Début 2013, NVIDIA s'attaquait au monde du jeu vidéo portable en lançant sa console portable Android répondant au nom de Shield. Une console qui n'a connu qu'un succès d'estime et s'est toujours limitée aux seuls États-Unis. Pour autant, NVIDIA continue ses développements autour de Shield et annonce, en pleine torpeur estivale, une tablette pour compléter ce qui constitue désormais une gamme alors que la console Shield est maintenant renommée en Shield Portable.
Et tandis que la Shield Portable reste un produit américano-américain, la Shield Tablet sera commercialisée en Europe et plus exactement en France dès la mi-août. Au cœur de cette tablette, la toute dernière génération de puce mobile NVIDIA, nommée Tegra K1 ainsi qu'un environnement logiciel et matériel pensé pour le jeu et les joueurs. Car pour NVIDIA, le marché de la tablette est dorénavant suffisamment mature pour accueillir des tablettes spécialisées répondant à des usages et besoins bien spécifiques.
Shield Tablet : NVIDIA K1 inside
Si NVIDIA développe et commercialise sa propre tablette, il est logique que la marque utilise son propre SoC. On retrouve au cœur de Shield Tablet le SoC ou system-on-a-chip Tegra K1 avec quatre cœurs d'exécution ARM Cortex A15 cadencés à 2,2 GHz. Annoncée il y a quelques mois déjà, la puce K1 est ici proposée dans sa variante 32 bits et se distinguera par sa partie graphique.Là où les précédentes générations de Tegra ne brillaient pas forcément dans le domaine de prédilection de NVIDIA qu'est pourtant le graphique, le Tegra K1 a pour avantage d'être pourvu d'un cœur graphique Kepler avec 192 unités de traitement CUDA (soit 1 SMX pour les férus). C'est donc la même architecture graphique que dans les GeForce de nos chers PC, avec un niveau de fonctionnalité DirectX 11, OpenGL 4.4, OpenGL ES 3.1 et Android Extension Pack.
Au-delà des capacités du SoC, sachez qu'il est accompagné de 2 Go de mémoire vive et que, dans sa version de base, la Shield Tablet dispose de 16 Go d'espace de stockage.
Shield Tablet : le design d'une Tegra Note 8 ?
Pour cette Shield Tablet, NVIDIA propose un design de facture convenable, sans véritable aspérité. Du reste, par rapport à la tablette Tegra Note 7 que nous testions tout récemment (voir NVIDIA Tegra Note 7 : une tablette taillée pour le jeu ?), cette Shield Tablet semble identique, mais légèrement plus grande puisque NVIDIA a cette fois-ci retenu un écran 8 pouces sur lequel nous reviendrons. En plastique, avec un dos peau de pêche, la tablette dispose selon NVIDIA d'un système de dissipation de la chaleur interne. En jeu, la tablette s'échauffe, mais dans des proportions qui nous semblent effectivement contenues. Avec deux haut-parleurs en façade, la tablette fait entendre un son tout à fait acceptable lors de nos parties.Par rapport à la Tegra Note, la Shield Tablet est un peu plus lourde : 370 grammes sur la balance sans la couverture contre 350 grammes. Un poids qui n'est pas nécessairement gênant d'autant que la prise en main de la tablette reste agréable même si les efforts ergonomiques ne sont finalement pas flagrants : les bords biseautés de la coque en plastique peuvent par exemple heurter lors des manipulations.
L'écran de cette tablette est de type IPS et affiche une résolution de 1920x1200 pixels. On appréciera sa qualité : nettement en progrès face à Tegra Note 7 dont la matrice tactile était clairement visible à l'œil nu. Dotée d'une caméra frontale et d'un appareil dorsal, tous deux en 5 mégapixels, la tablette propose un connecteur micro-USB 2.0 (avec témoin lumineux de charge, un détail plutôt bien vu), un port mini-HDMI, un slot microSD, un bouton de mise en marche et un contrôle du volume. Par rapport à la Tegra Note justement, on appréciera la sortie HDMI 1.4a. Pour la connectivité, NVIDIA propose sur sa Shield Tablet du Wi-Fi i802.11 a/b/g/n et du Bluetooth 4.0 LE.
