L'union sacrée des télécoms européens qui vont partager leurs données pour lutter contre le coronavirus

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 26 mars 2020 à 15h12
thierry-breton-DLD.jpg
Les opérateurs ont rencontré Thierry Breton cette semaine (© Digital Life Design (DLD) Conferenceà

Huit opérateurs européens, parmi lesquels le Français Orange, vont partager les données de géolocalisation des smartphones avec la Commission européenne.

Bien qu'en France cela serait légalement compliqué, sauf en cas de circonstances exceptionnelles (et elles le sont), la question du partage des données de géolocalisation des smartphones avec les autorités pour lutter contre le coronavirus se pose de plus en plus. Mercredi, la GSMA, l'association qui représente plusieurs centaines d'opérateurs de télécommunications de toute la planète, a annoncé que huit acteurs européens, et pas des moindres, sont prêts à s'engager pour le partage des données avec la Commission européenne.


Une entente entre opérateurs et institutions européennes

Huit opérateurs ont donc décidé de collaborer avec la Commission européenne pour tenter de suivre la propagation du Covid-19, voire de la contrôler. Il s'agit du Français Orange, de l'Allemand Deutsche Telekom, du Britannique Vodafone, de l'Espagnol Telefónica, de l'Italien Telecom Italia, du Norvégien Telenor, de l'Autrichien A1 Telekom Austria et du Finno-suédois Telia.

Les représentants de ces opérateurs, tous des géants dans leur pays, ont rencontré lundi le commissaire européen au Marché intérieur et au Numérique, Thierry Breton. Un responsable européen a expliqué, en sortie de réunion, que la Commission agrégerait les données de géolocalisation pour harmoniser les mesures nécessaires à la lutte contre la propagation de la pandémie.


Veiller à ce que la solution demeure extraordinaire

Forcément, les discussions ont fait ressortir la question de la légalité, de l'éthique et du respect de la vie privée des utilisateurs. L'Union européenne se serait engagée à détruire purement et simplement les données en sa possession une fois la crise sanitaire derrière elle.

Et par ailleurs, le Contrôleur européen de la protection des données (EDPS) a tenu à rassurer en indiquant que le projet n'enfreint théoriquement pas les règles sur la vie privée, mais à la condition seulement de placer des garde-fous dans la danse. L'autorité de contrôle a affirmé que « la Commission devra clairement définir l'ensemble de données qu'elle souhaite obtenir et assurer la transparence vis-à-vis du public, afin d'éviter tout malentendu ».

Pour se prémunir des risques éventuels de violation de la vie privée, le patron de l'EDPS, Wojciech Wiewiorowski, a précisé qu'il serait préférable de limiter l'accès à ces données à des experts autorisés en protection des données, en données scientifiques et en épidémiologie spatiale. Et le juriste polonais d'insister sur le fait « qu'une telle solution doit être considérée comme extraordinaire ». Plusieurs pays comme la Russie, Israël ou la Corée du Sud ont déjà franchi le pas.

Source : Le Figaro
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (10)
Bezenman78

Ben voyons… Alors qu’on aurait dû fermer les frontières et instaurer une quarantaine pour les gens en provenance de l’étranger, dès la montée en puissance du virus en Europe - ce que la France n’a pas fait à son niveau, dans le respect de la sacro-sainte circulation des biens et des personnes… mondialisation oblige - on nous explique maintenant que l’on pourrait nous espionner, toujours dans notre intérêt, bien sûr.
D’ailleurs, les propos du contrôleur européen sont rassurants : « … le projet n’enfreint théoriquement pas… à la condition seulement… ». Et quant à la suppression pure et simple des données après la crise ? On a vu des entreprises privées où « l’oubli » de suppression était la règle. Qu’en sera-t-il au final, malgré la RGPD ?

cirdan

Il y a une règle simple : aucune loi nationale ne résiste à un état d’urgence, sanitaire ou autre. Croire que la protection de nos données est gravée dans le marbre à cause du RGPD ou d’un autre texte est une marque de naïveté.

