lancement dédiée. Avant le décollage, le portique est reculé et mis en sécurité. Crédits : ESA/CNES/Arianespace/CSG/JM Guillon
Vega C sur sa zone de lancement dédiée. Avant le décollage, le portique est reculé et mis en sécurité. Crédits : ESA/CNES/Arianespace/CSG/JM Guillon

Pour sa première mission commerciale, Vega C décollait ce 21 décembre du Centre spatial guyanais avec deux satellites d'observation de la Terre Pléiades Neo. Malheureusement, un problème est survenu lors de l'action du deuxième étage de la fusée, qui n'a pas atteint l'orbite. Lanceur et satellites sont détruits.

Le secteur des lanceurs européens n'avait pas besoin de ça.

Une nuit difficile

Une semaine après le décollage très réussi d'Ariane 5, les équipes du Centre spatial guyanais remettaient le couvert dans la nuit du 20 au 21 décembre, cette fois avec le lanceur Vega C. Un tir qui, à l'origine, devait avoir lieu en novembre, mais qui avait été retardé à la suite d'un problème sur la coiffe. Cette fois, tout était prêt, la météo était favorable et le compte à rebours final s'est terminé à 2 h 47 (Paris) pour un décollage plein nord vers l'Atlantique.

Le premier étage P120C a semble-t-il parfaitement réussi sa mission, faisant bondir Vega C de son site de lancement, et l'accélérant durant deux minutes jusqu'au-delà des 60 kilomètres d'altitude. Puis, le premier étage s'est séparé et le deuxième étage Z-40 a pris le relais. Mais rapidement, les équipes au sol ont observé un problème (officiellement à 2m 27s) et après trois minutes de vol, il est devenu évident que la fusée déviait fortement de la trajectoire prévue. À cause d'une « sous-pression », le Z-40 n'a pu accélérer comme prévu ni emmener la fusée vers l'espace ou l'orbite. Les étages suivants (Z-9 et AVUM+) étaient condamnés avec coiffe et satellites.

Airbus DS subit l'échec

Le P.-D.G. d'Arianespace, opérateur de ce vol (le deuxième pour Vega C, mais le premier vol commercial) a tenu à rappeler qu'une enquête était mise en place, conjointe entre Arianespace, Avio et l'ESA. Mais surtout il s'est excusé auprès d'Airbus Defence & Space, le client qui venait de perdre deux bijoux d'ingénierie, des satellites Pléiades Neo.

Ces derniers, qui devaient rejoindre les deux autres unités Neo déjà en orbite, étaient des éléments clés pour la stratégie commerciale d'Airbus DS dans le domaine de l'observation terrestre « haut de gamme » à haute résolution. Les Pléiades Neo ont des optiques capables de photographier le sol à une résolution native de 30 cm/pixel… Ils sont très sollicités autour du monde, y compris par l'État français, et cette perte (même si les satellites sont probablement assurés) sera significative pour la stratégie de l'entreprise.

Lors du direct du lancement, la déviation de trajectoire du lanceur n'a pas fait de doutes. Crédits : Arianespace (YouTube)
Lors du direct du lancement, la déviation de trajectoire du lanceur n'a pas fait de doutes. Crédits : Arianespace (YouTube)

2023 s'annonce compliquée

Côté lanceurs, l'Europe continue de s'enfoncer dans la crise. Ariane 6 n'est pas là (et les tests sont d'ores et déjà retardés), il ne reste que deux exemplaires d'Ariane 5, Soyouz est interdite de vol et maintenant Vega fait l'objet d'une enquête après cet échec. Une véritable catastrophe, car les besoins européens sont particulièrement importants dans les années à venir…

Un tel échec va donc encore mettre une pression supplémentaire sur les partenaires européens, les assureurs et les clients. Or la réputation de Vega C, dans un domaine sous forte pression de la concurrence du NewSpace qui arrive à grands pas, n'était déjà pas extraordinaire. Avec trois échecs sur les huit derniers vols, il faudra travailler dur pour rétablir la confiance.

Source : Nasaspaceflight