Décidément nous parlons beaucoup de Tegra Note dans ce papier : logique compte tenu des similitudes entre les deux produits ! Ainsi la Shield Tablet comporte elle aussi un stylet. Celui-ci est capacitif et permet évidemment de contrôler l'interface d'Android. Logé dans la coque de la tablette, le stylet est de petite taille avec un embout caoutchouté biseauté. La nouveauté face à Tegra Note c'est la technologie DirectStylus 2.0 qui est cette fois-ci accélérée par le GPU. La gestion du stylet devrait donc être plus rapide et plus précise selon NVIDIA alors que sa conception permet de s'approcher des véritables digitizer à la Wacom. On profite en effet d'un succédané de gestion des niveaux de pression par exemple. NVIDIA livre d'ailleurs une app de dessin pour tirer pleinement parti du stylet. Celle-ci est baptisée Dabbler et propose divers effets dont une simulation de peinture à l'huile.
L'application de dessin NVIDIA Dabbler
Mais subsiste une question à laquelle nous ne parvenons pas à répondre : à quoi peut bien servir un stylet pour un joueur, le public principal de la Shield Tablet ?
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Les jeux Android
Équipée d'Android 4.4.2, et offrant la compatibilité totale avec le Play Store de Google, la Shield Tablet embarque un certain nombre de logiciels NVIDIA. Lesquels proposent d'aller bien au-delà de la simple exécution de jeux Android sur la tablette. Au lancement, la Shield Tablet s'appuie certes sur un catalogue de 400 jeux Android optimisés pour le tactile ou la manette. Sur ces 400 jeux, seuls 11 sont optimisés pour le Tegra K1 et il ne s'agit pas forcément de jeux de première jeunesse... Entendons-nous bien, nous adorons Portal et Half-Life 2, mais quand même... pourquoi pas de Portal 2 par exemple ? Il y a également un jeu d'échecs et Trine 2, ce dernier étant préchargé gratuitement sur la tablette en version complète.Quelques raccourcis vers des jeux Android
Et NVIDIA propose un mapper, lequel permet d'assigner les boutons de sa manette aux actions souhaitées dans tel ou tel jeu. De plus, la tablette est la première à proposer des fonctionnalités issues de NVIDIA ShadowPlay ce qui se traduit par la possibilité de diffuser en direct ses parties sur Twitch en utilisant l'audio et la caméra frontale.
Le Mapper pour les jeux Android, le partage via Twitch depuis Shield Tablet
GameStream ou le cœur de Shield
Au-delà des jeux Android, lesquels ne sont pas forcément les plus tentants à l'heure actuelle, NVIDIA propose sa fonctionnalité GameStream. Mise en place avec la Shield Portable, la fonction GameStream va diffuser vos jeux PC depuis un ordinateur GeForce sur la tablette. L'idée est simple : vous permettre de jouer à vos jeux favoris sur votre tablette : que ce soit chez vous depuis votre réseau domestique ou depuis l'extérieur.GameStream côté PC depuis GeForce Experience
Voilà pour la promesse, ambitieuse technologiquement parlant. Dans la pratique, GameStream est assez exigeant, il faut bien le dire. La première exigence c'est d'avoir une GeForce récente dans votre PC : la secret sauce de GameStream utilisant l'encodeur vidéo H.264 des puces Kepler (GeForce 600 et supérieures) pour diffuser les jeux en 720p (1080p en mode console avec un adaptateur micro-USB Ethernet non fourni). La seconde exigence, sur le papier, est de disposer d'un modem routeur sans fil i802.11ac/n double-bande certifié NVIDIA GameStream. En France, le pays de la box opérateur reine, cela tient un peu de la gageure. La bonne nouvelle, c'est que nous avons pu faire fonctionner GameStream sans grand souci avec notre Livebox 2 ZTE.
Avec 120 jeux compatibles (NVIDIA s'assure que les contrôles et menu du jeu sont bien accessibles depuis le combo tablette/manette), NVIDIA GameStream peut fonctionner aussi bien en local que depuis l'extérieur. Dans ce dernier cas, il faudra rajouter une troisième exigence : disposer d'une connexion Internet très haut débit chez vous (5 Mbps dans les deux sens) et ne pas oublier de forwarder certains ports (en fait un sacré paquet de ports). Avec un résultat incertain puisque nous n'avons pas réussi à profiter de Remote GameStream, notre PC ne se réveillant pas à l'arrivée du fameux magic packet... Normal visiblement, la Livebox de notre accès Internet n'étant pas compatible avec le Wake On Lan.
