Coronavirus : une école de codage de Singapour publie de multiples données de suivi sur un site

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 18 mars 2020 à 18h31
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Tous les cas singapouriens regroupés sur un même écran (© covid19 SG)

Le site créé par Upcode Academy regroupe des données très précises sur les personnes atteintes et guéries du Covid-19. Clubic s'est penché sur le sujet.

À Singapour, où l'on compte 6,2 millions d'habitants, le coronavirus a infecté 313 personnes depuis la déclaration des premiers cas le 18 janvier 2020. Si 199 patients sont encore hospitalisés, 114 sont sortis de l'hôpital et peuvent être considérés comme ne souffrant plus de symptômes, ou même guéris. Pour le moment, la pandémie n'a fait aucune victime dans celle que l'on surnomme « La Suisse d'Asie ». Mais une plateforme, covid19 SG, est apparue sur le web il y a plusieurs semaines, contenant de nombreuses données permettant de dresser le profil des personnes touchées par la maladie et de retracer leur parcours. Ce qui soulève le problème du respect de la vie privée des infectés.


Des informations publiées par les services gouvernementaux regroupées sur une même plateforme

Aux manettes de la plateforme covid19 SG, on retrouve Upcode Academy. Si les données qui y sont exhibées proviennent des communiqués du presse publiés par le ministère local de la Santé et les hôpitaux du pays, le gouvernement ne serait pas à l'origine du site, puisque celui-ci a été créé et est géré au quotidien par Upcode Academy, une école de codage basée à Singapour.

Sur les intentions de l'établissement, on peut tout imaginer : responsabilité civique, cas pratique rêvé pour tester ses compétences en codage et mettre à contribution ses élèves, ou un coup de pub' bien senti.

Quoi qu'il en soit, la plateforme fourmille de data. Sur cette dernière, vous pouvez prendre connaissance de tous les cas déclarés à Singapour, avec de nombreuses informations et statistiques, comme le sexe du patient, sa nationalité, sa tranche d'âge, la provenance de ce dernier (s'il était malade en revenant de l'étranger ou s'il a été contaminé sur l'île directement), la date de détection de la maladie, l'hôpital qui l'a admis, son lieu de résidence et son lieu de travail. Rien que ça.


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Les informations ne manquent pas sur la plateforme (© covid19 SG)

Remonter le temps et établir la chronologie de chaque malade

Le plus fascinant (ou étonnant, c'est selon) est que l'on peut retracer le parcours chronologique complet de chacun des patients, et ainsi remonter avant même son admission, jusqu'à sa sortie de l'hôpital si le malade ne l'est plus.

Prenons l'exemple du « cas 68. » On sait, grâce à la plateforme, qu'il s'agit d'une citoyenne singapourienne de 79 ans, infectée sans avoir mis les pieds en Chine. Après avoir ressenti les premiers symptômes le 30 janvier, elle fut détectée positive au Covid-19 le 14 février seulement au Centre national des maladies infectieuses (NCID), et n'a été considérée comme guérie que le 29 février 2020. Membre de la famille d'un autre malade (le n°66), dont les premiers symptômes étaient apparus le 29 janvier, on apprend qu'elle avait assisté à une messe de l'Église presbytérienne Bethany et vit à Mei Hwan Drive. Les deux membres de la famille (cas 66 et 70), eux aussi infectés, vivent dans la même rue que la patiente n°68.

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Le site retrace tout le parcours récent de la personne infectée et ses liens avec d'autres individus contaminés (© covid19 SG)

On retrouve aussi le cas 173, identifié comme étant un militaire singapourien de 31 ans, revenu de France, où il avait séjourné du 15 février au 7 mars en délégation officielle, en compagnie de trois de ses compatriotes, âgés de 30 à 44 ans, aussi membres des forces aériennes singapouriennes. Tous ont été dépistés et déclarés infectés après avoir signalé des symptômes les 9 et 10 mars aux autorités sanitaires de Singapour. Ils sont aujourd'hui encore placés en isolement au NCID.

Que pensez-vous de cette plateforme data ? N'hésitez pas à réagir dans les commentaires.
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
TheLoy

Euuuh « école de programmation » ce ne serait pas mieux ?

AlexLex14

Les deux se disent… :wink:

Gus_71

C’est sûr que ce qui est important, c’est d’ergoter sur « codage » ou « programmation » !! :slightly_frowning_face:

Pffffff !

philippesnbrd

Si tu veux en lire plus ça vient de ce bon papier du MIT https://www.technologyreview.com/s/615370/coronavirus-pandemic-social-distancing-18-months/ et ce site Singapourien fait l’objet d’un thread twitter ici : https://twitter.com/ryutarouchiyama/status/1234616723615166465?s=21

philippesnbrd

Apparemment, il y a quand même un énorme boulot de recoupage de données brutes issues des communiqués officiels, et j’imagine qu’à la base la donnée brute doit certainement être de bonne qualité (meilleure qu’ici ?). En tout cas on travaille avec une boite qui nous fournit des dashboards avec google data studio et c’est franchement impressionnant niveau possibilité pour faire parler des données, je t’invite à regarder

FodZy

Les deux ne se disent absolument pas ; codage est un dérivé du sens d’encodage.
Coder/codeur c’est de l’argo de dév.

Soit on fait une école de développement informatique (car on développe un programme) ou de programmation informatique. (car un programme est programmé)
Mais absolument pas de codage qui est un terme dégueulasse repris par tous les médias depuis quelques mois :confused:

Cmoi

Il faut noter que même les anciens s’en sortent à Singapour…aucun décès pour l’instant.

ZorgTheBoss

Je ne vois aucun problème liés aux données personnelles, puisqu’il n’y a aucune donnée personnelle, c’est à dire de donnée permettant d’identifier les cas.

AlexLex14

@fred1968 a tout dit !

Et je complète en précisant que même les dirigeants d’écoles eux-mêmes n’hésitent pas à dire qu’ils dirigent une… « école de codage. »

Donc désolé @FodZy, mais les deux se disent.

Et je trouve d’autant plus dommage de s’arrêter sur un terme en particulier, alors que le sujet de l’article est, je trouve, passionnant :wink:

papyscha

Le Larousse n’est référence. Suivant mes usages vieux de 40 ans en langue de « computing » (calculateur), le «coding » (codage) c’est les données, donc une école de codage serait école en techniques d’acquisition de données, ce qui semble le cas ici.

Le suivit de diffusion du SRAC-CoV2 aborde deux domaines, le diagnostic et la localisation.

Pour les outils de test : http://news.mit.edu/2020/covid-19-diagnostic-test-prevention-0312
« Le nouveau diagnostic E25Bio est de bandes de papier revêtues d’anticorps qui se lient à une protéine virale spécifique. Un second anticorps est fixé à des nanoparticules d’or, et l’échantillon du patient est ajouté à une solution de ces particules. La bandelette est ensuite trempée dans cette solution. Si la protéine virale est présent, il attache aux anticorps sur la bande de papier, ainsi que les anticorps de nanoparticules lié, et une tache de couleur apparaît sur la bande dans les 20 minutes. »

Partager en temps réel sa position par smartphone est de routine.

En Chine à Wuhan, cela est toujours requis, leur passeport de sortie est le téléphone en localisation. Pauvre CNIL, mais si on ne s’y met pas à s’asseoir sur le droit à la discrétion par solidarité, le virus n’aura cette discrétion.
Les données de WuHan sont d’aucune nouvelle infection observée ce 19/3/2020.

A réaliser, l’agrégateur de données.

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