Vous connaissez sans doute Proton Technologies AG pour sa messagerie Web sécurisée, Proton Mail. Depuis 2013, cet outil assure un chiffrement de bout en bout des informations échangées (E2E, end-to-end), sans aucune intervention particulière. En avril 2023, Proton Mail comptait 100 millions d’utilisateurs dans le monde entier. Aujourd’hui, deux ans après la création de son drive, Proton Technologies AG va plus loin en sortant une solution d’édition collaborative de documents, déjà considérée comme un concurrent sérieux à Google Docs ou à Word. Et ce nouveau service est toujours, marque de fabrique de Proton, orienté vers la cybersécurité.
À l’heure où de plus en plus d’utilisateurs s’inquiètent de la fuite de leurs données, les outils d’édition de documents en ligne les plus employés, tels que Google Docs, n’offrent pas la sécurité proposée par Proton. Avec son éditeur de documents collaboratif chiffré de bout en bout, Proton Technologies AG a de quoi faire de l’ombre aux géants du marché, car il est le premier à garantir ce niveau de confidentialité. On vous explique comment prendre en main ce nouveau jouet, placé sous le signe de la sécurité de vos données.
Docs dans Proton, comment ça marche ?
Le chiffrement de bout en bout de Proton est open source. Il permet de fournir un accès à vos fichiers pour les personnes désignées et pour elles seules. La collaboration a lieu en temps réel, vous voyez immédiatement les modifications effectuées par les utilisateurs auxquelles vous avez accordé des droits d’édition.
Même les frappes de claviers et les mouvements du curseur sont chiffrés. Et vos données dans Proton ne sont pas stockées aux États-Unis, mais en Suisse, où les règles sur la confidentialité sont plus strictes et où les informations personnelles ne peuvent pas être surveillées par le gouvernement. D’ailleurs, Proton se targue de ne collecter aucune de vos données, pour quelque raison que ce soit. Cette restriction inclut les métadonnées des fichiers que vous créez et que vous éditez (nom, date de création, date de modification, localisation…).
« Les documents dans Proton Drive sont construits sur les mêmes principes de confidentialité et de sécurité que tous nos services, à commencer par le chiffrement de bout en bout. » C’est ce qu’annonce la société. Et Proton Docs est compris dans toutes les offres de Proton Drive.
En plus des possibilités de mise en page classiques, vous pouvez ajouter dans un document Proton des commentaires sur des parties de texte (sans les modifier). Les commentaires sont visibles par tous les collaborateurs ayant accès au fichier et vous pouvez y répondre. Des indicateurs de présence montrent qui travaille en même temps que vous sur le document et, plus précisément, des curseurs désignent les endroits où se trouvent ces utilisateurs dans le texte lui-même. Rien d’innovant puisque Google Docs propose la même fonctionnalité, mais elle est assez importante en matière de travail collaboratif pour être mise en avant.
Côté compatibilité, pas d’inquiétude, Docs permet d’importer des documents .docx, .txt, .md ou HTML et de les restituer dans les mêmes formats. Notez toutefois que Proton Docs n’est pas un outil WYSIWYG (What you see is what you get), les fichiers HTML ouverts sont donc affichés en code source brut.
Accès à Proton Docs
Pour créer un document avec Proton, il faut être titulaire d’un compte Proton Drive. C’est gratuit, sans engagement, et cela permet de conserver ses documents en ligne de façon sécurisée.
Avec un compte gratuit, il est possible d’utiliser les outils Proton et de stocker jusqu’à 6 Go de données (1 Go sur le mail + 5 Go sur le drive).
Pour les besoins plus importants, l’offre Drive Plus est à 4,99 euros par mois (3,99 euros avec engagement sur 12 mois, 3,49 euros avec engagement sur 24 mois). Elle permet de bénéficier de 200 Go de stockage sur le drive, d’une adresse mail (avec 150 messages par jour), d’un nombre illimité de connexions et de notes dans Proton Pass, de 3 calendriers, d’une connexion VPN, d’une assistance prioritaire…). Enfin, à 12,99 euros par mois (9,99 euros avec engagement annuel, 7,99 euros avec engagement sur 2 ans), Proton Unlimited donne accès à tous les services premium de Proton (15 mails, 25 calendriers, 500 Go de stockage dans le drive, 10 VPN, 50 coffres-forts Pass…).
Proton Docs est utilisable depuis n’importe quel navigateur Web et est intégré à la solution Proton Drive. Vous ne pouvez pas créer ni modifier un document avec Proton Docs sans être connecté à un drive Proton. Et vous ne pouvez pas non plus participer à l’édition d’un document avec Proton Docs si vous n’avez pas de compte Proton, même si l’auteur du document vous a invité à le faire. Cela signifie que si l’on partage avec vous un fichier Proton Docs, vous ne pouvez y avoir accès qu’après avoir créé un compte Proton Drive (même gratuit).
Prise en main de Docs dans Proton Drive
Proton a choisi une interface de traitement de texte classique, telle que l’on peut la trouver dans Google Docs ou Word. La prise en main de Proton Docs est donc aussi simple que celle de n’importe quel outil de cette catégorie. Peut-être même encore plus simple, car l’éditeur a misé sur la sobriété et va droit au but en matière de fonctionnalités.
Après l’identification sur son compte Proton et l’affichage du drive, il suffit de cliquer sur « Nouveau » pour créer un fichier ou de double-cliquer sur l’un de ceux présents dans la liste « Mes fichiers ». Ça n’est pas plus compliqué que ça.
L’interface du traitement de texte est pour le moment en anglais, mais l’outil est encore très récent, il y a fort à parier qu’il sera multilingue très bientôt.
Les fonctionnalités proposées sont minimales :
format de mise en page (normal, titre, titre 1, titre 2, titre 3) ;
police de caractères (seulement 8 disponibles pour l’instant : Arial, Georgia, Helvetica, Monospace, Tahoma, Times New Roman, Trebuchet MS, Verdana) ;
caractéristiques de la police (8 px à 96 px, gras, italique, souligné, barré, couleur du texte et du surlignage) ;
alignement du texte (gauche, centré, droite, justifié) ;
format de listes (coches, puces, numéros) ;
format code brut ;
format citation ;
insertion de lien ;
insertion d’image ;
insertion de tableau ;
indentation.
L’apparence est donc plutôt épurée, mais les outils d’éditions proposés sont largement suffisants pour un usage classique.
Il est possible également, comme dans Google Docs, de consulter l’historique des modifications d’un fichier, pour revenir le cas échéant à une version précédente.
À venir dans Proton Docs
Le traitement de texte made in Proton vient à peine de sortir et déjà il est question des améliorations à venir. Il est prévu, entre autres, plus de fonctionnalités en matière de collaboration. On attend aussi la compatibilité avec les documents LibreOffice.
Pour le moment, il ne s’agit que d’un éditeur de texte, pas de tableur ni d’outil de présentation en vue, espérons que le succès de Proton Docs donne envie à la firme de se diriger vers une suite complète.
En plus des navigateurs habituels, il existe également des versions de bureau pour MacOS et Windows afin d’utiliser Proton Docs, en attendant Linux, Android et iOS.