Un essai de Remote GameStream
Lors de nos tests, en local, GameStream a fonctionné assez aisément malgré une première tentative avortée qui a nécessité le redémarrage de notre PC sans que l'on ne sache pourquoi. Une fois le PC redémarré, le flux vidéo était fluide, sans artefact, avec une bonne réactivité sur notre tablette. Seul le son semblait victime de microcoupures à intervalles réguliers. Un problème directement imputable à la Livebox 2. En changeant de routeur sans-fil pour un modèle Asus AC68, le problème sonore disparaît : à la bonne heure !
Naviguer dans sa bibliothèque de jeux PC depuis Shield Hub
À l'usage, on s'aperçoit d'un certains nombres de petites choses autour de GameStream. D'abord la technologie que NVIDIA a rendu éminemment transparente pour l'utilisateur est extrêmement dépendante du réseau et des conditions de celui-ci. Intelligente, la technologie GameStream adapte le débit de données en fonction de la congestion du réseau. Il en résulte des sessions de jeu où le flux vidéo est extrêmement compressé et si cela peut passer sur la tablette, cela ne passe pas du tout sur un téléviseur en mode console. De la même manière, on peut observer, durant certaines sessions des lags au niveau du contrôle du jeu. Tomb Raider nous a ainsi donné cet exemple en mode console : il y avait systématiquement quelques millisecondes de retard entre le moment où l'on vise et celui où l'on tire. D'autres bugs peuvent entacher l'expérience de jeu : il y a ainsi des fantaisies de certains jeux qui d'un coup ne s'exécutent plus en mode plein écran. La seule solution est alors de les lancer manuellement sur le PC pour régler ce type de paramètres afin que la situation rentre dans l'ordre. On peut également dans certains être victime de pertes de connexion : c'est ce qui arrive régulièrement sur notre réseau professionnel avec un routeur Linksys WRT1900AC.
Perte de connexion
Enfin, l'un des bugs les plus ennuyeux, à l'heure où nous publions ce papier, est un problème de gamma. Les jeux exécutés en GameStream se révèlent extrêmement sombres, rendant certaines scènes totalement injouables sur un téléviseur. C'est le cas dans Lego Batman 2 ou dans Hitman Absolution avec la mission de l'hôtel Terminus par exemple.
Précisons qu'en mode GameStream, le curseur de la souris reste disponible et contrôlable depuis la tablette ce qui n'est pas anodin puisque dans notre cas le lancement d'un jeu GameStream est systématiquement suspendu par le pilote Creative Labs qui nous informe que le périphérique audio par défaut n'est plus compatible avec l'offre logicielle Creative. Il nous faut donc cliquer OK pour reprendre le lancement du jeu. Et si la souris est accessible, NVIDIA propose également un clavier virtuel... au cas où ! Pratique pour saisir son mot de passe Steam. Sauf que voilà on dispose d'un clavier QWERTY et non AZERTY et certains caractères sont remplacés par des saisies inexactes. Ainsi le "/" devient ":*"... Autant dire que la saisie du mot de passe risque de poser problème !
Le clavier virtuel QWERTY proposé par GameStream
Dans le cas des jeux non supportés nativement par GameStream, il est possible de les ajouter manuellement, un par un, via GeForce Experience. Et notez que vous conservez l'accès à la surcouche logicielle de Steam dans chacun des jeux lancés depuis la plateforme de Valve.
Steam depuis un jeu en GameStream
Un bémol enfin au sujet de GameStream : la jouabilité des jeux sur un écran de tablette. On pensait logiquement que par rapport à la Shield Portable et son trop petit écran, l'écran 8 pouces de la tablette ferait merveille. Ce n'est pas forcément le cas. Des jeux comme Lego Batman 2 sont difficilement jouables : les éléments du décor sont trop petits et des éléments avec lesquels il faut interagir sont difficilement visibles. Résultat on a la sensation de s'exploser les yeux assez rapidement et ce n'est pas plaisant. Précisons également qu'en mode GameStream votre écran de PC continue d'afficher le rendu de votre jeu vidéo en plein écran : il n'y pas d'option pour le moment pour couper l'affichage du jeu vidéo sur le PC sauf à éteindre l'écran.
