Un peu partout en Europe, les opérateurs de télécommunications partagent leurs données avec les autorités sanitaires, qui peuvent vérifier si les restrictions de circulation sont respectées. En France, nous n'en sommes pas encore là.
Alors que le coronavirus frappe de façon assez sévère plusieurs pays d'Europe, avec des dizaines de milliers de personnes contaminées et des centaines de morts, certains d'entre eux n'hésitent pas à mettre à contribution les opérateurs de téléphonie mobile, qui leur fournissent des données pour aider à lutter contre la propagation de la maladie, en vérifiant si les confinés respectent les restrictions en vigueur.
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Une rétention des données qui inquiètent les défenseurs de la vie privée
En Allemagne, le principal opérateur de télécommunications, Deutsche Telekom, met à disposition des autorités sanitaires certaines données permettant de savoir si la population se conforme aux dispositions prises, les habitants étant invités à travailler depuis leur domicile. Outre-Rhin, les bars et les restaurants sont fermés, mais « si les gens restent aussi mobiles qu'ils l'étaient jusqu'à la semaine dernière, il sera difficile de contenir le virus », indique l'Institut Robert-Koch, autorité allemande de contrôle et de la lutte contre les maladies.Les défenseurs de la vie privée et de la protection des données personnelles ne voient pas cela d'un bon œil évidemment, se demandant si la rétention de ces données est proportionnée, même en cas de crise sanitaire.
En Autriche, la province du Tyrol, foyer épidémique majeur du pays, a été placée en quarantaine, avec des déplacements quasi interdits et une impossibilité de se déplacer. A1 Telekom, deuxième opérateur de téléphonie et première firme de télécommunications du pays, a décidé de partager les résultats obtenus d'une application d'analyse de mouvement, appli conforme au RGPD puisqu'elle sollicite le consentement explicite de ses utilisateurs.
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Des données qui exposent au grand jour l'indiscipline de certains citoyens
En Italie, pays européen le plus touché et le plus meurtri par le Covid-19, les opérateurs Vodafone, Telecom Italia et WindTre ont proposé de fournir aux autorités les données de localisation notamment en Lombardie, région la plus atteinte de la péninsule avec plus de 16 000 cas. Grâce au système de surveillance des téléphones portables mis en place dans le pays, les autorités ont pu se rendre compte que seuls 60 % des gens restaient à domicile en respectant les consignes de confinement.Du côté de la France, enfin, si les premières mesures de confinement ont été décrétées il y a quelques jours, on n'en est pas encore là. Car si la connaissance des données de géolocalisation des citoyens donne certains résultats à l'étranger, « cela reste inenvisageable dans l'état actuel de notre droit », pour le député de la majorité Éric Bothorel.
Si techniquement cela reste possible, légalement, aucune disposition ne le prévoit. La seule exception d'autorisation de suivi des données télécom demeure dans le cadre de la lutte antiterroriste, via la loi renseignement de 2015. Pour éviter de soulever de nouvelles polémiques, il faudra sans doute donc passer par le législateur.
Source : Reuters