Niverolle

Un manque total de préparation suivi d’une absence complète de réactivité; le tout aboutissant à une loi liberticide ?! Ça a la couleur du Patriot Act, le goût du Patriot Act, mais en fait non…

Bon allez, maintenant que nous sommes plus que rassurés, remercions tous en cœur nos dirigeants bien aimés !!!

loko

les animaux d’élevages ont tous une puce. je suis un animal sauvage.

Bezenman78

Ça n’a strictement rien de naïf ; ça devrait être la règle, point.

Bezenman78

Et c’est encore et toujours là dessus que les états parient pour rogner toujours plus les libertés individuelles. Et le bon peuple qui acquiesce avec un soupir de soulagement…
Benjamin Franklin avait raison : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. »

SlashDot2k19

Ce qui ressortira de cette crise, c’est qu’un contrôle massif et en temps réel des populations est le meilleur moyen de contrôler les épidémies.
L’Europe du XXI ème siècle sera la Chine du XXème siècle, un système liberticide au nom du bien des peuples.

Blackalf

Personnellement je n’accorde guère de crédit à un personnage qui militait pour l’abolition de l’esclavage dés 1751…mais qui n’a pourtant affranchi ses propres esclaves que 20 ans plus tard yeux

Appliquons sa vision : si les USA refusent un peu de sécurité pour garder toutes leurs libertés, que se passera-t-il, compte tenu qu’ils ont déjà + de 65.000 cas ?

Et que proposent donc tous les râleurs en ce qui concerne la situation actuelle en Europe ? liberté totale ? plus le moindre confinement ?

Et que diront-ils lorsque la contagion se répandra et que les gens commenceront à tomber comme des mouches ? hé bien ils râleront alors contre les gouvernements qui n’auront pas pris les mesures nécessaires…bref, ils râleront quoi qu’il arrive et contre tout neutre

Bezenman78

Mouais… je cherche encore le rapport entre sa citation et l’esclavage au XVIIIième siècle… Il faut replacer cette exploitation, dont tu parles, dans le contexte de l’époque.
Par ailleurs, en quoi géolocaliser toute la population permettra de juguler une épidémie ?!!? Je crois que la majorité des européens a accepté - avec plus ou moins de bonheur - l’idée d’un confinement - certes liberticide - mais indispensable dans la situation actuelle. Mais pourquoi vouloir surveiller numériquement tout un chacun ? C’est liberticide et complètement inepte. Si les populations sont prêtes à accepter certaines contraintes, j’ose croire qu’elles ne sont pas majoritairement disposées à se soumettre à ces excès.

A noter que les pays qui sont - pour le moment ? - plus ou moins épargnés par le virus, ont procédé à un dépistage massif (Allemagne et Corée du Sud par exemple) tout en ayant un stock de masque suffisant. Étrange.
Étonnamment, en France, l’usage du masque pour le citoyen - présumé sain - dans l’espace publique s’avèrerait totalement inutile selon nos édiles. Bizarrement, cette assertion coïncide avec la pénurie que l’on connaît aujourd’hui, résultant de décisions politiques iniques - sur les 10 dernières années au moins - sans compter la désindustrialisation du pays - depuis des décennies.
Également, les frontières qui restaient ouvertes avec l’Italie - pays fortement impacté depuis environ 2 à 3 semaines - et l’absence de quarantaine pour celles et ceux venant d’ailleurs ne sont peut-être pas étrangères à la situation que l’on connaît.

Bref, s’il est évident que nos dirigeants - actuels et passés - ne sont pas coupables de tout, leur responsabilité est engagée dans les décisions essentiellement idéologiques qui ont mené à la conjoncture que l’on connaît.

Blackalf

Par conséquent, puisque le contexte n’est pas du tout le même, pourquoi cette citation serait-elle toujours d’actualité aujourd’hui ?

Franklin l’a sortie dans le cadre de l’indépendance du pays, alors quel est le rapport avec les tentatives d’enrayement d’une pandémie ?

Abonnez-vous à notre newsletter !

Recevez un résumé quotidien de l'actu technologique.

Désinscrivez-vous via le lien de désinscription présent sur nos newsletters ou écrivez à : [email protected]. en savoir plus sur le traitement de données personnelles