GRID aux abonnés absents
Parce que jouer à ses jeux PC depuis l'extérieur est tout de même contraignant, notamment de par la nécessité de laisser son PC allumé, on pensait trouver sur la Shield Tablet un accès à GRID. GRID c'est la solution de cloud gaming de NVIDIA : les jeux sont hébergés sur les serveurs de NVIDIA et diffusés directement sur votre tablette ou console depuis votre connexion Internet. L'application n'est hélas pas préchargée sur la version européenne de la tablette (mais peut être téléchargée sur le Play Store). Elle reste dans tous les cas toujours limitée, en bêta, avec seulement 16 jeux disponibles et d'importantes restrictions en termes de réseau (la connexion à un Wi-Fi en 5 GHz est obligatoire, le ping doit être inférieur à 40 ms et le débit doit tourner autour des 10 Mbps). Si d'aventure vous arriviez à aligner tous ces critères, pas de précipitation : la version bêta de GRID rapatriée sur notre tablette plante systématiquement lors du test réseau.NVIDIA GRID : oui mais non
La Shield Tablet se fait console : NVIDIA ConsoleMode
Avec Shield Tablet, NVIDIA fait évoluer une fonctionnalité apparue après le lancement de la Shield Portable. Le Console Mode permet à la tablette de révéler son côté console de jeu. Pour cela on connecte la tablette à un téléviseur en HDMI. L'app permet alors de choisir entre le mode miroir (l'écran de la tablette est dupliqué sur la TV) ou le mode console où toutes les apps de la tablette sont fermées et seule la TV affiche du contenu en 1080p. Dans ce dernier mode de fonctionnement, il faut attendre plusieurs secondes puisque l'app redémarre la console : un écran noir un peu déroutant avec une manette en son centre apparaît avant d'afficher l'app Shield Hub en plein écran.Remplacent de Tegra Zone, Shield Hub donne accès aux jeux Android en plein écran et propose un accès à votre bibliothèque de jeux PC via la fonction GameStream. Il n'y a plus qu'à sélectionner le jeu de son choix pour que celui-ci se lance. À noter qu'on peut revenir à tout moment sur le Shield Hub via les contrôles de la manette et mettre en pause une partie ou la reprendre. Shield Hub qui propose également des options avancées pour régler certains paramètres d'encodage ou de débit de flux vidéo.
L'app pour activer le ConsoleMode
Par défaut, en ConsoleMode, les jeux Android s'exécutent sur votre TV en 1080p. Pour ce qui est jeux streamés depuis le PC ceux-ci seront quoi qu'il adviennent exécutés en 720p puis upscalés en 1080p si vous utilisez une connexion Wi-Fi. Pour du vrai 1080p il faudra recourir à une connexion Ethernet câblée via un dongle micro-USB.
La manette Shield Controller
Prenez une Shield Portable, enlevez lui l'écran (et un peu de poids) et vous obtenez, à peu de choses près, une manette sans fil Shield Controller. Accessoire indispensable de la Shield Tablet, la manette Shield est vendue séparément. Elle offre un look anguleux et s'avère assez large... un peu comme les manettes Xbox premières du nom. Pour autant elle se révèle être confortable en plus d'offrir une bonne prise en main. Sa mise en route s'opère via un taper sur le bouton central NVIIDA qui s'illumine alors de vert.Utilisant le Wi-Fi Direct, en lieu et place du Bluetooth pour des questions de réactivité, la manette Shield Controller offre une croix directionnelle, deux champignons analogiques que certains trouveront trop rapprochés, quatre boutons d'action deux gâchettes et deux boutons latéraux (au retour un peu mou). La manette embarque une batterie qui se recharge via le connecteur micro-USB alors que NVIDIA propose une zone tactile cliquable pour déplacer le curseur sur Android, un réglage du volume et des boutons spécifiques Android. Ces derniers sont tactiles : c'est dommage car on ne sait pas vraiment lorsqu'on les active et surtout en jeu on peut les activer par erreur avec l'effet désastreux que l'on imagine (une prochaine mise à jour logicielle les désactivera peut être en jeu ?).
