Les données de géolocalisation sont rendues publiques pour plus de 130 pays.
Si l'initiative va aider les pouvoirs publics à mieux lutter contre le coronavirus, elle interroge également le pouvoir de surveillance des autorités.
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Les lieux publics désertés en France
Ce vendredi 3 avril, Google publie des rapports de déplacements humains enregistrés depuis la mise en place des mesures de confinement dans plus de 130 pays. Issues de Google Maps, les données des utilisateurs ont été anonymisées et rendues publiques afin d'aider les gouvernements à mesurer l'impact des mesures de confinement et de distanciation sociale dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.Pour chaque pays où Google a récolté des données de géolocalisation, les rapports montrent l'évolution de la fréquentation de certaines catégories de lieux : commerces et restaurants, parcs, gares, supermarchés, bureaux... Pour cela, l'entreprise californienne a comparé les données actuelles de fréquentation d'un lieu à celles des premières semaines de 2020.
En France, la fréquentation des commerces et autres lieux de loisirs aurait donc chuté de 88 %. Celle des gares de 87 %, des bureaux de 56 %, tandis qu'une hausse de 18 % est constatée dans les lieux de résidence.
Le confinement apparaît ainsi beaucoup plus effectif qu'aux Pays-Bas, où les mesures gouvernementales sont moins strictes : seulement 30 % de baisse de fréquentation des parcs, - 68 % de fréquentation des gares et - 35 % dans les bureaux.
À l'inverse, les Italiens sont plus isolés socialement qu'en France : le pays enregistre une diminution de 94 % de la fréquentation des commerces, de 90 % dans les parcs et de 63 % dans les bureaux.
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La menace de la surveillance de masse
Si la publication de ces rapports est saluée par les pouvoirs publics, elle pose néanmoins une question majeure pour l'après-coronavirus.Du point de vue des gouvernements, ces données représentent en effet une ressource essentielle pour évaluer l'efficacité des mesures prises, et les adapter. Or Google est le mieux placé pour fournir des données pertinentes : dans le monde, plus d'un milliard d'individus utilisent Google Maps pour se déplacer.
Les défenseurs des libertés individuelles en ligne y voient un risque d'ordre démocratique : donner l'accès à de telles informations, c'est ouvrir la voie vers la surveillance en ligne et le traçage des individus par les autorités.
De son côté, Google se défend en brandissant le consentement des utilisateurs, condition à la récolte et l'analyse des données par le géant du numérique. Par ailleurs, Google assure qu'aucun utilisateur ne peut être retrouvé individuellement. « Aucune information personnellement identifiable, comme l'emplacement, les contacts ou les mouvements d'une personne, n'est mise à disposition, à aucun moment », affirme le géant dans son rapport.
C'est en effet un garde-fou nécessaire : en Chine, la surveillance en ligne de la population s'est fortement accentuée pendant la période de confinement, grâce à une étroite collaboration avec Alibaba, comme le souligne Le Figaro.
Pour sa part, le défenseur des libertés individuelles en ligne Access Now alerte et rappelle que la surveillance en ligne n'est pas un gage d'efficacité en temps d'épidémie. « En réponse aux précédentes crises sanitaires, nous avons appris que le déploiement d'une surveillance invasive est inapproprié et potentiellement nuisible, tant pour les droits humains que pour la santé publique ».
Source : Bloomberg