NVIDIA met à profit la bande passante offerte par la connexion Wi-Fi pour doter sa manette de fonctions audio. Un microphone est présent sur le contrôleur et on trouve un connecteur mini-jack pour brancher un casque (non fourni). A noter que depuis le contrôleur on peut profiter des fonctions vocales de Google Now en maintenant le bouton Home.
Si vous êtes allergique à la manette, ou à son coût, sachez que la Shield Tablet est compatible avec tous périphériques d'entrée Bluetooth. Qu'il s'agisse d'une manette, d'un clavier ou d'une souris : il suffit de l'appairer pour en profiter.
Les performances
Première tablette basée sur un SoC NVIDIA Tegra K1, la Shield Tablet se devait de faire un petit tour du côté de notre laboratoire de test. Nous lui opposons deux systèmes à base de SoC NVIDIA Tegra 4 : la Shield Portable mais aussi la tablette Tegra Note 7 de Gigabyte. Nous ajoutons également une Nexus 7 modèle 2013 de Google avec son processeur Qualcomm Snapdragon S4 Pro et la Samsung Galaxy Note Pro 12.2, une tablette au form-factor différent équipée d'un SoC maison Exynos 5.3DMark - Icestorm Extreme
On démarre avec 3DMark et sa scène de test Icestorm. La première place revient à la Shield Tablet qui affiche des performances deux fois supérieures aux modèles en Tegra 4, lesquels dominent déjà la compétition.
Geekbench 3
Geekbench 3 est un test synthétique dont nous vous proposons le score multicœurs. À noter que la Tegra Note ne figure pas dans le palmarès car le logiciel plante à chaque exécution. Shield Tablet domine encore avec des performances 22% supérieures au Tegra 4 de la Shield Portable.
Sunspider 1.02
Sunspider se base sur le moteur Javascript de Chrome pour mesurer les performances de ma tablette. La lecture du graphique est ici inversée : les résultats sont exprimés en milisecondes et c'est le score le plus bas qui indique la tablette la plus rapide qui n'est autre que la Shield Tablet avec une très légère avance sur la Shield Portable. Ici le Tegra K1 ne donne pas une claque au Tegra 4 mais continue de devancer nettement les processeurs Exynos et Snapdragon de notre sélection.
Antutu
On termine avec Antutu. Synthétique l'outil place encore Tegra K1 en tête de peloton. Ses performances sont 15% supérieures au Tegra 4 de la Shield Portable et 25% supérieures au Tegra 4 de la Tegra Note 7. Face à la Nexus 7 modèle 2013, les performances sont deux fois supérieures, tout simplement.
Et l'autonomie ?
Côté autonomie et avec une batterie de 5197 mAh, NVIDIA annonce 10 heures d'autonomie pour sa tablette pour un usage standard. Ce chiffre tombe très vite pour le jeu vidéo. De nos essais en mélangeant jeux Android exécutés sur la tablette, jeux en GameStream et jeux en ConsoleMode on tourne autour des 3 à 4 heures d'autonomie. Il faudra donc assez souvent recharger la tablette via l'adaptateur secteur livré.Shield Tablet côté photo et vidéo
Côté photo, rien de transcendant, mais rien de trop grave non plus. La tablette embarque un capteur principal de 5 mégapixels, c'est peu de nos jours, mais le traitement demeure correctement maîtrisé. Les images affichent un rendu plutôt propre avec un léger grain pas dérangeant, à 100 comme à 400 ISO. La balance des blancs apparaît régulièrement plus chaude que nécessaire, mais ce biais se corrige aisément (un peu moins sur du portrait). Le seul réel bémol, c'est la relative lenteur de l'autofocus pour effectuer sa mise au point : il refuse d'ailleurs parfois tout simplement de s'effectuer ! Un défaut que l'on retrouve également en vidéo. On pestera enfin sur le cadrage (affichage à l'écran en 16/9) qui ne correspond pas à la photo capturée (4/3).Scène de test à 100 ISO et 400 ISO avec éclairage faible, puis deux extraits respectifs à 100 %
La différence avec les autres tablettes, c'est que NVIDIA a choisi d'intégrer nativement non pas l'application photo de Google, mais Camera Awesome dont nous vous parlions dans cet article. Un choix qui ne ravira pas tout le monde, mais qui a le mérite de distinguer l'offre de NVIDIA (application téléchargeable sur le PlayStore contre 2,23 €). Camera Awesome est une application complète en matière de fonctionnalités (rafale, panoramique, timer, intervallomètre, grilles de cadrage, niveau électronique, etc.) et qui offre ce plus appréciable : on peut séparer le point de focus de celui d'exposition avec un tap à deux doigts. Sympa... sauf pour les quelques bourdes de traduction de l'application, un brin risibles, comme la stabilisation qui devient « anti-cahotage » ou la rafale le « tournage de paquet ».
Android 5.0 Lollipop
NVIDIA profite de la sortie de Lollipop, la nouvelle version 5.0 du système d'exploitation Android, pour en doter sa tablette console de jeux. Disponible en mise à jour OTA (over the air donc et téléchargeable depuis la tablette), Lollipop pour Shield Tablet apporte toutes les nouveautés d'Android 5.0. On retrouve donc logiquement l'interface Material Design, les nouvelles applications Google ainsi que de nouveaux fonds d'écran notamment et le nouveau système de notifications de Google. Android 5.0 apporte pour la partie graphique la prise en charge d'OpenGL ES 3.1 et AEP (Android Extension Pack), des API gérées par la puce K1 de la Shield Tablet.
Mise à jour OTA 2.0 pour NVIDIA Shield Tablet
NVIDIA fait parallèlement évoluer ses logiciels et ainsi Dabbler, le logiciel de dessin maison supportant le stylet passe en version 2.0. Au menu, la gestion des calques et la possibilité de diffuser ses créations sur Twitch. Et surtout une toute nouvelle interface enfin ergonomique à notre sens.
NVIDIA Dabbler passe en version 2.0
Lors du lancement de la Shield Tablet nous déplorions l'absence de solution de Cloud Gaming. NVIDIA entend revenir sur cette limitation en proposant son service GRID dans nos contrées. Il est déjà disponible en Europe et ce gratuitement jusqu'au 30 juin 2015. Si GRID a quelques exigences techniques, dont la nécessité de disposer d'une connexion haut débit ou mieux très haut débit, le service propose 20 jeux en streaming. NVIDIA aime présenter GRID comme le Netflix du gaming. C'est osé mais dans les faits on peut effectivement disposer de jeux vidéos plutôt sympathique en streaming : aux côtés de titres majeurs comme Borderlands 2 ou Batman : Arkham City, NVIDIA propose des titres plus anecdotiques comme Astebreed ou Strike Suit Zero. Reste que si les conditions sont réunies, l'expérience de jeu est assez bluffante et NVIDIA promet de rajouter de nouveaux titres chaque semaine.
Le catalogue GRID tel qu'en ce 18 novembre 2014
Parmi les autres nouveautés, cette mise à jour OTA 2.0 pour la Shield Tablet apporte le 4K : en mode console il est possible d'envoyer une image 4K à votre téléviseur. Cette mise à jour prend également en charge les câble USB en Y pour permettre par exemple de charger sa tablette tout en ayant un contrôleur USB ethernet connecté.
Quelques captures d'Android 5.0 sur Shield Tablet
NVIDIA évoque également des gains de performances notamment au niveau du GPS et du Wi-Fi, une meilleure utilisation mémoire et un chargement plus rapide de la batterie. De notre expérience sur cette mise à jour, la tablette conserve son côté réactif et le Wi-Fi semble effectivement plus fiable. L'autonomie elle nous paraît toujours un peu juste alors que NVIDIA a corrigé certains problèmes de localisation mais pas tous... Ainsi l'app Photo nous propose toujours un mode « Grand bouton » dont on continue de se demander à quoi il sert alors que l'on notera avec amusement le nom de la mise à jour OTA 2.0 telle que proposée par votre tablette : « Cette mise à jour par antenne ». Et le cyrillique est toujours d'actualité dans l'app Shield Hub... Dommage !
Conclusion
Alors que nous attendions tous une Shield 2, NVIDIA nous fait (encore) patienter, car, qu'on se le dise, cette Shield Tablet complète la famille existante et ne remplace pas la console de première génération qui devrait selon toute logique profiter d'une descendance... un jour ! Mais revenons-en à cette fameuse tablette. À l'époque du lancement de la Shield Portable, nous disions à NVIDIA qu'à ce tarif, entre une tablette et un produit hybride, nous achèterions probablement la tablette. La marque semble nous avoir pris au mot avec Shield Tablet.Pour autant, est ce qu'une tablette est le bon compromis pour jouer ? Pour certains la réponse sera oui, pour d'autres elle sera plus nuancée. Nous sommes dans ce dernier cas de figure, car il faut bien dire que transporter la tablette et la manette lors de ses déplacements nous paraît quelque peu incongru. D'autant que nous avons de sérieux doutes sur la facilité d'utilisation d'une tablette pour le jeu dans les transports (train, avion, etc). On regrettera au passage que les seuls véritables aspects gaming de cette tablette résident finalement dans son processeur, un Tegra K1 certes puissant, et dans sa manette de jeu... optionnelle. Car sorti de là, la Shield Tablet est une tablette Android comme on en voit beaucoup avec une finition un peu trop plastique à notre goût. On se demande au passage pourquoi NVIDIA a tenu à doter sa tablette d'un stylet : pas forcément l'accessoire le plus prisé des joueurs.
La Shield Tablet et sa manette à côté de la Shield Portable
À l'usage, la Shield Tablet se montre très agréable. L'écran est de très bonne facture et ne reproduit heureusement pas les erreurs de jeunesse de la Shield Portable ou de la Tegra Note 7. Un vrai progrès donc alors que la tablette est réactive dans toutes les tâches du quotidien. La couche logicielle NVIDIA est soignée et ne défigure pas l'OS (ouf !). A ce sujet on saluera le suivi de NVIDIA qui a régulièrement mis à jour sa Shield Portable au fil des mois et nous n'avons pas de doute que la marque en fera de même pour sa tablette notamment avec Android L. Un petit effort cependant sur la localisation dans la langue de Molière ferait plaisir (entre les éléments encore en anglais et les traductions pleines de LOL de l'appareil photo).
En jeu, on apprécie les graphismes d'un Trine 2 alors qu'on s'éclate sans problème sur un vieil Half-Life 2 ou Portal, deux jeux portés sur Android (mais vendus bien trop chers). Le Console Mode fonctionne comme un charme et nous permet de jouer à nos jeux Android ou nos jeux PC sur la TV du salon avec une ou plusieurs manettes. La fonction GameStream est un petit coup de génie que l'on retrouve certes sur Steam, mais qui fonctionne ici clé en main... la plupart du temps. Comme nous l'avons vu il est possible de prendre en défaut GameStream, mais gageons que NVIDIA fera évoluer cela rapidement. Du reste, le Remote GameStream, permettant d'accéder à ses jeux PC depuis l'extérieur, est lui plus coriace, dépendant de nombreux facteurs, et encore en version Beta d'ailleurs.
Trine 2 et Half Life 2
En définitive, plus que la tablette, c'est l'écosystème mis en place par NVIDIA que nous saluons et qui permet à celle-ci de sortir du lot... en attendant une Shield 2. Il existe bien sûr des tablettes Android pour jouer moins onéreuses, mais aucune ne pousse les fonctionnalités ou l'intégration aussi loin. À propos de prix, on ne regrettera pas celui de la tablette seule : 299 euros TTC pour le modèle Wi-Fi 16 Go nous paraît honnête. En revanche, l'accumulation d'accessoires payants pour vraiment tirer parti de la Shield gonfle la note. On arrive à près de 400 euros si on ajoute la cover à 30 euros, d'ailleurs bien trop chère pour sa qualité discutable, et 59 euros pour la manette qui elle, les vaut déjà nettement plus, exception faite de quelques erreurs de jeunesse. On déplore l'absence de bundle de lancement. Sachez enfin que NVIDIA décline sa Shield Tablet en version 4G avec un modèle 32 Go vendu 379 euros TTC nu. La disponibilité commerciale en France est attendue pour le 15 août prochain : le temps pour NVIDIA de corriger les différents problèmes logiciels relevés dans ce test ?
Mise à jour : suite à notre publication initiale, le 29 juillet 2014, nous avons mis à jour le 18 novembre 2014 ce test pour intégrer un passage dédié à Android 5.0, alias Lollipop, maintenant disponible sur Shield Tablet.